"Désillusion"

"Désillusion"...

C'était ainsi que Toxx avait baptisé son arrière boutique, le lieu secret de son commerce, son vrai gagne pain.

Au fond de l'Illusion se trouvait d'immense étagère remplit de bouquins sur les plantes médicinales. Toxx tira un livre intitulé "Racines et champignons des Alpes" et un déclic se fit entendre...

L'étagère pivota sur elle-même pour laisser place à un espace vide, qui menait vers une salle secrète, qui était en train de devenir lune des plaques tournantes majeures de la drogue dans la capitale.

Des substances illicites de toutes sortes venaient remplir les armoires de cette pièce, des drogues du monde entier se côtoyaient ici en attendant qu'un acheteur avide de sensations vienne se fournir.

Ce petit commerce secret commençait sérieusement à marcher, par le biais du bouche à oreille, et le Corbeau pouvait enfin vivre convenablement, car ses sciences en apothicaire ne lui rapportait pas assez pour subvenir à ses immenses besoins...

Ravi de l'aménagement de cette sale, Toxx alla se servir dans un des bocaux en verre et y soutira quelques grammes d'herbe à fumer, puis sortit de la salle en remettant l'étagère ainsi que le livre à sa place.

Enfin, il monta à l'étage, il avait hâte d'essayer ce nouveau produit...

Il était minuit passé lorsque l'homme , vêtu d'une longue cape et d'un chapeau claque entra dans la pièce, une canne à la main...
Derrière lui, deux silhouettes, encapuchonnées dans de lourd manteau de laine, attendaient à l'exterieur, dans le froid de l'hiver....

Se déplaçant dans l'obscurité, il frappa à plusieurs reprises de sa canne sur le comptoir...

Toxx était encore dans le gaz quand il entendit en bas la porte s'ouvrir et un claquement.

Il revêtit son long manteau noir de cuir et sa capuche, et il devient à nouveau le Corbeau.

Son esprit à nouveau alerte et vif, il éteignit les lampes et commença à descendre les marches..

Il vit un homme coiffé d'un chapeau devant son comptoir, il alluma une bougie et le rejoignit.
Il essaya dans un premier temps de le dévisager mais ne vit pas grand chose dans l'obscurité.
Toxx passa devant le comptoir et prit la parole:

"Bonsoir, que puis-je faire pour vous en cette heure tardive?"

L'homme fît doucement craquer une allumette au phosphore et alluma la lampe à huile qui traînait sur le comptoir d'apothicaire...
La flamme dévoila un visage taillé à la serpe et un sourire carnassier, barré d'une immense cicatrise partant du sommet du front au menton....

- Bonsoir, mon ami, bonsoir....Fameuse cette boutique...Elle respire...Elle respire une odeur particulière...une bonne odeur...un parfum qu'il est difficile de trouver ailleurs...Vous devez avoir des produits fascinants, je me trompe ?

Il parcouru les étagère du regard, lisant les étiquettes en les désignant de sa canne...

- Badiane...Chinoise, n'est ce pas ? Ce pays produit décidément un nombre conséquent de produit merveilleux, n'est ce pas ? Mais je ne suis pas venu vous parler géographie...

Son regard brûlant se posa sur les yeux de Toxx...

- Il m'est venu aux oreilles que vos cargaisons les plus particulières, arrivent pas bateaux..et...mes amis et moi dit il en désignant les deux personnes dehors qui venaient de rentrer sommes, comme qui dirait, en charge de la protection du port fluvial....
Une chose me chiffonne pourtant...Comment diable n'a t'on pas vu votre cargaison ?

Il se frappa le front avec la main.

- Peut-être n'êtes vous pas au courant...Il n'est pas au courant, messieurs, c'est pour cela ajouta t-il, en se tournant vers ses camarades qui éclatèrent d'un rire mauvais... Il n'est pas au courant de la "taxe"...
Mais qu'à cela ne tienne : une erreur peut rapidement être réparée.
Il s'agit seulement de nous verser une centaine de francs par cargaison livrée et nous assurons qu'elle arrivera à bon port dans votre échoppe...
C'est entendu ?

L'homme termina sa phrase avec un sourire cruelle et tandis sa main gantée de noir, pour que le trafiquant y dépose la somme faramineuse...

Toxx était resté de marbre durant tout le monologue de l'homme au chapeau.
Petit à petit il avait vu ou ce visiteur voulait en venir et savait très bien à quoi s'attendre, son périple à travers l'Europe ne lui avait pas que appris la maîtrise des plantes et des drogues..

Il sourit à son tour et retira sa capuche, dévoilant son visage angélique et ses yeux bleu acier:

"Enchanté,

Oui effectivement j'ai des produits fascinants, il fait bon vivre ici, l'atmosphère de cette boutique détend..

Puis il regarda droit dans les yeux son interlocuteur:

-M'enfin ça n'a pas l'air de marcher sur vous, je me trompe?

Il décerna à nouveau son sourire enjoliveur à l'homme au chapeau et continua:

-Quand à mes cargaisons, effectivement j'ai des livraisons par bateaux, tout ce qui m'est livré par la Seine se trouve dans cette boutiques, sur ces rayons, si quelque chose vous interesse n'hésitez pas à me le demander..

Tout en continuant de parler, Toxx s'empara discrètement d'une fiole sous le comptoir, l'air de rien...

- Et les cargaisons plus particulières comme vous dites, car effectivement elles existent, n'emploient pas le chemin maritime pour venir échouer jusqu'à chez moi, elles entrent dans Paris par les chemins de fer, dans les wagons de fret, et également par la route, j'ai des livreurs de confiance que je connais depuis un certain temps.

Cachant la fiole dans sa manche, il posa ses deux mains sur la table et ajouta:

-Protection du port fluvial c'est cela? Vous pourrez vous charger d'inspecter les herbes et racines qui arrivent par la voie des eaux si vous le souhaitez... Par contre ce qui arrive par voie terrestre n'est donc pas de votre ressor n'est-ce pas?
Je vous pris donc de vous mêler de vos affaires, à savoir le port messieurs...

Il marqua un temps d'arrêt, et reprit la parole avec un grand sourire:

"Que puis-je fais pour vous ? "

L'homme resserra la main vide, dans un crissement de cuir...Son sourire ne s'était toujours pas éteint.

- Bien...Je vois que nous avons à faire à quelqu'un de pugnace...Un jeune homme.. il soupira combatif.. C'est rare, de nos jours....

L'homme tourna les talons et indiqua la porte à ses gorilles....

- Nous serons pourtant amener à nous revoir....Dans de moins bonnes conditions j'imagine...Monsieur "le combatif"...

La petite porte tinta et le funeste trio disparut à nouveau dans la nuit...

Toxx avait essayé de ne pas se démonter, il eu un soupir de soulagement une fois que les trois compères s'étaient écclipsés...
Ne faire confiance à personne, telle était la devise du Corbeau.

Il allait devoir protéger ses arrières...

Toxx sortit de sa manche la fiole et la regarda, il était satisfait de ne pas avoir eu à utiliser ce gaz hallucinogène, il était assez rare au vu de sa puissance et il préférait le garder au maximum.
Il en avait certes d'autres mais celui là était spécial...

Toxx alla se servir un verre d'eau, et cette fois ci alla se coucher sobre de toutes substances, il devait réfléchir...

Le sommeil de l'honnête commerçant fût troublé par des bruits de verres brisés provenant de la boutique et d'un bruit de course de plusieurs personnes...
La drogue avait en partie altéré la perception de Toxx et il avait mit un certain temps à réagir à ce vacarme...
Le coup de sifflet du sergent de ville en présence lui vrilla les tympans, mais le réveilla complètement.

Réveillé en sursaut par de violents coups de sifflet, Toxx se leva en quelques secondes.

Il eu le temps d'enfiler sa cape et son capuchon, ainsi il était le Corbeau, quoiqu'il se soit passé en bas, personne ne verrait sa réaction.

Il bu rapidement un verre d'eau et descendit dans la boutique, afin de s'informer de ce vacarme chaotique...

A son arrivée, Toxx pût s'apercevoir du capharnaüm régnant dans sa boutique : quelques pierres avaient été jetées sur sa vitrine qui avait volé en éclat.
D'autres projectiles avaient atteint de récipients à onguents et baumes qui gisaient par terre éventrés, alors que quelques pots d'herbes étaient également renversés...

Le sergent de ville en bicorne pénétra dans la pièce en secouant la tête d'un air dépité...

- Satanés vauriens...Ils se croient tout permis.

Il ôta son chapeau et salua le commerçant

- Bonjour, Monsieur. Comme vous pouvez le voir, vous avez subit un préjudice. Je vous conseille de porter plainte. Soyez persuadé que nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour mettre ces bons à rien à la place qu'ils méritent : le bagne.
Monsieur le préfet est un sacré champion ! termina t-il avec enthousiasme.

C'était donc tout ce quoi étaient capables ses ennemis...

Toxx souria, il avait de l'argent, réparer les quelques dégats n'était pas insurmontable, puis la salle secrète n'avait pas été touchée...

Il enleva sa capuche, et se tourna vers le sergent:

-Bonjour monsieur le sergent!

Il prit un air outré:

-Bien sur que je vais porter plainte, c'est un scandale, un simple commerçant comme moi se faisant massacrer sa boutique pour quelques racines et potions!
Hier soir dans la nuit des hommes de la soi disant protection fluvial sont venus me demander une sorte de taxe pour les herbes que je recevais par bateau! Je leur ai dit qu'ils n'avaient aucun droit sur ces marchandises car je payais déjà le droit de douane!
Ils sont partits mécontents, je n'accuse personne mais je ne vois pas qui d'autres aurait pu commettre cette horreur!

Pendant que le sergent rédigeait son rapport, Toxx passa à côté de l'entrée de la salle secrète, tout était en place, aucun soucis...
Puis il remonta chez lui, le scénario recommençait comme en Roumanie, il allait falloir se battre pour survivre et continuer ses affaires...
Il fouilla dans un coffre et en ressortit une immense faux, qu'il posa sur le sol...

"Tu m'as manqué ma chère, pensa-t-il, il est temps que les Parisiens en apprenent un peu plus sur le Corbeau... S'ils cherchent les embrouilles, ils nous trouveront..."

Juste avant de redescendre, Toxx éparpilla sur une petite plaque de métal une trainée de ligne blanche, et l'aspira par le nez d'un coup à l'aide d'un petit tube cylindrique, il avait néanmoins besoin d'un petit remontant.

Frais et disponible, il jeta un regard sur sa faux, posée derrière lui et redescendit en bas voir l'agent de ville.

- De protection fluviale, mm ? fit le sergent de ville C'est encore un coup de la bande à Victor le Zébré. Ca fait plus de trois ans qu'il se fiche de nous...Mais avec le préfet, ça va changer, je vous le dit...
Je pose mon rapport et je reviens. Si vous êtes prêt à porter un plainte, il finira la tête dans la sciure, moi je vous le dit !

Le visage pâlissant du jeune drogué ne parût pas impressionner le policier, qui mît cette pâleur sur le compte du choc.
Il salua l'homme et tourna les talons.

- Je reviendrais dans une heure, avec un peu de chance, nous allons pouvoir déployer plus d'homme dans le périmètre.
Bonne journée.

Ainsi son ennemi se faisait appeler Victor le Zébré...

Si ce fameux préfet ne faisait pas son travail, Le Corbeau s'en chargerait...

Une fois le sergent partit, Toxx entreprit de ramasser tous les débris de verre au sol.
Puis il rassembla les herbes et racine encore utilisable dans une immense saladier, il les trierait plus tard...

Il se demandait s'il ne devait pas changer sa vitrine, en mur solide ferait peut-être meilleure affaire dans cette histoire...
De toute façon l'entrée de la salle secrète n'était connue de personne, Toxx ne se faisait aucun soucis là dessus..

Après avoir tout remis en ordre, Toxx frissonna, le vent froid de l'hiver pénétrait dans la boutique à travers les vitres brisées, il remonta cherchait son long manteau de cuir et enfila des mitaines.

Puis il redescendit pour attendre le sergent, tout en prenant soin de reprendre la fameuse fiole de la veille et de la cacher dans sa manche...

Une heure plus tard, tandis que Toxx nettoyait encore les restes de son magasins, des crissements de verre se firent entendre dans son dos...
Une paire de bottes de cheval noires, foulèrent au pied les restes de la vitrine, tandis qu'une main gantée de cuir ramassait un morceau très fin de vitre brisée....
L'homme sec et austère le porta au niveau de ses yeux, puis, sans même regarder le commerçant, il le rejeta dans avec les autres. Le sergent de ville pénétra à nouveau dans la boutique

- Le préfet a décidé de se déplacer en personne ! Vous voilà assuré de...

La main du préfet coupa net les louages du sergent de ville, puis se tendit, formelle, en direction de Toxx

- Jacques Eloi Chaval, préfet de police de Paris. Monsieur ?

Toxx serra la main du préfet:

-Appelez moi Toxx, enchanté de vous rencontrer. Si je peux vous aider pour quoique ce soit sur cette affaire faites le moi savoir. Vous avez certainement lu le rapport de votre sergent.

Toxx retira son manteau de cuir afin d'être plus présentable. Il était vêtu de noir, comme à son accoutumée, mais ses vêtements semblait venir d'une mode totalement étrangère à celle de la capitale. Il portait une pantalon de tissu noir avec une coupe plutôt large, qui retombait par dessus ses botes de cuir. Un marcel noir venait mouler son corps fin et anguleux, mais Toxx ne semblait pas avoir froid, ses mains protégées par des mitaines en laine vinrent se poser sur le comptoir et il regarda à nouveau le préfet.

-Bien, où nous en sommes ?

Toxx était plongé dans ses réflexions...

Les récents évènements ayant frappé son magasin et le reste de la capitale l'avait porté à réfléchir intensément sur la conditions parisienne...

La ville pullulait de malfrats en tout genre, personnes que le Corbeau ne supportait pas.
Lui-même traînait dans des sales combines de trafic de drogue, mais cela l'aidait juste à subsister, s'il avait le choix, il se passerait bien de ce commerce illégal, limitant la drogue à sa consommation personnelle.

Il avait vu bien des vices sévir à travers l'Europe et il se rendait compte maintenant qu'il ne le supportait pas...

Le Corbeau avait tué plusieurs fois, mais toujours dans le but de promouvoir une certaine justice...

Le grand rêve de Toxx avait été d'ouvrir une bibliothèque, à cause de moyens financiers vaquant, il avait été forcé de se convertir dans le trafic de substance à rêves...

Il prit enfin une décision, il risquait gros s'il suivait ses idées, mais pensait que ça valait le coup...

Le préfet était encore dans la salle, il allait lui faire une proposition...

-En fait j'ai quelque chose à vous dire de personnelle, avant de continuer à débattre sur cette affaire, voulez vous bien me suivre s'il vous plait, et me laisser finir avant de me couper la parole ou de réagir ?

Le préfet tiqua lorsqu'il entendit l'homme se présenter sous un pseudonyme, mais se contenta de serrer la main en fixant l'homme d'un air suspicieux...

- La bande de Victor fait des ravages depuis un certains nombre de temps, mais personne n'ose témoigner depuis le meurtre d'un boucher,Martin Lourdes, dont nous avons retrouvé le corps dans le port fluvial.
La truanderie et la crasse se répandent sur Paris avec la rapidité d'un essaim de mouche. On ne peut rien tirer d'un criminel, Monsieur, qu'un peu de chair pour la charogne...

La suspicion se fît encore plus grande lorsque l'étrange apothicaire rajouta une proposition

- Et qu'est donc, Monsieur, cette proposition qu'un citoyen intègre doit se cacher des regards pour révéler ?

Toxx leva les mains:

-Je n'ai rien sur moi, vous pouvez même me lier les mains pendant que je vous propose ce marché. Il peut être avantageux pour nous deux...

Ma seule condition est juste de nous isoler dans une salle à l'abris des regards et des oreilles...

Le préfet réfléchit un temps, et le regard du sergent de ville se fît plus suspicieux...Enfin, Chaval hocha la tête...

- Très bien. Brelin, fit-il à l'adresse du policier laissez nous. ..
Je ne crois pas avoir grand chose à craindre de toutes les manières, mais je refuse de m'acoquiner dans la moindre combine allant à l'encontre des lois.
Brelin, vous resterez à proximité, dites aux hommes d'interroger le voisinage.

Le sergent de ville acquiesça d'un air sombre, remit son bicorne et quitta la pièce...

Toxx fit signe au préfet de le suivre, il savait qu'il jouait gros, et qu'il risquait la prison, mais il espérait que le préfet marche dans la proposition...

Il activa le livre de la salle secrète et fit entrer le préfet étonné dans l'entrepôt où toutes les drogues de Toxx s'accumulaient..

-Je sais ce que vous pensez, laissez moi aller jusqu'au bout...

Il proposa une chaise au préfet et reprit la parole...

-Voici comment je gagne réellement ma vie, mes simples remèdes d'apothicaire ne me permettaient pas de vivre correctement, c'était aussi la raison de la visite de Victor et ses sbires.
Voici ma proposition:

Je n'ai jamais réellement voulu entrer dans ce trafic, ma motivation était d'ouvrir une bibliothèque et de vivre tranquillement.
Je propose donc de mettre une fin à ce commerce, de garder ces substance à ma consommation personnelle, j'ai réuni assez de fonds pour ouvrir ma librairie... Je sais que vous ne pouvez pas fermer les yeux la dessus, donc j'en viens au fait..
J'ai remarqué, et vous également sans doute, que la criminalité augmentait de plus en plus sur Paname, et autant honnête homme que vous êtes, lutter seul n'est peut-être pas la meilleure solution...
Mon passé a fait que j'ai un sens prononcé pour la justice, je peux être votre homme de l'ombre monsieur le préfet. Vous avez sûrement besoin d'un fouineur qui écoute tout ce qui dis, d'un homme qui fait les sales besognes là ou la justice ne peut plus rien faire, d'un allié de poids qui commence à avoir des influences dans la ville.

Je peux être cet homme...

En échange, je stoppe tout commerce, malheureusement pour tenir au quotidien j'ai besoin de ses substances pour ma consommation personnelle.. En général je ne fais confiance à personne et je n'ai aucun ami ici, mais je juge les gens plutôt bien aux premiers abords, et je sais que votre unique motivation est la justice dans cette ville.
Je peux vous aider en agissant dans l'ombre et combattre le mal par le mal...

Toxx s'arrêta , dévisagea le préfet, et lui tendis les poignets:

-Vous savez à peu près tout de mon travail, sachez que je suis prêt à en changer pour un commerce de livre et de bouquins de ce tout qu'il y a de plus légal. De votre côté je suis certain que je peux vous être réellement utile, et qu'ensemble nous pourrions accomplir de grandes choses...
Arrêtez moi si vous le souhaitez, ou alors commençons tous les deux à lutter contre la vermine de Paris...

Chaval observa l'entrepôt de drogue, abasourdi...
Ces quantités de produits prohibés avaient traversé l'Empire sans même qu'aucun soupçons n'eût été ne serait-ce qu'effleuré...

Il écouta les propos de cette homme curieux, avec attention, portant de temps en temps la main à son menton, en proie à une profonde réflexion.
D'expérience, il savait qu'aucun criminel ne changeait réellement : le bagne les formaient simplement à devenir plus durs et plus dangereux, et jamais aucun d'entre eux ne se réintégrer avec succès : ils replongeaient tous, sans exception, il en était persuadé.
Et voici que cet homme, sorti de nul part, lui proposait un pacte avec le Diable, au nom de ce qu'il chérissait le plus : les lois et la justice.

Dieu seul sait qu'il connaissait l'utilité d'une police de l'ombre, comme celle qui l'avait desservi à la chute du premier Empereur...Mais les lois ? Les règles ? Si elles étaient violées une fois qu'est ce qui empêchait qu'elles le soient à nouveau dès la première occasion...
Pourtant l'idée l'attirait : laisser courir un coupable pour en attraper deux autres.
Le roi devait parfois sacrifier une partie de sa population pour en sauver la majorité...

Après le discours, il se redressa de la chaise, épousseta son manteau pour se donner une contenance, ferma les yeux et soupira...

- Laissez moi un temps de réflexion. Je vous enverrais ma réponse ce soir...D'ici là, ne vous avisez pas de quitter la ville. Sans quoi, je n'aurais aucun scrupule à demander à ce que l'on vous abatte.

Puis faisant pivoter ses talons, il quitta la remise et fixa à nouveau son couvre-chef sur son front désormais humide de sueurs...

- En route, Brelin ordonna t-il Nous avons suffisamment ennuyé ce citoyen. L'enquête doit se poursuivre.

Toxx entreprit de ranger l'entrepot et transfera tout dans ses appartements, le magasin était à peu près en ordre et la salle secrète était désormais vide...

Il se servit un verre de whisky, alluma une pipe qu'il avait remplit d'herbe et attendit son destin...

Ce n'est qu'assez tard dans la soirée, lorsque le vent froid commençait à se faire sentir à cause de l'absence de vitre, que Toxx entendit quelqu'un frapper à la porte.
De l'extérieur il semblait porter un uniforme sombre et regardait anxieusement à droite et à gauche...

Toxx ne reconnaissait pas la personne dehors, il s'empara une nouvelle fois de sa fiole pour la cacher dans les plis de ses vêtements, enfila sa cape car le froid commençait à lui ronger les os...

Il demanda:

"Qui est là ?"

- C'est un message du préfet ! souffla la voix extérieure Bon dieu ! Bougez vous le tortillard, il gèle à pierre fendre dehors...

L'homme encapuchonné semblait faire en effet partie de la Sûreté publique et tapaient des pieds dehors afin qu'on lui ouvre la porte...

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