Pont Neuf (Bord de Seine)

La pluie incessante de ces derniers jours avaient singulièrement fait augmenter le niveau d'eau de la Seine.
Les abords du pont neuf étaient complètement désert et un nageur nocturne aurait très bien pu y plonger sans que personne n'y prête attention.
Les courants toutefois semblaient assez traîtres malgré le calme relatifs qu'ils affichaient habituellement.

A l'approche du fleuve, je me sentais peu à peu revivre. Certes, la Seine n'était pas le Rhin, mais tous les fleuves avaient un lien : nés en Montagne, ressuscitant dans la mer, ils portaient en eux l'âme des morts et les mythes des ondines. Ils étaient mon foyer et mon refuge, mon berceau et mon tombeau.

Comme chaque nuit, je prends un plaisir infini à pratiquer mon rituel.

D'abord, fermer les yeux, sentir chaque particule d'eau dans la masse s'étendant à mes pieds, dans l'air qui m'entoure, dans le corps que j'utilise. Chaque particule est trop fine pour être mon amie, elles n'ont pas de conscience. Mais instinctivement elles me reconnaissent, et je les aime.

Souriante, sereine, je jette un coup d'œil aux alentours pour être bien sûr que personne ne me regarde. Je ne crains pas pour moi, certes, c'est peut-être nue que je suis la plus redoutable. Mais je ne tiens pas à ce que nul ne trouble mon bain.

Voyant l'homme se jeter, j'hésite.

Combien se sont jetés dans le Rhin pour m'avoir surprise au crépuscule prenant mon bain, ou à l'aube coiffant mes longs cheveux ?

Mais combien aussi en ai-je sauvé sans qu'ils en aient souvenir ?

Je m'empresse d'aller secourir le malheureux, tentant de le retrouver parmi les ondes, n'hésitant pas à prendre une forme pour aller plus vite...

Alors qu'elle se précipite à la rescousse du malheureux, un grand tourbillon d'eau fait face à Coraline, l'empêchant de progresser...

- Ce jouet est à moi ! Pourquoi venir me le voler ? dit une voix aigüe émergeant du tourbillon d'eau qui commence à prendre silhouette humaine...
Le corps fin et petit exécute un nouveau tourbillon sur lui même, propulsant le malheureux un peu plus loin dans les courants...
L'homme s'agrippe par réflexes aux rebords du ponts mais ses doigts glissent toujours à mesure que ses forces s'épuisent...

Le rire cristallin se tut, pour laisser place à une colère mal maîtrisée, qui émit de puissantes vagues , renversant plusieurs barques accrochées à quai...

- Je ne suis pas une fillette !!!

La forme gracile plongea à nouveau en profondeur et se dirigea vers le malheureux...
L'homme fût happé par le bas et disparu sous l'eau. Puisant dans ses dernière force, il remonta à la surface, puis fût de nouveau submergé...

Regardant, le pauvre homme, je tente d'abord de lui laisser un moment de répit :

Que l'élèment de l'eau accède à ma prière
Qu'il te permette de respirer en son coeur
Que l'eau t'accorde la gràce d'être sa mère
Et te fais amphibie pendant une heure


[prochaine action au prochain tour j'imagine ?]

Un sifflement furieux répondit à la supplique de Coraline...
L'homme se retrouve alors propulsé sur le dessous du pont par une colonne d'eau puissante et retombe inanimé dans le fleuve...
La forme aqueuse, elle, se fond entièrement dans l'eau et disparaît...

- Je ne m'amuse plus...Il est à toi achève t-elle sur un ton vexé....

*Bien... Il n'est pas encore venu le temps où on ne me laissera pas le dernier mot...*

Je plonge ne quête de l'homme et m'empresse de le remonter à l'air libre, sur la berge...

Me rhabillant en vitesse, je tente de trouver un fiacre qui pourrait m'emmener à l'hôpital le plus proche, avec l'homme en piteux état.

Dans le fiacre, je fouille l'homme en question pour en savoir davantage sur son identité...

Je regarde le corps mort, perplexe. C'est vraiment fragile ces trucs-là... Bon, je viens de prendre mon premier cours de médecine.

Je me demande si cela a un lien avec le mort de Cramer. Mais quel lien cela aurait-il avec le garde de l'hôtel de ville ?

Une fois arrivée à l'hôpital, ne sachant trop quoi faire, je lègue le corps et demande au cocher de m'emmener à la librairie de l'Escarboucle.

Décidément, cette pimbêche d'élémentaire ne cesse de me contrarier. Il faudra que cela cesse. J'en ai même oublier de profiter de la sérénité que m'apporte habituellement mon bain. Je la hais. Radicalement.

Je vais demander à Balbu de m'aider - il est plus doué que moi pour mener des enquêtes.

Et ainsi j'arriverais à cette criminelle. Et la sécherai.


librairie de l'escarboucle

(tu me dis quand je peux arriver là-bas ?)