Scenario V : Les halles centrales

Lorsque le couple composé du physicien et de Constance parvinrent enfin aux Halles, la place du Châtelet était encore en pleine effervescence : un groupe de forains commençaient à installer les premiers préparatifs d'un cirque et les chapiteaux illuminaient l'endroit de leurs couleurs bariolées.

A coté, la malheureuse église de Sainte Eustache faisait bien pâle figure.
Le physicien désigna l'édifice religieux à la jeune femme...

- C'est ici ! Mais je suppose qu'il va nous falloir traverser la foule de badaud...Gare à vos affaires personelles !

Malgré l'apparente ambiance de gaité, le son caractéristique d'un orgue de barbarie duquel s'échappait une mélodie douce-amère eut le pouvoir de rendre constance mal à l'aise... Tout cela sonnait faux... Cette gaité ambiante surfaite et presque forcée... Ces visages grimés et exagérément gais qui l'entouraient de toutes parts... Et le contraste de cette façade usée par le temps dont ressortait une sorte de mélancolie lancinante...

Elle ressera la pression de son bras et plaqua son sac à main contre elle, quelque peu inquiète...

Se ressaisissant, elle afficha un air serein et la curiosité reprennant le dessus se laissa entraîner à l'intérieur de l'édifice....


Le silence qui les enroba soudain les transposa dans une athmosphère feutrée et recueillie... Quelques fidèles agenouillés devant la statue d'une vierge à l'enfant, priaient ardemment, à genoux sur le sol froid...

Le visage de marbre de la vierge semblait regarder dans le tréfond de l'âme de Constance, pourtant force était de constater que la jeune femme ne se démontait pas...

Le prêtre, n'osant approcher du couple de scientifique resta un instant dubitatif et semblait ne prendre aucune décision....

En observant le faciès de la statue, on pouvait voir que le liquide rouge avait coulé sans interruption depuis plus de trois jours et les traces "sanglantes" s'étirait le long de la robe de la madonne...
Plusieurs fidèles se signaient avant de toucher les "larmes" de la Sainte, d'aucun les portaient à leurs fronts ou à leurs bouches...
Tous regardaient avec une adoration mêlée de crainte ce phénomènes improbables qu'une cohorte de crédule eut tot fait de transformer en avertissement....

- Craignez ! Craignez la colère de Dieu ! Car le tout puissant est mécontent de nous ! hurlant un mendiant en entrant dans l'eglise...

Faisant fi du prédicateur, attirée comme un aimant par le liquide qui s'écoulait, Constance qui s'était munie de son matériel, s'approcha du prêtre et lui demanda aimablement si elle pouvait en prélever quelques millilitres dans dans une pipette...

Sentant le refus venir, elle argua du fait que si explication scientifique elle ne trouvait en analysant le contenu de la fiole, alors peut être cela relèverait-il du miracle...

Cet argument transfigura le visage du prêtre qui, enthousiaste la dirigea vers la statue...
Elle eut le temps de surprendre le regard amusé du physicien.






( so sorry d'avoir été absente si longtemps du scénario... J'ai été en dessous de tout ... Pas sympa.... Cela ne se reproduira plus ...)

Aussitôt, le sillon qui s'était dessiné sur les joues et la robe de la madonne disparurent....
C'était comme si, jamais tout cela n'avait eu lieu....


Seul le liquide rouge au fond de la pipette attestait que tout cela était bel et bien arrivé.

Surprise, elle se retourna vers le physicien...

Les fidèles s'étaient relevés et l'observaient maintenant avec animosité...

Le prédicateur se mit alors à s'époumonner dans l'église qui résonna bientôt de ses cris discordants et à la limite du supportable...

- "Créature du diable !!! Qu'as tu fait ? Créature du diable !!! Maudite sois tu !!! "

" Allons, allons.. Soyez raisonnables voyons ! Ne voyez vous pas que cet homme est vraisemblablement un demeure ?" [i] tenta timidement le physicien.

Les fideles, interrogatifs, etaient partage entre le doute et l'effroi d'avoir perdu l'une des preuves tangibles de la saintete de leur idole...
Le pretre entraina les deux scientifiques vers ses appartements avant de disperser a grand peine les croyants et le menacant prophete...

Refermant la porte de ses appartements derriere lui, il fixa les deux intrus avec une lueur d'animosite dans les yeux...

- Par la sainte vierge, ne serais je donc jamais un instant en paix ? Qu'etes vous venus chercher ici ? Et quelle troubles supplementaires voulez vous ajouter que je n'ai deja ?

Souhaitant appaiser la colère de l'homme d'église, Constance lui adressa son plus beau sourire.

Pardonnez nous toute cette agitation mon père.
Nous sommes aussi étonnés que vous. Pour ma part, je chercherai l'origine de ce liquide, et dès que j'en saurai davantage, je viendrai vous en rendre compte, soyez en assuré.

Elle regarda une dernière fois le liquide saumâtre à présent avant de l'enfouir dans son sac à main et de presser celui ci précieusement contre elle. Elle ajouta, hésitante..

Pourriez vous nous faire sortir par une porte dérobée ? Je ne voudrais pas que notre présence dans la nef vous cause des désagréments supplémentaires.

Cette dernière phrase eut l'air de convaincre le prêtre qui les dirigea vers une lourde porte en bois de chêne semblant ne pas avoir servi depuis fort longtemps, si l'on en jugeait la quantité de poussière accumulée sur la clanche...

- Ce petit conduit vous menera vers la rue Montorgueil...

ajouta l'homme d'eglise en poussant la porte, puis dans un souffle continua

- Les gens sont inquiets comprenez vous ? Ils ont besoin qu'on les rassurent, et je ne crois pas, avec tout mon respect, que la science puisse leur etre en aide en ce moment precis...
Seul le Seigneur le pourra, puisse t'il vous faire revenir a la raison, termima t'il en fermant la porte.

La lumiere inonda les yeux de la jeune scientifique et le physicien qui n'avait pas pipe mot, retrouva la bonne humeur.

- He bien ! Quel carnaval n'est ce pas, pour un peu de rouille..Vraiment faut il que les gens soient aveugle pour se laisser aller a ce genre de sornettes...Venez, nous allons a mon laboratoire, cela me fera l'occasion de vous le montrer. Qu'en dites vous ?

- J'en dis que je vous suis !

Sa curiosité poussée à l'extrême, son goût pour l'exactitude lui donnaient cette allure impatiente et passionnée soudain... Seules la recherche d'une vérité rationelle pouvait mettre Constance dans une telle joie.

A elle les alambics et les lunettes grossissantes...
Elle sourit, enchantée et emboîta le pas au physicien...

- Et où se trouve donc votre laboratoire ? De quels outils est il équipé ? Possédez vous ces nouveaux microscopes photoniques ?? Il parait qu'ils savent grossir les molécules par 2000...

Sans se rendre compte le moins du monde qu'elle faisait pleuvoir les questions, Constance s'était soudain métamorphosée en ce qu'on appelle communément un "moulin à paroles" ... Elle si réservée envers les personnes quasi inconnues montrait enfin sa nature généreuse et passionnée.

Le physicien se detentit devant l'assurance de Constance...
Les femmes resteront donc ce qu'elles sont, aussi erudite soit elle, la langue semble toujours autant les bruler...

- Votre passion vous honore, mais je risque de vous decevoir : mon laboratoire est certes consequent, mais j'attend de plus amples financements de la part d'un industriel suisse, sur un projet qui me tiens vraiment a coeur...Mais assez parle, je vous montrerai une fois arrives...

Paris : Laboratoire de la rue Verneuil