Scenario VII : Le Chapitre inachevé [Cassandre/Evelynn/Gwen]

La jeune femme parvint à se libérer avec une virulence qui l'étonnait elle-même. Le regard de l'homme mélangeait concupiscence, moquerie et méchanceté, alors même qu'elle l'agonissait d'injures...

- Vous ne trouverez rien, sans moi...Je puis vous l'assurer..

L'espace d'un instant, la tête d'Evelynn tourna, emplit d'un inexplicable malaise, comme si une vague de malheur allait fondre sur elle...
Tous les clients s'étaient arrêter pour contempler la scène

Blaise

Alors que le prêtre progressait dans les étroites ruelles noires de la Butte, un certain malaise le prit : habitué au confort, certe spartiate, du séminaire, il n'avait jamais réellement était confronté à la misère humaine comme elle se profilait à Montmartre. Fille de joie, mendiant, enfants maigrelet jouant dans la boue, le portrait dressé par Corentin commençait à prendre forme sous ses yeux...
Le bruit d'une sébile emplie de pièce résonna à ses oreilles, derrière lui...

- Z'auriez bien un peu de charité chrétienne pour un pauvre aveugle, mon père ?

Derrière lui se tenait un étrange individu en haillon, les yeux cachés derrière de petites lunettes noires et rondes...Il souriait, laissant apercevoir son immonde dentition...

La jeune femme masquait difficilement sa colère et le dégoût que lui inspirait l'abject personnage. Alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre vertement, Cassandre remarque qu'Evelynn, à ses côtés, venait de tourner de l'oeil...

- Evelynn! Qu'avez-vous donc!?

Cassandre se pencha pour soutenir son amie qui était en train de défaillir.

- Je suis là, ne vous faites pas de soucis, ce n'est rien de grave... ça va aller...ça va passer.

Elle administra quelques petites tapes sur les joues pâles de son amie.

- Restez parmi nous Evelynn, restez parmi nous, s'il vous plait...

La voix de Cassandre était étranglée d'inquiétude. La jeune fille n'avait peut être pas assez mangé ces derniers jours, cela était fort possible vu l'état général précaire dans lequel elle se trouvait, et la montée vers la butte l'avait certainement exténuée. Et puis, l'atmosphère enfumée et moite du cabaret n'avait pas dû arranger les choses.

- Apportez moi un verre d'eau, je...je vous prie..., demanda Cassandre à l'assistance en évitant soigneusement le regard mauvais du tenancier.

Blaise pouvait maintenant voir de ses propres yeux le tableau que lui avait dressé le Père Corentin de la butte Montmartre. La misère était effectivement bien présente. Il observait cela avec une certaine tristesse. Il allait sans doute avoir du travail dans le coin. Mais il ne pourrait jamais réussir à sortir ces gens de leur situation tout seul, pas sans l'aide de Dieu auquel il adressa une prière.

Dieu tout Puissant, vient en aide à ses gens. Rends leur la dignité qu'ils méritent...

Mais il fut coupé par un individu qui lui réclamait un peu d'argent. Blaise lui fit un sourire. Le prêtre n'avait pas grand chose sur lui à part quelques pièces et de quoi manger pour le soir, mais il avait fait le vœu d'aider les plus démunis. Il attrapa une pièce dans sa bourse, sortit son pain et le coupa en deux pour le donner au miséreux.

Tiens, Mon Fils. Cela te permettra de vivre dignement pour la soirée.Que Dieu te protège. Je dois te laisser, on m'attend à l'église.

Blaise fit demi tour et reprit son chemin assez lentement, toujours en observant les ruelles et en faisant bien attention.

- En voilà de l'eau ! fit l'homme méchamment en jetant un verre au visage d'Evelynn, les dents serrées par une colère presque démente...

"Partez d'ici ! " fit une voix étrange dans la tête de Cassandre. "Ne restez pas où il vous prendra !" termina t-elle...
A ce moment précis un client se leva en titubant pour quitter les lieux et ouvrit la porte, libérant la lumière du jour dans l'entrée du cabaret...

Blaise

- C'est rudement chic mon père...Vous êtes un gars bien...J'allais à l'Eglise aussi tiens, justement...J'vous y emmène ? Vous connaissez pas le coin hein ? Devriez vous appuyer sur moi, il vous arrivera rien...Quand on sort du séminaire on a la tête pleine mais l'esprit ailleurs, pas vrai ?

[i] Comment diable ce bonhomme avait-il réussi à deviner cela, et ce, avec ses yeux défectueux ?

- Allez, allez, c'est par là ! fit-il joyeusement...

Blaise fit tout d'abord un sourire au monsieur puis ce fut de la surprise qui s'afficha sur son visage. Sans doute avait-il distingué le fait qu'il était prêtre par ce qu'il venait de dire, mais le premier guignol aurait pu prononcer ces mots juste pour son profit. Mais qu'importe, le bonhomme allait l'emmener à l'Eglise. Blaise lui répondit.

Ce n'est rien. Il est naturel de partager son pain avec son prochain. Effectivement, je ne sais pas trop où je vais. Je sais juste que l'Eglise se situe sur le haut de la butte. Disons que j'ai été prévenu de l'ambiance du quartier, donc je me tiens sur mes gardes quand même.

Blaise emboita le pas à la personne dont il ne savait même pas le nom. Il continua d'avancer et tout en faisant cela, il décida de faire les présentations.

Au fait, je me nomme Blaise, futur prêtre de Saint Pierre de Montmartre. Comment dois-je vous appeler ?

Tout en discutant, il continuait d'observer le paysage afin de mettre une image sur son quartier, sur les potentielles personnes qui viendront à ses offices, le éventuels hérétiques, noms donnés à ceux qui tournaient le dos à Jesus au Moyen-Age. Ce mot avait toujours fait rire Blaise et malgré le fait qu'il soit catholique, il n'avait jamais condamné quelqu'un car il n'appartenait pas à la même religion. En effet, dans la Bible, la notion de respect du prochain était une des grandes idées.

Cassandre tourna la tête nerveusement vers la droite et la gauche avant de se rendre compte que la voix résonnait à l'intérieur d'elle-même.
La peur la saisit.
L'éclat de lumière vint de la porte d'entrée à cet instant et lui parvint comme un signal. C'est le moment ou jamais si l'on veut fuir cette souricière se dit Cassandre. Evelyn semblait sortir partiellement de sa torpeur sous l'effet de l'eau fraiche reçue en plein visage. Elle lui empoigna donc le bras fermement pour l'aider à se lever.

- Nous reviendrons une autre fois, cria-t-elle à l'homme.

Lancées vers la sortie, les deux jeunes femmes ne comptaient pas attendre la réaction de celui-ci.

- Mon nom, mon père...Mon nom..

Le vieillard commençait à peine à ouvrir la bouche lorsque Blaise bascula vers l'avant...
Une jeune femme, sortie en trombe d'un proche cabaret lui avait foncé dessus avec la brutalité d'un taureau...
Visiblement, elle fuyait l'endroit.
Les deux êtres se retrouvèrent sur les pavés crasseux de Montmartre et lorsqu'enfin, ils recouvrirent la totalité de leurs esprits, le mendiant lui, avait disparu, laissant derrière lui un murmure étrange, que Blaise avait perçu...
"le Destin...".

[HRP : Blaise, Cassandre, Cassandre, Blaise...]

- Ma cheville...ma cheville me fait mal!

Cassandre se tenait le bas de la jambe, le visage tendu par la douleur, conséquence de sa chute lors de sa fuite éperdue hors de l'inquiétant cabaret.

Après quelques secondes, Cassandre fut rassurée : elle n'avait qu'un gros bleu douloureux sur le dessus du pied, et un soulier vernis endommagé, un moindre mal si on considère les ennuis bien plus graves qu'elle aurait pu rencontrer en restant dans l'immonde troquet.

Elle réalisa enfin qu'elle venait de percurter une personne, qui elle même semblait mettre un peu de temps à reprendre ses esprits...un curé! Dieu et son représentant sur ces pavés lui pardonneraient certainement cette charge involontaire...

- Je suis désolée mon Père, je ne vous avais pas vu, j'espère que vous allez bien?

L'homme d'Eglise était jeune et de bonne constitution...il s'en remettrait...Par contre, Evelynn , déjà souffrante et au bord de l'évanouissement avant le rush des deux jeunes femmes, reposait désormais lourdement sur le sol, les yeux fermés et la peau blème...

- Mon Dieu, Evelynn, Mon Père pouvez-vous m'aider je vous prie, mon amie là, elle ne se sent pas bien...

Blaise avait la tête tourné du mauvais côté lorsqu'il sentit qu'il se faisait percuter. Mais il ne comprit pas ce qui lui arrivait. En effet, il vit le monde autour de lui bouger dans tous les sens et il se retrouva au sol. Il resta quelques instants un peu dans les vapes.

Il se releva un peu péniblement à cause de sa toge qui était tout crasseuse. Quelque chose le chiffonnait. En effet, le vieillard n'était plus là, mais Blaise perçut un murmure qui semblait émaner du vieillard. "Le Destin..." disait-il. Il était un peu dans sa torpeur et cherchait à comprendre.

Puis une voix féminine le fit sortir de cette torpeur. Celle-ci s'excusa de l'avoir percuté. Le jeune prêtre lui répondit avec un large sourire et un peu d'hésitation.

Ne... Ne vous en faites pas mon enfant. Oui ca fait bizarre de la part d'un jeune prêtre, mais ce n'est rien. Tout va bien à part une ou deux petites égratignures.

Puis la jeune femme lui demanda son aide pour la personne qui l'accompagnait. Il regarda la jeune femme qui semblait dans un triste état. Il ne pouvait absolument rien faire à ce moment là. En effet, il n'avait rien sûr lui pour la soigner.

On va l'emmener à l'Eglise là-haut. C'est sans doute la seule chance qu'elle a pour s'en sortir, en espérant que Dieu soit avec elle et avec nous pour nous laisser le temps de la transporter.

Blaise attrapa un bras de la jeune femme et le mit autour de son cou, invitant la jeune femme à en faire de même. Sur la route il lui demanda.

Au fait, je me nomme Blaise, prtre nouvellement affecté à Mont^martre. Pour ne pas me voir, c'est que vous étiez pressé. Pourquoi cela ?

- C'est une histoire un peu compliquée, et un peu étrange à ranconter...disons que mon amie et moi nous sommes mises un peu bêtement en danger en allant demander un renseignement dans un cabaret mal famé proche de la butte...J'ai réellement cru que le patron du lieu ne nous laisserait pas partir, d'où notre fuite sous la panique...

Cassandre soutenait Evelynn avec difficultés, sa cheville ankylosée rendait leur marche laborieuse.

- Vous avez du courage de venir vous installer par ici, on m'avait parlé de la mauvaise réputation du quartier, elle n'est vraiment pas usurpée à ce que j'ai pu voir.

La petite troupe venait d'arriver aux pieds des marches de la basilique de Montmartre, suivie des yeux par une foule de curieux...

- Au fait, je ne me suis même pas présentée! Je me nomme Cassandre Desaubry. Nous sommes arrivés je présume?

La petite troupe était arrivée à la basilique et Blaise fut quelque peu déconcerté. En effet, il ne s'attendait pas du tout à trouver une église dans un si piteux état et dire qu'il allait officier dans un tel lieu. Il soupira et répondit à Cassandre.

je n'ai pas choisi de m'installer ici. C'est l'Archevêque en personne qui nous nommes et comme vous pouvez le voir, je n'ai pas été gâté. Il va y avoir du travail au niveau gestion à faire. J'espère qu'on m'écoutera.

Sinon concernant le quartier, le Père Corentin, un de mes professeur, m'a prévenu que ce n'était pas fameux comme quartier. D'ailleurs, il a pesté quand il a entendu mon affectation. Mais ce n'est pas grave, c'est une aventure à vivre.

Il observa la jeune femme et chercha un endroit pour allonger l'autre jeune femme qui était bien mal en point. Blaise s'attendait à trouver un prêtre plus aguerri ou des moines qui pourrait s'occuper de la jeune femme, mais cela faisait visiblement longtemps que personne n'y avait mis les pieds.

Bon et bien la situation est bien mal embarquée. On dirait que personne n'a mis les pieds dans cette bâtisse depuis des siècles. Doux Jesus, comment tes fidèles ont ils pu laisser cet endroit dans un pareil état.

Expliquez moi ce qui arrive à votre ami. Peut-être puis-je la soigner avec ce que je trouverai dans le coin.

- Pour tout vous dire, je ne connais cette jeune personne que depuis quelques heures, mon Père..J'ai pu constater qu'elle n'avait certainement pas mangé à sa faim ces derniers temps, aussi lui ai je offert un petit goûter plus tôt dans l'après-midi. Cela dit, tout indique dans sa tenue et son apparence qu'elle vient d'un milieu défavorisé et difficile...Peut être a t-elle fuguée? J'ai remarqué tantôt qu'elle semblait très éduquée, elles s'exprime bien et avec facilités, bien que réticente à parler d'elle et de son histoire...elle me parait plutôt débrouillarde également...

Cassandre prit une profonde inspiration.

- En réalité, c'est elle qui m'a abordée dans la rue du côté du Pont des Arts, pour m'avertir de menaces à mon encontre. Il semblerait, hum, qu'elle ait eu une vision dans laquelle elle m'aurait vue en grand danger. Elle en aurait parlé à un mendiant aveugle et inquiétant qui lui a affirmé qu'il n'y avait là aucun hasard mais la marque du Destin, lui expliquant qu'elle possédait une sorte de..'don'. Ainsi, me croisant par une étrange coïncidence dans la rue et me reconnaissant, elle s'est permise de m'aborder, et de m'en parler...c'est ainsi que nous avons fait connaissance et sympathisé...

Cassandre observait la moue désaprobatrice du curé.

- Cela parait difficile à croire, n'est ce pas? Et pourtant, je peux jurer sur tous les saints que c'est bien là la vérité, elle m'a raconté des choses, notamment concernant ce vieillard, qui me font penser que son histoire, pour au moins une partie, se tient...et encore, je ne vous ai pas tout dit...

Blaise se tripota le menton en écoutant l'histoire de Cassandre et notamment l'histoire du vieil homme l'intrigua. Il cherchait toujours quelque chose pour aider la jeune femme et tout en cherchant, il répondit à Cassandre.

Un vieillard me dites-vous ? Fort étrange effectivement. Mais vous savez, la Bible regorge de phénomènes étranges pour quelqu'un qui n'est pas croyant et nous, les prêtres, nous pouvons passer pour des fous aux yeux de certains, surtout depuis que l'Eglise a perdu de son influence.

Je vous aurai sans doute pris pour une folle si je n'avais pas croisé, moi-même un vieillard étrange. Il se peut même que se soit celui de votre histoire. En effet, un peu avant que nous nous percutions, j'étais en compagnie d'un vieillard aveugle qui m'a demandé la charité. Je lui ai donné un bout de pain et il m'a proposé de m'accompagner.

Puis ensuite nous nous sommes percutés et il s'est enfuit. J'ai perçu un murmure où il parlait de Destin également. Se ne serait donc pas anodin que nous nous croisions. Mais pourquoi cela ?

Blaise s'arrêta un moment de parler pour continuer ses recherches et trouver de quoi soigner la jeune femme, mais il désespérait à cause de l'état de l'Eglise.

- Votre Eglise est en sale état mon Père...je pourrais vous aider à remettre un peu d'ordre par ici...Nous en profiterions pour prendre de l'eau, des linges et une couverture pour Evelynn...

Cassandre pencha la tête sur le côté, et pendant quelques secondes elle sembla plongée dans une intense réfléxion.

- Dites moi mon Père, vous n'étes pas censé vous occuper seule de la basilique et du presbytère, je suppose! Il doit y avoir une bonne qui s'occupe, si ce n'est de l'Eglise, tout du moins de vos appartements, n'est ce pas? Pensez-vous que la vieille dame que nous avons vu en arrivant balayer le cimetière puisse être, comment dire, votre assistante? Elle pourrait alors certainement nous aider à trouver de quoi s'occuper d'Evelynn. Et si cette dame n'était pas votre servante, et vu comme elles semble habituée aux lieux, il est probable qu'elle saurait nous diriger vers elle...Nous reparlerons du vieillard lorsque vous aurez pris vos marques par ici, cela est mieux ainsi je pense. Allons questionner cette vieille dame, qu'en pensez-vous?

- Effectivement elle n'est pas belle à voir cette église. Je ne comprends pas pourquoi elle a été laissée à l'abandon. Elle est sur une colline, en déboisant un peu, on surplomberait la ville. Un véritable lieu de grandeur pour que l'Eglise puisse redorer un peu son blason.

L'idée de Cassandre était plutôt futée. Il n'avait pas penser au fait que quelqu'un pouvait s'occuper de l'aider à remettre de l'ordre en nettoyant les allées. D'ailleurs, il avait même plutôt pensé que c'était lui qui allait aider un prêtre plus aguerri.

- Effectivement, cette vieille dame doit en connaitre un rayon sur le quartier. Elle a sans doute travaillé pour les derniers prêtres qui ont officié ici-même. Allons-y. Passez devant.

Le jeune prêtre invita de la main la jeune femme et la suivit. Une fois dehors, il se dirigea vers la vieille dame et lui dit sur un ton solennel.

- Bonsoir Madame, je me nomme Blaise. Je suis le nouveau prêtre qui officiera dans cette Eglise. Il y a une personne malade à l'intérieur. Vous pourriez me dire de l'eau, des linges, une couverture et pourquoi pas de quoi la soigner. Se serait aimable de votre part.

Blaise avait rencontré ce genre de personne et il avait appris, par mésaventure, qu'il fallait leur parler avec révérence et non pas comme à des fidèles.

- Z'êtes le nouveau curé ? fit la vieille femme, plié en deux, d'un air surpris... Ben dame, j'croyais qu'ils z'allaient bien la laissé filer c't'église là...
J'pourrais r'tourner à la confesse, alors... C'est une rude mocheté qu'est arrivé à votre prédécesseur... Fallait-il être malheureux pour en arriver là...

Elle fronça les sourcils à la demande de Blaise

- J'travaille point ici, j'essuie la tombe de mon vieil Hector...Mais, j'vas vous chercher ça...J'suis pas loin, mon père...

- Bien, allons jeter un coup d'oeil à votre presbytère, pour y amener Evelynn, la vieille dame nous retrouvera là-bas.

A quelques pas de là, entre quelques vieux arbres tordus et dégarnis, Cassandre avisa l'entrée d'une vieille bâtisse à la toiture en partie délabrée qui était accolée à l'Eglise, et bordait le cimetière. Cassandre alla chercher Evelynn pour l'accompagner jusqu' au logis, tandis que le frère Blaise entrait pour prendre possession des lieux.

Quelques minutes après, Cassandre et une Evelynn toujours très pâle et très faible arrivaient sur le pas de la porte entrouverte.

- Frère Blaise, pouvons-nous rentrer? Frère Blaise, vous êtes là?

Au loin, la vieille dame revenait en marchant lentement, un panier bien rempli entre ses bras...

Blaise s'était dirigé vers le presbytère, en attendant que Cassandre amène Evelynn. Il avait préparé un lit de fortune sur le sol avec de vieilles couvertures qu'il trouva dans une vieille armoire toute délabrée. Ces couvertures étaient trouées, mais c'était le maximum qu'il pouvait faire.

Il entendit Cassandre l'appeler et il arriva à la porte du presbytère et dit à la jeune femme.

- Oui, entrez ! J'ai préparé un lit pour votre amie. Comment s'appelle-t-elle ?

Blaise aida Cassandre à allonger la jeune femme dans le lit et la recouvrit de plusieurs couverture pour ne pas qu'elle ait froid. Il attrapa une vieille bougie et l'alluma pour faire un peu de lumière.

- Que voulait dire la vieille dame à propos de mon prédécesseur. Quelle fin horrible lui est-il arrivé ?

HRP : Je laisse le soin au Passeur de faire la description des lieux.

Le presbytère était de très simple facture et le mobilier à la hauteur de l'austérité franciscaine de son ancien propriétaire.
Un crucifix en bois d'olivier, au dessus du lit, était la seule chose qui puisse s'apparenter à quelque chose de coûteux.
La fenêtre, dont l'une des vitres était brisée, donnait sur le jardin clos de l'église, qui se hérissait de buissons nus et mal taillée...
Lorsque Blaise entra, un coup de vent le força à rallumer sa bougie, qui venait de s'éteindre...
La vieille armoire contenait encore quelques bocaux de légumes marinés, un vieux fusil de chasse piqué de rouille et une bible d'où s'échappait un pli qui n'avait pas été posté...

Cassandre et le frère Blaise installèrent Evelynn sur le lit poussiéreux d'une chambre défraichie. L'endroit n'était plus habité depuis plusieurs mois certainement, et pourtant certaines choses étaient restées en place comme si la maisonnée avait été quittée il y a à peine quelques heures...comme si le temps s'était suspendu...

La vieille dame passa des sels sous le nez d'Evelynn : l'insoutenable odeur de camphre eut pour effet de lui faire entrouvir les yeux. Elle mouilla un linge que Cassandre commença à appliquer doucement sur le visage de la jeune fille. Evelynn reprenait déjà des couleurs...

- Excusez-moi, madame, je ne suis pas du quartier vous savez, mais je dois retrouver une personne logeant par ici, un artiste du nom de Kalt...ou Katz, un peintre je crois. Ce nom vous dit il quelque chose? Savez-vous où je pourrais le rencontrer? C'est très important vous voyez.

- Des peintres ! Des peintres à Montmartre ! Mais il n'y a que ça ma bonne amie....Kalt ? Kalt, me dit rien ça...Katz oui...C'est point ça ? Katz ? Un juif, maigrichon...Ils sont dans la juiverie, à coté du quartier des tanneurs...

Blaise ouvrit l'armoire et y vit des bocaux de légumes marinés, de quoi manger quelque peu, ainsi qu'une bible et un fusil rouillé. Que faisait un prêtre avec un fusil ? Il se tourna vers Cassandre et lui montra l'arme.

Regardez-ca ? Un fusil dans une armoire d'un prebytère. Vous ne trouvez pas ça étrange ?

Blaise attrapa le fusil qu'il mit contre le mur puis ouvrit la Bible, sans doute celle du prêtre présent avant lui. Il constata qu'il y avait un pli et l'ouvrit à la page concernée.

Au passage, il vit qu'Evelynn semblait aller mieux et c'était tant mieux. pendant ce temps Cassandre demanda si la Dame connaissait un certain katz et visiblement elle le connaissait.

Pendant qu'il lisait, Blaise prit une pomme dans son sac. C'était devenu un toc et chaque fois qu'il avait le temps et qu'il ne faisait rien de ses mains, il mangeait un de ces succulents fruits.

- Pourriez-vous garder Evelynn ici, avec vous, le temps qu'elle se remette un peu, frère Blaise? J'ai une affaire urgente à régler avec ce monsieur Katz, aussi je pense aller le visiter sur le champ, je n'aimerais pas trop être surprise par la nuit dans ce quartier. Je reviens dès que je peux, cela vous va? J'en profiterai pour acheter quelques légumes, je pourrais les préparer pour le souper, enfin si cela ne vous dérange pas que je dîne avec vous...

Cassandre espérait fort que l'âme charitable de l'homme d'Eglise accepte de garder au repos son amie malade.

- je vous donnerai un coup de main pour remettre un peu d'ordre dès mon retour, en attendant ce serait bienvenu d'aérer un peu le presbytère...Qu'est il arrivé au fait au précédent curé? interrogea Cassandre en avisant le vieux fusil rouillé...

- Bien sûr que non cela ne me dérange pas que vous restiez dîner. Un peu de compagnie ne fait pas de mal. Puis, à peine arrivé, on a déjà quelques mystères qui se sont levés. En vous attendant, je vais étudier cette Bible. Je pense que mon prédécesseur a dû laisser des traces de ce qui lui est arrivé. Et voyez si vous ne trouvez pas un armurier en chemin. Je ne pense pas que le curé quié tait là soit allé bien loin pour acheter cette arme. peut-être trouverez vous des informations.

Blaise salua la jeune femme et se dirigea vers la fenêtre pour l'ouvrir en grand et que la pièce prenne l'air. Il se tourna ensuite vers la jeune femme.

- Faites attention, visiblement le quartier regorge de personnes louches. Que Dieu vous protège. S'il y a le moindre risque revenez ici.

Le jeune prêtre se replongea dans sa lecture de la Bible qu'il venait de trouver.