"L'un des seuls indices que m'a laissé la femme de brume, en dehors du poignard orné de l'oeil obscur, est un bijou visiblement ancien et de facture délicate. Une rose d'opale, datant probablement de la Renaissance italienne. Notre premier suspect étant historien, le questionner sur l'origine du bijou pourrait s'avérer interessant... Observer sa réaction sera, a mon sens, encore plus enrichissant. Si cet homme est effectivement l'un des tortionnaires de la jeune femme, nul doute qu'il reconnaitra ce pendentif. Et je guetterais le moindre signe de stupeur ou de nervosité que cela pourrait alors provoquer chez lui. En revanche, s'il ne le connait sincèrement pas, il ne rechignera peut etre pas a m'en faire une expertise qui pourrait m'en apprendre plus long sur sa propriétaire..."
Le fiacre tourna un coin de rue, débouchant sur le boulevard Montmartre. Une bruine humide et glacée faisait luire le pavé comme du goudron.
"Nous arrivons chez moi. Veuillez m'en excuser, mais je ne vous invite pas a monter, j'aimerais procéder en vitesse et sans alerter mes soeurs. Le temps de vous les présenter viendra bien assez tôt. Cocher! Arrêtez vous ici, j'en ai pour un instant. "
François sauta du fiacre, monta les marches a la volée et fonça dans son appartement. Il s'empara prestement du pendentif, déposa son manteau des grands soirs et le remplaça par sa redingote et sa cape habituelles. Il chargea son revolver et le passa dans sa ceinture de poitrine qu'il dissimula sous sa veste. Il stocka quelques cartouches dans une poche et fourra le poignard a l'oeil dans l'autre. Enfin il attrapa le goulot d'une bouteille de vin encore fermée sans prendre la peine de lire l'étiquette et s'en retourna au fiacre sans plus tarder.
"Me revoici. Je pense que nous pouvons donc nous rendre a l'hotel de Cluny?"