Jules Dumarquis ouvrit avec peine la lourde porte en chêne de son domicile.
Il retira ses souliers de cuir, puis sa veste trempée, et l’accrocha au portemanteau tout en songeant qu’un peu de repos lui ferait le plus grand bien.
L’homme sortit une montre gousset en or de la poche de son veston, et la consulta.
- Déjà minuit… soupira-il. Décidemment, les dîners mondains n’étaient pas faits pour lui…
Il traversa le vestibule et entra dans son salon, puis alluma une lampe à pétrole.
Il ouvrit une armoire et en sortit une carafe de tokay, qu’il avait directement fait importer de Hongrie. Il ôta le bouchon, hésita, puis bu directement à la carafe.
- Bonsoir, monsieur Dumarquis…
Jules se retourna, frappé de stupeur. La carafe se brisa sur le sol et il ne pu retenir un cri de terreur. Un homme à la carrure imposante était là, tranquillement assis sur le canapé. Et il ne l’avait même pas remarqué !
- Qui… qui êtes vous ? Comment êtes vous entré ? balbutia Jules.
- J’ai mes secrets… dit l’homme.
Sa voix était posée, et pourtant terriblement inquiétante.
L’homme était grand et imposant, même assis, et il était vêtu d’une longue veste de cuir sombre et d’un pantalon de drap noir. Mais le plus terrifiant, c’était son visage, à moitié caché par un chapeau usé, couvert de cicatrices et boursouflé à certains endroits. De plus, ses yeux gris laissaient deviner un calme froid.
Jules sentait que la tête lui tournait, il était figé sur place.
- J’ai le regret de vous informer, monsieur Dumarquis, que cette minute est la dernière que vous allez vivre, dit l’homme avec un ton neutre.
Jules Dumarquis devint livide.
- Vous… vous allez me tuer ?
- Non.
L’homme esquissa un sourire.
- Je l’ai déjà fait ; le vin était empoisonné, monsieur Dumarquis.
- Non…
- C’est la triste vérité, hélas. Quelqu’un a décidé de vous tuer, m’a appelé, et maintenant, vous êtes mort. La vie a bien peu d’importance face à l’argent, n’est-il pas ?
Jules Dumarquis bascula en arrière, et Jackson sortit de la pièce.