Les Mains Balladeuses

[Ce texte constitue une préquelle aux évènements parisiens qui secoueront le théâtre du Cléonte deux semaines plus tard]

L'hiver parisien commençait à affûter ses dents sur les joues rougies des derniers promeneurs qui traînaient leur guêtre aux Buttes Chaumont, que l'Empereur venait de faire terminer...



L'endroit connaissait un certain succès auprès de la bourgeoisie avide de quitter la grisaille des rues en réfection ou des usines des alentours, et était donc tout indiqué pour un sport tout particulier : la traque aux rupins...

Lexie frissonait, dans son manteau blanc. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine et tourné le dos au vent pour tenter de se réchauffer. Elle regardait d'un air détaché les passants qui se pressaient, tout aussi incommodés par le froid qu'elle. Pourtant, elle les scrutait attentivement: son oeil vif repéra un homme, seul, qui constituait une cible de rêve. Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire malin, qu'elle s'efforça de transformer en un sourire charmeur.
Lexie se mit en route, calquant sa trajectoire en fonction de celle de l'homme, afin qu'ils se croisent. Elle prit bien soin de ne le regarder seulement lorsqu'il se trouva à quelques mètres d'elle, lui décochant un regard qui déconcentra le passant de tous ses problèmes personnels... Alors qu'elle engageait la conversation, Lexie se rapprocha de l'homme, pour être suffisament près pour lui subtiliser le contenu de ses poches.

-Pardonnez-moi, dit-elle en planta son regard dans celui de sa victime, alors qu'elle glissait sa main dans les poches extérieures de la veste de l'homme, les vidant par la même occasion.
Le pauvre homme, abasourdit par le regard de Lexie, n'y vit que du feu.

-Vous avez l'heure?

En balbutiant, la victime sortit une montre à gousset, la consulta puis répondit à Lexie, qui, feignant d'être en retard, prit congé de l'homme, non sans lui décocher un dernier sourire resplendissant.
Elle s'éloigna en retrouvant son air concentré, déjà à la recherche de sa prochaine cible.

Lexie, qui s'était arrêtée en retrait de la voie, remarqua un autre homme, se tenant sur la place, le regard voilé. Elle sourit furtivement: sa satisfaction lui eut échappée. Elle tourna la tête de chaque côté afin de s'assurer que personne ne la regardait: après tout, ne venait-elle pas de s'exclamer qu'elle était en retard?
Heureusement pour elle, l'homme rondouillard qu'elle eut arnaqué plus tôt avait préféré s'en aller rapidement: sans doute lui aussi était-il attendu quelque part. De plus, personne ne semblait avoir remarqué leur conversation. Rassurée, elle se remit à observer l'homme au regard absent. Il avait d'ailleurs une drôle de chevelure: noire aux reflets rouges, elle intrigua l'arnaqueuse.
Elle fouilla mentalement dans sa liste de stratagèmes d'arnaque: elle devait trouver quelque chose de différent pour cette fois... D'habitude, elle prenait soin de ne pas détrousser deux fois dans le même secteur, mais il s'agissait là d'une opportunité qu'elle aurait été folle de laisser passer.
Prenant soin d'agir dans la discrétion, elle se pinça les joues à plusieurs reprises afin de les faire rougir, simulant ainsi la gêne. Puis, elle repéra la poche extérieure de la veste de l'homme: c'est là qu'elle plongerait la main.
Encore une fois, elle calqua sa trajectoire afin qu'elle frôle malencontreusement l'homme. Portant son regard vers le sol, elle marcha d'un bon pas: arrivée à sa hauteur, elle frôla l'homme vers la gauche, en profitant pour faufiler sa main dans la poche de la veste, mâchonnant un faible «Excusez-moi»[i] après l'accrochage.

Elle avais mordu a l'hameçon...Il allais pouvoir faire connaissance
Armand attrapa la main de lexie dans un geste vif, mais avec délicatesse, dans sa poche et la retira pour que la prene pas pour ce qu'elle est, tout en la tenant pour qu'elle ne fuit pas...

-Les apparences sont parfois trompeuse mademoiselle... Je me présente Armand Legoupil, vous êtes ?

-Confuse, à priori...
Elle posa sur lui un regard vif, intrigué et dur. Puis, après quelques temps, elle regarda sa main qu'il tenait encore.
-Vous voudriez bien me rendre ma main, continua-t-elle, distante.
Lexie se sentait prise au piège. Qui était cet Armand Legoupil, assez agile pour avoir décelé son mouvement?
Lexie prit la décision de rester vague, concernant son identité: elle ne faisait plus confiance à personne, depuis qu'elle s'était réveillée ce matin-là, désorientée... Elle décida de jouer la carte des excuses: peut-être n'était-ce qu'un malentendu, et pourrait-elle alors le confondre en prétendant qu'elle l'avait bousculé par maladresse, sans plus.
-Je suis désolée, reprit-elle. (Elle se força à sourire avec charme tout en plongeant son regard dans celui de Legoupil) Vous n'avez pas idée à quel point je peux être maladroite, quelquefois...

Il lui adressa un sourire amusé...

-Vous mentez vraiment bien et c'est un compliment... Je vous ai vu faire tout a l'heure , joli geste, vous avez la main sure... Je vous rassure de suite, je ne suis pas policier, je suis dans une situation proche de la votre, du moins j'imagine. Je pense pouvoir vous aider a vous améliorer un minimum.

Il lui lâcha la main...
-Maintenant a vous de décider si vous acceptez mon offre ou si vous partez en courant.

Lexie fronça les sourcils. Elle le regardait comme si seul son regard pouvait lui révéler s'il disait la vérité...
Elle tourna la tête sur le côté, se grattant distraitement l'oreille. Dans sa tête, les réflexions s'enchaînaient à une vitesse folle: bien sûr, qu'elle avait besoin d'aide. Pourtant, elle ne pouvait se fier à personne: mais il l'avait percée à jour, ce qui ne lui était presque jamais arrivé (à ses débuts, elle avait... du progrès à faire)...
-Je m'appelle Lexie, dit-elle du tac au tac, en se retournant pour lui faire face. Lorsque vous avez mentionné votre situation, soit-disante proche de la mienne: de quoi s'agit-il? Vous m'avez percée à jour, alors vous pouvez bien m'informer davantage sur vos... occupations!

-ça me parait juste, il a 9 ans j'était étudiant, je voulais devenir archéologue, et pour financer mes études j'ai du voler une oeuvre d'art , j'avais presque terminé mes études ...Puis j'ai été envoyé au bagne pendent 5 ans puis un jour je suis sorti. Et je savais que les gens sorti du bagne n'avais aucune chance de J'ai donc contacté des gens "peu fréquentable"

dit il en riant. Puis il lui adressa l'oreille

-Un homme m'a reconnu et m'a proposé de travailler pour lui, j'ai accepté...



depuis Je suis tueur a gage et trafiquant d'antiquité...

-Tueur à gages, souffla-t-elle pour que lui seul entende, je devrais m'inquiéter, peut-être?
Elle rit d'un petit rire.
-Vous êtes étrange, dit-elle du tac au tac, changeant de sujet. Vous n'avez pas l'air de ces autres pickpockets... C'est pourquoi j'accepte de vous suivre.
Elle le fixa de son air malin, puis ajouta:
-J'espère que ça rapporte plus que ce que je fais déjà!

-ça dépend de l'objet ou de la tête a faire tomber...Mais ça rapporte toujours plus que de faire les poches de quelques pauvres gens. Il eut un léger rire

-Je pense qu'on pourrais s'associer, il a des gens que je ne pourrais pas approcher tandis que vous avec votre figure angélique... Venez donc chez moi ,j'ai en tête 2, 3 idée qui vous vont vous permettre d' améliorer votre dextérité... Par exemple j'ai un manequin couvert de grelot qui vous serais bien utile...

-J'accepte de vous suivre. Je ne vous garantis pas que je resterai, par contre.
Lexie n'avait pas une confiance inébranlable en cet Armand. Il se disait voleur, tout comme elle: mais les voleurs étaient-il vraiment des personnes de confiance?
-Alors... Si je comprends votre intention, vous me proposez des leçons plus ou moins criminelles, et en échange, je vous aide à accomplir vos desseins? Qu'en est-il des pourcentages des revenus?

-Il me semble qu'un 50/50 sur chaque mission que nous faisons ensemble est équitable ,non ?...Finallment plutôt que d'aller chez, moi je vous prose un petit test grandeur nature, au dragon de Jade... Ne vous inquiétez pas j'ai une ou 2 relation là bas en cas de problème...

Armand tandis la main a lexie

-rendez vous a 8 heures, cela vous convient ?

Le défi lui plaisant, Lexie prit la main que lui tendait Armand et l'effleura plus qu'elle ne la serra.
-J'y serai, monsieur Legoupil.

Elle s'éloigna, le regardant de la tête au pied, hocha la tête pour le saluer, puis le croisa vers la gauche, continuant son chemin. Après quelques pas, elle se ravisa: reportant son regard vers lui, elle le héla:
-Au fait, monsieur Legoupil... Ne vous en faites pas, pour ce soir... Il n'y aura aucun problème. Comptez sur moi.

Lexie tourna les talons.