Theatre Cleonte, rue de la Huchette

Iris arriva face au théâtre, ce n'était pas si loin que ça finalement... Bon elle ne savait pas trop comment s'y prendre... Elle se dirigea vers l'un des guichet qui était encore ouvert. Après quelques minutes d'attente, elle s'adressa a la guichetière... Lui expliquer toute l'histoire

"Bonsoir, on m'a dit qu'on pouvait auditionner dans votre théâtre, a qui faut il que je m'adresse ?"

[HRP]: Je fais le texte jusqu'a Xavier Estrechi ?

[HRP: Sorry for late, Week end tout ca...]

La megere qui faisait office de caissiere devait avoir un age identique aux pieces que proposait le Cleonte.
Cent fois, elle avait du voir le visage de jeunes actrices pretes a tout pour decrocher un role et cent fois, elle leur avait afficher ce regard de marbr, capable de detruire aussi facilement un enthousiasmen naissant qu'un enterrement

- Monsieur Estrechi est occupe... Il discute avec ces messieurs de la police..Devriez d'abord faire un tour pis vous vetir comme y faut.

- C'est la troisième fois Xavier, la troisième ! La police va penser que nous y sommes pour quelque chose...Il n'ont pas voulu nous croire, j'en suis persuadé.


- Mais je m'inquiète autant que toi Roland...Ces enfants étaient si jeunes...Mais qu'est ce qui peut bien pousser quelqu'un à agir de la sorte et pourquoi nous ? Je pense que nous devrions faire appel à un enquêteur privé...

A travers la porte, Iris pouvait entendre les deux hommes nerveux et agités parcourir le corridor puis fermer derriere eux ce que la jeune femme pensa être la porte d'un bureau

La porte s'ouvrit sur les deux hommes assis l'un en face de l'autre.
Le premier, grand et mince, devait avoir une quarantaine d'années environ, ses cheveux blonds tendaient à se faire plus rare sur son front, mais sa courte barbe bien taillé le rajeunissait quelque peu.
Assis au bureau se tenait un homme plus agé, petit et sec, aux tempes poivre et sel, taillées en favori...

Il sursauta à la vue d'Iris

- Qu'est ce que ? Qui vous a permi d'entrer ici ?

La bouche du directeur s'ouvrit et se referma, étonné de ce culot insensé...
Il reprit pourtant contenance et pointa du doigt la porte

- Je ne sais pas qui vous êtes mademoiselle et encore moins comment vous avez pu rentrer ici, mais tout ce que je peux vous dire, c'est que votre curiosité morbide ne sera pas assouvie ici ! Nous respectons la mémoire des morts.
Si vous ne sortez pas immédiatement, croyez bien que je vais de ce pas saisir la Sureté !

Estrechi écarquilla les yeux et fixa Iris avec une gravité qui se mua petit à petit en pitié...
Il hésita, puis se levant la saisie par l'épaule....

- Mademoiselle...Je..J'ignorais que "Mathy" avait une soeur...Je..

Il déglutit et devint plus pâle encore...

- Mathy est...Mathy est morte assassinée cette nuit...Je suis navré...

Estrechi voulut commencer à parler mais il fut très vite interrompu par son collègue...

- Xavier n'en rajoute pas je...

Mais le directeur reprit la parole et tapotant le bras de son collègue...

- Non...Elle doit savoir...

Estrechi versa trois verres d'eau de vie puis en servit deux à ses interlocuteurs

- Votre...Votre soeur n'est pas la seule victime...et la Sureté m'a l'air tout à fait impuissante à faire quoi que ce soit. Les inspecteurs n'accordent pas la moindre attention à ce que je peux leur dire.
C'est la troisième actrice que je perds pour le rôle de la "Veuve de Cordoue", une pièce qui a eu un triomphe à Madrid. Une pièce moderne et majeure, engagée et surtout qui transcende le premier rôle, celui de Mercedes, que tenait votre soeur.
C'est un rôle très exigeant, il faut du tempérament, du charme, de la sensualité...

A chaque fois que l'on retrouve les corps, ils semblent avoir été défigurés par une bête..Georges, le gardien accompagnaient les filles jusqu'à dehors et n'a jamais rien remarqué d'anormal, mais ce rôle commence à avoir une mauvaise réputation maintenant.
Vous savez comment sont les gens de théâtre ... Ils sont superstitieux.
Un évènement comme celui ci risque tout simplement de ruiner mon commerce, plus personne ne veut jouer chez moi....

Xavier fût étonné par l'aplomb de la jeune femme, malgré le fait qu'elle ait perdu sa propre sœur...Il secoua la tête...

- Nous essuyons bien des attaques des critiques de théâtre un peu conservateurs...C'est vrai que nous sommes un peu avant gardiste, mais de là à...Non, c'est insensé...
Le rôle était convoité c'est vrai, et les jeunes filles sont parfois de cruelles rivales, mais tout de même pas...et puis avec une telle sauvagerie...Non, c'est ridicule...

"Vous avez raisons je... je m'égare... pauvre... pauvre Mathy..."

Iris se rendant compte qu'elle ne pourrait feinter très longtemps, mais s'efforçant de paraitre le plus crédible possible...

"P... Pouvez vous me... me dire... Mon dieux cette simple idée... Me dire dans quel endroit se trouve le corps de Mathy, il faudrait lui offrire une sépulture décente..."

*Et ce n'est pas peu dire* pensa iris en revoyant le sans visage...

- Vous...Vous n'avez pas été avertie ? s'étonna Estrechi.

- Xavier...Ça s'est produit ce soir.Pourquoi mademoiselle aurait elle fait irruption ici si elle avait été avertie ? le corrigea son ami... Elle est à la morgue...Je suppose que l'on vous rendra le...le "corps" d'ici demain...C'est l'inspecteur Chapier qui est en charge de l'affaire à ce que j'ai cru entendre...
Si vous avez besoin de quoi que ce soit, nous sommes là.

Le fiacre s'arrêta devant le Cléonte. Lucien sortit, tint la porte pour laisser descendre Cassandre Désaubry et paya le cocher. Il n'y avait personne au guichet et la porte était ouverte. Cassandre et Lucien entrèrent. Ne serait-ce que par le hall d'entrée, on voyait que ce lieu de spectacle, qui ne payait pas de mine à l'extérieur, était un théatre majestueux. Lucien réfléchissait déjà à la manière dont nos deux "artistes" allaient se présenter afin d'être retenus. Juste à ce moment là une porte s'ouvrit et un homme distingué entrait dans la pièce. Lucien comptait sur Cassandre pour l'aider lors de l'entretien. Il entama la discussion.

"Bonjour monsieur. Nous sommes artistes et nous souhaitons rencontrer le directeur afin de lui présenter notre numéro"

" C'est à dire, monsieur, que le Cleonte est un théâtre et ..."
" Et il y aura toujours de la place pour les artistes, Edmond, coupa une voix joviale.
L'homme assez jeune et élégamment habillé sourit aux nouveaux venus.
Malgré son allure jovial, la fatigue se lisait sur son visage creusé, il accorda néanmoins le baise main à Cassandre et serra la main de Lucien...

- Excusez Edmond, il est nerveux depuis quelque temps. Mon nom est Xavier Estrechi, propriétaire des lieux.
Vous êtes artistes, dites vous, beaucoup se vantent de ce titre sans en connaître le sens véritable, mais je gage que vous allez pouvoir me rassurer.
Entrez.

Le directeur les invita cordialement dans la salle de spectacle

- Alors... Quelle surprise vous réservez nous ?

Cassandre s'avança dans la salle de spectacle, un sourire mystérieux aux lèvres...Il lui fallait piquer la curiosité de ses auditeurs!
- Vous êtes le propriétaire d'un théâtre d'avant-garde qui dit-on est prêt à prendre quelques risques. Nous ne sommes certes pas des comédiens de théâtre, mais nous ne sommes pas, pour autant, là par hasard.

En quelques instants le matériel des « artistes » fut déposé sur la scène et Cassandre sortit délicatement son imposant instrument de son étui. Ses gestes étaient lents et mesurés. Se mettant en position, l'archer muet en attente sur le violoncelle, elle développait son sujet, sans se presser, afin de laisser à son accolyte le temps de se préparer:

- Maître Zoltar et moi-même ne cherchons pas le haut de l'affiche à tout prix. Non, ce n'est pas ce qui nous grise, voyez-vous... Ce que nous souhaitons, c'est toucher le public en un lieu et une place où il ne nous attend pas. Nous frémissons à l'idée de sentir l'émoi et la surprise s'installer dans les gradins.
Imaginez : le premier acte vient de se conclure, c'est l'entracte, les passionnés de Molière sont confortablement installés dans leurs fauteuils, ils patientent et s'impatientent dans le brouhaha des conversations. Soudain, une douce mélopée retentit... s'insinuant partout dans le théâtre, imposant le silence.

Cassandre entama alors un air profondément mélancolique.
- Arrive alors sur scène un homme élégant, à la démarche assurée. Il se dresse seul au milieu de la scène, face au public, et laisse glisser sa cape sombre le long de ses épaules.

Cassandre jetta un oeil vers Lucien, espérant qu'il était maintenant prêt...

Maître Zoltar... Cassandre avait donc opté pour cette boutade lancée par Lucien! De plus, l'aplomb de la jeune fille était désarmant. Elle présentait ce que Lucien ne pensait être qu'un banal numéro de prestidigitation réhaussé par l'ambiance que pourrait créer la musique du violoncelle, comme un partie intégrante de la pièce. Un peu comme si à eux seuls, nos deux artistes en herbe pouvaient se mouvoir dans la pièce, voire lui donner plus de corps.

Il fallait maintenant se montrer à la hauteur avec seulement cette cape, un simple jeu de cartes, quelques pièces de cinq sous prises au préalable et les accessoires environnants. Lors de leur trajet, Lucien et Cassandre avait élaboré un vague scénario basé essentiellement sur l'improvisation. Lucien préviendrait sa partenaire par un geste imperceptible quelques secondes avant la fin d'un tour pour que la musique souligne sa réussite.

La musique inspirait la solennité et Lucien exécuta chacun de ses tours, toutefois basiques, avec lenteur et précision, sans prononcer un mot, et ne se faisant comprendre que par gestes, afin que la musique prenne le pas sur sa démonstration basée uniquement sur la dissimulation, la réapparition. Il détournait l'attention du spectateur pour mieux l'étonner ensuite; donnant l'impression, par exemple de faire sortir de toutes parts du corps du directeur des pièces de cinq sous.

Chacun des tours n'étaient finalement que les bases du bateleur et du compère voleur à la tire. Mais la musique, superbe et lancinante, l'aidait à les exécuter avec plus de grâce et d'élégance. Il conclut en empruntant à M. Estrechi, sans qu'il s'en aperçoive, sa montre à gousset, non rattachée à son veston, pour la faire réapparaître sous sa cape.

Tous deux saluèrent. Lucien n'était finalement pas trop rouillé. Et il devait admettre que Cassandre Désaubry était plus qu'une apprentie artiste. A croire qu'elle était presque une professionnelle.

Pour Lucien (même Lucien Bon. ça donne pas d'indice, vous êtes pénibles ) et Cassandre

- Du Molière au Cleonte, cela fait longtemps que cela ne s'est pas fait, mais je suis curieux de voir votre numéro.

Estrechi observa avec attention et avec un certain enthousiasme le numéro improvisé des deux compères...
Les tours étaient bien exécutés, même si le directeur artistique avait déjà vu un nombre incalculable de prouesses similaires, mais la fluidité des gestes et leur accord magique avec l'harmonie de l'instrument grave et profond donnait une ampleur plus que captivante à l'ensemble :toute l'alchimie du numéro tenait dans cette corde fine qui liait les deux être...
Certaines choses pouvaient être travaillées, mais c'était résolument novateur...

Etonné par la dernière passe de Lucien, Estrechi ne put se retenir de rire en applaudissant...

- Etonnant ! Vraiment étonnant ! Vous savez créer une atmosphère et j'aime ça... En perfectionnant votre numéro, vous pourriez y donner un souffle déjà résolument novateur !
Je vais vous prendre à l'essai, mais ce sera au public de juger. Je vais de ce pas rédiger vos contrats et Edmond vous présentera à Gilles, pour ce qui touche à l'intendance...

Pour Lucien Bonmel

Début de soirée, dix-huit heures sonnent à l'église de Saint Séverin, et plusieurs spectateurs se pressent au théâtre pour acheter des billets pour la pièce de ce soir.
Pourtant, le regard aiguisé de Lucien repère un couple, dont la femme semble porter un large étui d'instrument.
Tout deux emboîtent le pas d'un homme élégant, qui semble être un des responsables du théâtre...
Bientôt, tous s'engouffrent dans le théâtre, laissant Lucien sur le parvis du bâtiment

Ils étaient engagés et, même si ce n'était qu'à l'essai, ils avaient gravi la première marche! Mais le chemin était encore long. En effet, Lucien devait s'informer sur les meurtres. Ils avaient peut être un rapport avec la pièce...Il fallait qu'ils connaissent cette pièce et qu'ils rencontrent l'entourage professionnel des victimes et, surtout, de celle qui pourrait être la prochaine!
Lucien remercia Xavier Estrechi et lança :

"Ma partenaire, la ravissante Zora - il fit un clin d'oeil à Cassandre Désaubry - et moi-même sommes honorés de pouvoir jouer en ce lieu. Zora vous a parfaitement expliqué en quoi consisterait l'exercice et la recherche de concordance, de symbiose avec le spectacle.
A ce propos, serait-il possible d'obtenir un texte de la pièce en cours afin que nous puissions nous imprégner de son ambiance, nous accorder avec celle-ci?
Et, mais ce serait peut-être trop demander, pourrions nous rencontrer les comédiens et le metteur en scène? Ils nous aideraient grandement à mieux saisir l'atmosphère qui doit se dégager de chacune de nos interventions."