L'Ecole militaire

C'est ici qu'est formé le fleuron de l'armée française.
Les officiers et les cadets y évoluent dans un cadre grandiose, en plein coeur de Paris, à quelques pas du Champs de Mars.

Aujourd'hui, le mess est en ébullition...
La nouvelle vient de tomber, un possible conflit avec la prusse est envisageable. Des diplomates français ont été envoyé à la cour pour s'entretenir avec Bismark en personne.

Pourtant, le Général d'Etat Major Henriot ne semble pas contrie...
Le petit homme à la fine moustache, scrutant de temps à autre sa montre à gousset, s'était levé avant la fin du repas avant de s'entretenir longuement avec un agent de l'exterieur...SOn visage inflexible n'avait pas bougé et il s'était contenté de hocher la tête...

Peu de temps après, il s'était dirigé vers le Colonel Ravieil et lui avait amicalement posé la main sur l'épaule...

- Ravieil mon vieux, je vais vous demander un service...J'étais sensé me rendre ce soir à une conférence scientifique importante, suivi d'une reception où tout le gratin parisien se rendra...Vu les circonstance je doute avoir le temps d'arriver. Pourriez vous y aller à ma place ?

Ce matin, Claude Ravieil avait pensé que se serait une journée comme les autres... la même routine... mais il se trompait... la nouvelle était tombé peu de temps après son arrivée sur les lieux où il avait immédiatement commencé à inspecter ses recrues réunies dans la cour au garde à vous.

Sans lui laisser le temps de réfléchir aux conséquences que cela impliquait pour lui, le général major vint l'entretenir en se montrant, comme toujours, trop familiez avec le colonel... Claude ne l'aimait pas, le trouvant trop mou et festif sans parler de ses penchant pour la science au dénigrement de la foi ... mais c'était un supérieur et on ne refuse rien à un supérieur... du moins pas ouvertement.

Eh bien... c'est que je ne suis pas sûr de convenir au poste mon général, mais si vous insistez... je suppose que je pourrais faire l'affaire bien que je pense que ma place soit ici.

Intérieurement le colonel pestait contre Henriot mais comme à l'accoutumé son visage ne se teinta d'aucune émotions.

- Vous vous en tirerez très bien bien Ravieil...Hé hé...Ne manquez aucun détail, je suis sur que l'experience des hommes de sciences peut servir au sein de l'armée...Après tout derrière notre façade, nous sommes tous des hommes, pas vrai...

Henriot partit gaillardement vers la salle d'Etat Major pour y tenir un colloque d'importance...
Dans le couloir, il secouait la tête de temps à autre en repensant à Ravieil...
"Ha... Un vrai bonhomme de bois ce Ravieil...Je suis sûr qu'un petit tour chez les petites femmes de Paris lui ferrait le plus grand bien...Il n'a jamais su tourner avec le vent ce pauvre vieux, toujours attaché à ces idées vieillotes...."

Henriot n'était pas de ces hommes que les fluctuations politiques émeuvaient. Il était militaire et s'en tenait à son rôle, que le chef de l'Etat soit Bonaparte, ce nigaud de Napoléon III ou Jules Cesar, il s'en contrefichait. Seuls lui tenait à coeur ses hommes et son pays et les intrigues politiques le lassait.
Il savait aussi que c'est dans sa docilité face aux changements et son manque d'ambition que résidait sa principale défense qui lui avaient évité la valse des képis des fluctuations de pouvoir...

"Allons, ce bon vieux Ravieil s'en sortira bien..."

Dans la salle des Conquêtes, salon décoré de l'Ecole, réservé habituellement aux officiers, le préfet Chaval se tenait droit face à la cheminée, les bras croisés dans le dos, tandis que le Général Frémont, commandeur de la Garde Civique de Paris, sirote tranquillement un cognac...

- Et, il viendra, vous êtes sûr, Chaval....

Le préfet ne bougea pas d'un pouce

- J'en suis presque persuadé. Il n'a pas le choix de toutes les manières : c'est le bagne autrement...Que choisiriez vous, à sa place ?

Le militaire hocha gravement la tête

- Espérons le pour vous...

Un homme vêtue entièrement de noir approchait de l'école militaire.

Des bottes de cuire montantes venaient jouer avec un pantalon en tissu au niveau des genoux de l'individu.
Si l'on regardait de plus près, un nombre incalculable de fioles et de seringues étaient attachées à sa ceinture, et également au niveau de ses bracelets aux poignets...
Une immense cape noire à laquelle des plumes noires étaient brodées venaient agrémenter le tout.

On ne voyait pas le visage de l'homme, une capuche venait le cacher...

Dans son dos, était attaché une immense faux, ce qui rendait le personnage encore plus sinistre...

Toxx ne connaissait pas vraiment le but de sa visite ce soir et s'il allait avoir quelque chose à faire, mais il s'était préparé à tout, repensant aux expérience que son aventure à travers l'Europe lui avait apprise.

Il s'approcha des deux hommes et les salua d'un signe de tête.

Ce soir il était un réel Corbeau, sa vie allait changer...

Les gardes de faction avaient examiné plusieurs fois l'invitation du personnage avant de l'autoriser à entrer dans l'enceinte du bâtiment, mais les ordres étaient les ordres....

- Palsambleu ! s'écria le Général en sursautant, manquant de lâcher son verre Qu'est ce que c'est que cette mascarade ? C'est un farce ? Et cet accoutrement...Vous avez engagé un acteur du grand Guignol ?

Le préfet daigna se retourner et fit un geste en direction d'une chaise pour inviter l'étrange personnage à s'assoir

- Du calme, Frémont, seule nous importe l'efficacité de notre ami. Je vous en prie, asseyez vous. Vous avez le sens de la mise en scène, mais il vous sera plus utile de vous fondre dans la foule, que de vous faire remarquer de la sorte si vous opérez en sous-main. Dans un endroit aussi public vous auriez du prendre vos précautions, mais passons.
Je vous présente le Général Frémont, le chef de la Garde Civique.
Il connaît mon projet et l'approuve.

Nous avons retrouvé la trace de Victor dans le port fluvial mais nous n'avons aucun chef d'inculpation tangible, pourtant nous sommes persuadé qu'une partie de ses extorsions est directement versée à un groupuscule anarchiste et nous voudrions que cela cesse.
C'est la raison pour laquelle nous faisons appel à vous ce soir. Si vous parvenez à vous débarrasez du gang du Zébré, les anarchistes perdront une de leurs sources financières.

- A vrai dire, le Zébré agit à partir du quai de Jemmapes sur le canal St Martin. Il y tiens un hangar où les garçons bouchers stockent la viande.
Il n'en sort souvent que le soir, je suppose que le reste du temps, il s'enferme avec des filles de joie ou qu'il est trop saoul pour sortir.
En journée, il vous sera difficile d'y acceder mais la nuit, si vous vous faîtes assez discret....
Nous ferrons passer cela pour un règlement de compte entre voyous et l'affaire sera close.
Les magistrats ont bien mieux à faire en ce moment que de s'occuper des affaires du milieu...
Ce sera tout...La restauration de votre boutique sera prise en charge par les caisses de la ville de Paris. termina Chaval, fixant Toxx avec le plus grand sérieux.

Le général eut un reniflement de mépris

- Essayez de ne pas vous faire prendre. ajouta t-il mesquinement.

A peine l'homme eût quitté la pièce que Frémont bondit

- Ha ! L'animal ! Il n'y va pas de main morte ! Je lui ferais passer le goût du pain moi !

Chaval l'interrompit brusquement

- La justice a un prix Frémont et je suis prêt à le payer. Si nous portons un coup mortel à leur économie, le jeu en vaut la chandelle. Ces quelques babioles coûtent moins chères que les réunions inutiles de tous ces chancres qui siègent à la cour pour écouter le temps passer...

Il observa l'homme étrange par la fenêtre, quittant la cour de l'école

- Pour gagner une guerre, il faut user des armes que l'on a à notre disposition.