Quai de Jemmapes

Le quai de Jemappes est le nouvel embranchement de la Seine, crée depuis peu par le fringant canal St Martin, construit seulement une vingtaine d'années auparavant.

Les nouvelles industries s'y disputent charbon et bois pour alimenter les gigantesque fourneaux, tandis que les hangars gigantesques engloutissent quantité de marchandise diverses...

Si la journée l'endroit est accueillant, la nuit, en revanche donne un tout autre aspect à l'endroit, qui devient le repaire d'une faune nocturne peu fréquentable...

Le Corbeau avait piqué une barque, et arrivait sans un bruit sur le quai de Jemmapes, l'obscurité le cachait et il remercia intérieurement la nouvelle lune et le ciel nuageux..

Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, aussi avait-il prévu le maximum d'équipement possible.
Physiquement, Toxx n'était pas se que l'on pouvait qualifier de costaud et fort, mais il avait quelques bottes secrètes dans ses manches et comptait les utiliser ce soir...

Il fouilla dans sa poche et y sortit une pilule rouge. Il avait eu du mal a obtenir cette drogue, il avait pas mal étudié la chose, l'on donnait cette substance dans les pays asiatiques aux guerriers avant le combat.
Le résultat était une stimulation musculaire intense, augmentant légèrement les capacités physique de son utilisateur...

Puis il alluma sa pipe qu'il avait préalablement fourré d'herbes, et se mit à tirer dessus, il fallait qu'il soit détendu cette nuit...

L'embarcation arriva doucement au bord du quai, le Corbeau ramassa sa faux et mis tranquillement pied à terre, aux aguets...

Il se mit à scruter les alentours, à la recherche de présences suspectes et hostiles...

Personne ne remarqué l'arrivée du curieux personnage.
Le quai était à peine éclairé par quelques becs de gaz tremblotant et le petit commerce de la nuit faisait son office.
Certains paysans commençaient à remplir leur charrette des sacs de grains acheté lors du marché de l'après mide et les hangar fermaient petit à petit.

Les fleurs de rue commençait alors leurs première tournée et on entendait quelques rires embués d'alcool sortirent des quelques bistrots des environs.
Le repaire de Victor, un entrepôt de bois qui avait vu des jours meilleurs commençait également à fourmiller d'activité.
Dehors quatre hommes, vêtus de laine grossière, de mitaine et de casquette se chauffaient près d'un feu.
L'un d'eux taillait un bout de bois à l'aide d'un long couteau.

L'intuition de Toxx le mena vite aux quatres hommes suspects...

Il avait chacun l'air de vieux rascards auxquels mieux ne valait pas se frotter...

Le Corbeau avança dans l'ombre, la partie allait commencer.

Il se plaça de manière à que le groupe d'hommes se trouve en lui et le fleuve et s'approcha doucement.

Il était à quelques mètres d'eux quand il ramasse un caillou et le lança à dans l'eau...

- T'as entendu ? fit le plus jeune des quatre, un gamin de quinze ans à peine...

- Quoi ? répondit son voisin agacé...

- Y'a eu un bruit dans l'eau, comme un gros "plouf" dit le garçon, agité.

Son interlocuteur le gifla sur le somme du crâne.

- J't'en ficherais des "plouf" moi, foutu mauviette ! On est dans sur un quai abruti ! Des "plouf" t'en entendras autant que des gueuleries de ta mère ! Assure toi seulement que c'est pas le bruit que tu feras quand tu seras saoul comme un cochon et qu'tu'te baladeras dans le coin.

La dernière phrase provoqua l'hilarité générale et le jeune garçon remit simplement sa casquette sur sa tête, et activa le feu, penaud....

Toxx avait pu vérifier exactement ce qu'il voulait, personne ne s'attendait à une attaque, et encore moins à une mort certaine.

Les quatres gardes étaient détendus et c'était parfait pour le Corbeau...

Il décrocha une petite capsule de sa ceinture et en sortit une boule de gomme bleue, grosse comme une cerise...

Toxx avait passé l'apres-midi entière à concocter ce gaz somnifère, il suffisait d'une source de chaleur pour que la gomme fonde et laisse échapper le gaz de Morphée...

Se rapprocha doucement pour être certain de ne pas louper le feu, le Corbeau usa de toute l'adresse dont il lui était possible et lança la petite boule, qui tomba droit entre les flammes...

Il recula rapidement, espérant que personne n'avait remarqué le petit projectile...

Une odeur curieuse se répandit dans l'air tandis que le feu prenait une teinte étrange...

- Gontran nom de dieu ! Je t'avais déjà dit de pas foutre de purin de ch'val dans le foyer ! Ca sent la mort et ça risque de péter ! Du bois, tu vas pas m'dire qu'il en manque nom de dieu ! Tu as tous les paysans du coin qui viennent en vendre sur le saloperie de raffi...

L'homme se mit à tousser vigoureusement, puis commença à s'asphyxier tandis que les autres commencèrent à l'imiter...
Pourtant, le vent d'hiver et surtout la zone complètement découverte semblaient atténuer une partie des effets du produit, car le plus jeune d'entre eux quitta la zone néfaste tant bien que mal...Les trois hommes plus âgée, eux, s'évanouirent.
Il frappa à la porte de l'entrepôt qui s'ouvrit

- Y'a les frères Condy qui suffoquent. C'est à cause de c'que Gontran a fichu au feu ! Faut v'nir !

Et merde... se dit Toxx en regardant s'éloigner le jeune gamin...

Le garnement partit quelques dizaines de mètres plus loin avertir ses supérieurs et le Corbeau se trouvait dans une impasse...

Il aurait seulement une minute pas plus pour se débarasser des corps, puis il se rendit compte qu'il n'aurait jamais le temps de les porter ailleurs...

Optant pour une solution qui lui plaisait moins, il courru jusqu'au feu, toujours en surveillant le retour du gamin, puis il brisa la nuque des trois hommes endormis d'un coup sec...

Il n'eut pas le temps de les fouillers, il ramassa simplement le couteau et retourna en vitesse se cacher dans l'ombre, en attendant le retour du gosse.

Quatre autres malandrin surgirent, l'air plus vif et plus gaillard que les trois autres....
Ils s'approchèrent des corps avec prudence, remarquèrent l'odeur âcre du feu et mirent quelques coups de pied aux cadavres au sol

- Nom d'un chien...Ils...

L'un d'entre eux touilla les flammes avec une branche, livide...

- Comment ça se peut...Comment ça se peut?

Le dernier, enfin, entreprit de soulever l'un des corps

- En tout cas, si on veut pas de problème avec la rousse, on a intérêt à se débarrasser des corps...

Toxx avait contemplé la scène, les malfrats n'avaient pas l'air d'être si inquiets...

Il les regarda soulever les corps pour les emmener il ne savait où. Puis il observa la porte de l'entrepot , ça allait être un vrai défi pour y entrer...

Préférant prendre le maximum de précautions, le Corbeau continua de regarder les sbires du Zebré en action et attendit..

- Quoiqu'il en soit je vais avertir Victor.

Tandis que les trois silhouettes portaient le corps plus haut dans le canal dans le but de faire disparaître les corps, l'esprit plein de question et d'effroi, un autre ouvrit de nouveau la porte de l'entrepôt : bientôt, il en sortit accompagné de quatre autres brigands et d'un homme de courte taille, doté d'une paire de lunette, qui se mit à fouiller dans les braises du feu...

- Si ces imbéciles ont utilisé du bois traité, il est possible qu'ils se soient asphyxiés...Combien de fois vous ai-je dit de ne pas utiliser du bois vernis pour faire vos feux ?

Le petit homme touilla plusieurs fois le foyer mais semblait étonné de n'y rien trouvé d'étrange...

- Ils avaient bu quelques chose ? Mangé ?

Les autres secouèrent la tête...

- C'est vraiment étrange....Fouillez les environs...Nous verrons bien.

Toxx s'ajouta dans les veines une nouvelle dose de drogue, l'adrénaline commençait à jouer dans ses muscles, il allait sûrement bientôt en avoir besoin.

Il prit soin de récupérer la seringue afin de ne pas laisser de traces, puis lança une fiole de gaz fumigène au loin, à l'opposé de l'entrepot.

Puis ne regardant même pas le résultat, il fit le tour du bâtiment, et profita que les gardes soient occupés pour entre dans l'édifice, sans même vérifier qu'il était suivi.

Une fois à l'intérieur, il courru se cacher derrière de grosses caisses de bois et commença à observer la configuration des lieux.

Le quai s'agita à l'apparition de l'écran de fumée : la masse grouillante des discrets travailleurs de la nuit se réveilla brusquement et commença à se démener, pensant à un incendie.

Le large entrepôt contenait de nombreuse caisse et tonneaux, plusieurs établis de découpage et de larges carcasses d'animaux suspendu à des crochet, pelées et proprement découpée.
Cinq hommes en costume de bouchers, jouaient tranquillement aux cartes et quatre autres hommes ne cessaient de faire des aller retour dans la seconde partie de l'entrepot, une carabine sur l'épaule.
Des baquets en bois placés sous les carcasses les plus fraichement depecé recueillaient le sang qui s'échappait des morceaux de viandes.