Les mains dans les poches, elle sortit d'un pas concentré de la librairie. Elle n'avait pas envie de travailler, aujourd'hui: hier, la récolte avait été bonne. Montparnasse était toujours efficace quand il s'agissait de se remplir les poches -ou de vider celles des autres.
Elle retraversa le pont pour se rendre vers chez-elle. Lexie avait trouvé un bâtiment qui abritait un petit commerce, un fleuriste, duquel le grenier était abandonné. L'étage du bas semblait avoir été remise sur pied, et on avait bouché l'accès au grenier: ce dernier était beaucoup plus décrépi: il y avait un grand trou, à l'avant du bâtiment, et le mur extérieur droit n'avait rien d'un mur... À l'intérieur, des vestiges d'un ancien logis restaient debouts. Quelques chats de gouttière y avaient élus résidence, ce qui empêchait les souris et les rats de faire du grenier leur palais.
Après avoir vérifié l'état des lieux, elle s'y était installée.
Le grenier était rempli de livres de toutes sortes: on y trouvait de la poésie autant que de la littérature étrangère, ou des livres pour enfants. Les planches qui constituaient le plancher étaient minces et craquantes: Lexie devait faire gaffe à l'endroit où elle posait ses pieds, et au poids qu'elle déposait. Pendant les heures d'ouverture du commerce, elle devait vivre dans le silence le plus total: ses déplacements et ses actions devaient rester, pour les gens du bas, secrets.
Lexie contourna la devanture du magasin de fleurs pour se diriger vers la gouttière, qui longeait le mur. S'assurant que personne ne la regardait, elle s'y agrippa, et en commença l'ascension, agile. En moins de deux, elle s'était glissée dans le grenier rempli de livres. Elle déposa sur une poutre qui lui servait d'étagère Charles le Téméraire sa nouvelle trouvaille, tandis qu'elle grimpa un peut plus haut, sur une planche qui lui servait de chaise.
Souriant joyeusement, elle prit le livre, puis en commença la lecture.