Les mains balladeuses.

Danielle marchait lentement sous le petit soleil du matin, caché par les bâtisses de la vieille ville, les yeux carressant les murs de briques qu'elle connaissait tant. Elle était sorti de chez elle depuis bientôt une demie-heure mais c'est comme si elle s'éveillait tout juste: les yeux embués, les cheveux en désordonnés et les mouvements ralentis. Elle se décala de la route, manquant de percuter un cheval et alla s'appuyer contre un mur, les yeux scrutant la foule, les passants un a un et en tant que tout.
Danielle s'allume une cigarette, jette l'allumette au sol et murmura pour elle même :

-Allons, est-ce que ce matin une belle paye me tendra les bras? Je mangerais bien au restaurant...

Après quelques minutes d'attente, un malhonnête vint faire une proposition douteuse à Danielle, pour une somme que d'aucun jugerait d'insignifiante...
Rougissant lui même de son affront, il n'attendit pas la réponse pour filer...
Aujourd'hui, le public était pourtant nombreux car le jour de marché avait attiré un nombre important de paysans tout droits sortis de leurs campagnes...
Cibles facile et parfois fortunée pour Danielle....

Résolu une fois de plus a ne pas trouver de bourse pouvant a elle seule lui payer une semaine de repos, Danielle jette sa cigarette après avoir tiré une dernière bouffée, plus lente. Danielle se faufile dans la foule cherchant des yeux des personnes ayant l'air perdu et des mains des bourses ayant l'air remplies. Soudain elle le voit: le paysan habituel: venu pour la première fois a la capitale, on a du lui dire qu'il y avait plus de travail ici. Elle s'approche de lui en poussant plus ou moins violemment les quelques corps la séparant de sa future victime. Elle le dépasse en partant sur la gauche pour sortir de la cohue.

-Pardon monsieur

Danielle tente de délester l'homme de sa bourse tout en le cognant dans l'épaule, si elle y parvient elle glisse son gain dans un des nombreux replis de sa robe.

Elle sent sa robe, sur laquelle elle a depuis quelques années cousues de plus en plus de petites poches cachées, carresser la jambe de l'homme, et cette fois elle repousse violemment tous les gens ne se poussant pas d'eux même.

Le brave corniaud n'a même pas lever un sourcil sur la jeune femme, se contentant d'observer les manipulations extraordinaire d'un charlatan vantant les mérite de L'elixir du Professeur Pignon.

La porte monnaie est lourd...et son ouverture se revele laborieuse.
Le resultat en vaut la peine : quatre gros billets de cents francs et au moins une centaine d'autres en pièce de cinq ou dix sous !
Pour ce pauvre homme, sans doute l'équivalent d'une demi douzaine d'années de travail...et pour Danielle une sécurité de loyer pour quelque temps...

Pourtant, un étrange pressentiment la parcourt...Et si...Et si elle venait d'être vue ?

Danielle n'étant pas sûre de sa discrétion, quitte la foule en rangeant les billets dans son décolleté et, refermant la bourse sur les pièces, la glisse dans une poche. Quittant l'animation et la foule du marché, elle se dirige vers une ruelle plus calme.

Pensées: Au moins si quelqu'un veut me suivre je verrais immédiatement qui il est...

Danielle marche quelques pas qui lui semble durer des heures avant de replacer d'une main ses cheveux sur sa nuque, occultant par ceci un regard rapide dérrière elle. Puis elle continue a marcher, cherchant a se diriger vers un endroit ou boire quelque chose d'assez fort pour supprimer le gout âcre de l'imperfection du crime qui s'est installé au fond de sa gorge.

La il me faut un bon scotch, même s'il n'est que dix heures du matin.

S'enfonçant dans les ruelles, la jeunes femmes rusée put voir son poursuivant : un homme haut sur patte, dans une capeline noire portant le haut de forme traditionel des inspecteurs de police...
Nul doute, elle était suivie par la rousse...
Pourtant, un soupçon naissait dans son esprit avisé : pourquoi diable ne l'avait t'il pas interpellé de suite ?

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