Centre hospitalier de Saint Anne

J'ai perdu trop de temps en tergiversation, maintenant la Chose est dans le bâtiment avec Luna, je ne peux la laisser seule. Et cette porte qui n'est toujours pas ouverte, je dois me dépêcher.

Blabu se décida enfin à bouger, et arriva à la porte.
Celle-ci était fermée et ne semblait pas vouloir s'ouvrir.

Vite, réfléchis, tu dois protéger ta maîtresse...

L'homme se concentra, se remémorant ce qu'il avait appris sur les vampires et leurs pouvoirs, il se devait d'essayer l'un de ceux-ci sans être certain qu'il fonctionnerait.
Peu à peu, le corps semblait en une brume blanche, on eut dit qu'un brouillard s'élevait autour de sa personne avant de le faire disparaître.
Puis le brouillard tomba, l'homme avait disparut. Seule une légère nappe de brume s'engouffrant sous la porte subsistait.
Mais cela fut de courte durée, la brume passa entièrement par l'interstice sous la porte.

De l'autre côté, peu à peu, une forme humaine apparut de ce brouillard.
Balbu était passé.

C'la aurait été bien trop facile.... La porte était vérouillée..

Soudain, elle se sentit en danger imminent.
Une présence glaciale et brûlante en même temps... Comme si le temps s'était soudain arrêté en attente de quelque chose ou de quelqu'un, comme lorsqu'elle avait traversé l'achéron dans les bras de Volpino.

Elle se colla contre le mur comme si ce simple geste, réminiscences des parties de cache-cache étant gamine, allait détourner cette "chose" de son objectif...

A moins que.... Qu'était donc venu chercher cette présence invisible et terrible ?

Avisant un crucifix, accroché au mur, elle détourna le regard... Le reporta à nouveau. Etrangement c'la n'lui faisait aucun mal, peut être parce que cette croix n'était pas bénie ? Elle en savait si peu sur le monde auquel elle appartenait désormais, c'pendant, l'idée même dérisoire que, quelque part, ce crucifix pourrait la protéger de cette entité qui réduisait l'écart entre elles lui traversa l'esprit. Avançant un bras en direction de l'objet, elle vit subitement une sorte de brume passer sous la porte close, se matérialiser... Balbu...

Elle écuarquilla les yeux de surprise.

Une fois forme humaine reprise, Balbu chercha Luna des yeux. Il sut instinctivement où regarder, sans doute grâce au lien particulier qui les unissait.
Il l'aperçut, mais la Chose avançait en sa direction, il fallait agir.
Même s'il ne savait pas si la Créature était là pour elle, pour eux, ou peut-être à la recherche de la même présence qui les a fait venir ici.
Après tout, là où Coraline et Volpino avait disparu, Luna avait été épargnée.

Malgré le danger, Balbu s'avança vers sa maitresse, sa mission n'était-elle pas depuis leur rencontre de la protéger quoiqu'il arrive. Il ne faillirait pas, quelqu'en soit le prix. Avec un peu de chance, il pourrait permettre à sa belle de s'enfuir...

Le bruit de sa canne résonnant sur le carrelage, l'Autre ne pouvait plus ignorer sa présence.

Balbu... Non... Il n'était pas de taille.... Elle non plus du reste...
Dans un dernier sursaut d'espoir elle tenta le tout pour le tout.

Ses mains s'aggripèrent au crucifix, sentant la chaleur de la chose proche, si proche....

Elle brandit l'objet qui lui brûlait les mains en direction de la créature... Son corps ne lui appartenait plus... Ses pieds ne touchaient plus terre... Suspendue à quelques centimètres du sol en transe, de ses lèvres s'échappèrent d'étranges paroles ... Mûe par un instinct intrinsèque, yeux fermés, hermétique à tout ce qui l'entourait ses lèvres bougeaient et scandaient en une litanie monocordes, langage runique d'un temps oublié.


byþ æþelinga and eorla gehwæs

wyn and wyrþmynd, byþ on wicge fæger,
fæstlic on færelde, fyrdgeatewa sum.
byþ eafix, and ðeah a bruceþ
fodres on foldan, hafaþ fægerne eard,
wætre beworpen, ðær he wynnum leofaþ.
byþ æþelinga and eorla gehwæs
wyn and wyrþmynd, byþ on wicge fæger,
fæstlic on færelde, fyrdgeatewa sum.
byþ eafix, and ðeah a bruceþ
fodres on foldan, hafaþ fægerne eard,
wætre beworpen, ðær he wynnum leofaþ.




Sa voix, sourde, résonna modulée, ferme nuancée d'une certaine ferveur mêlée de dévotion.

Accompagné d'un coup puissant de sa canne sur le sol, Balbu dit d'un ton péremptoire :"HALTE"

Puis continua de parler dans l'ancien langage runique à la Sentinelle.
[Je vous tape le texte traduit, c'est plus simple, même si visuellement les runes dans le messages de luna sont plus attrayantes.]
"Tu ne l'emmèneras pas, pas plus que moi. Ton Maitre ne voudrait pas de nous en Achéron, car ce serait amener la lumière divine en ce lieu. Crois-tu que ce soit une bonne idée que d'apporter la Rédemption et l'Amour là-bas?

Visiblement, tu n'est pas là pour nous, alors ne t'occupes pas de nous, tu as mieux à faire."

Tout en parlant, Balbu s'avança vers la créature, mettant sa main libre dans la poche de sa veste.

Coraline ne sentit qu'un instant la joie d'être sur terre : le froid du carrelage, la couleur douce de la lune, la pureté de l'air... Et puis il y avait son corps fait de nouveau de chair et de sang, ses deux jambes parfaites. Elle admirait sa nudité sous ses cheveux d'or descendant jusqu'à ses fesses lorsqu'elle ressentit la présence...

Un frisson la parcourut. Comment était-ce possible ? Pourquoi avait-elle été envoyée si proche d'une ennemie ? Quelle utilité... ? Ou bien c'était simplement lié au fait que la sentinelle avait dû ouvrir une brêche pour venir là, et qu'on lui avait fait emprunter la même...

"on"... Coraline eut un frisson en y repensant. Mais il n'était plus temps d'avoir des regrets. Elle avait saisi sa chance et devrait assumer.

Elle se dirigea doucement vers la porte et y colla son oreille pour tenter de comprendre de quoi il retournait. Car s'il y avait une sentinelle, c'est qu'il devait y avoir une autre créature... mais qui ?

Et puis, elle devait tenter de se repérer aux voix et aux bruits, car sans ses lunettes aux verres colorés, il lui faudrait fermer les yeux, et donc avancer en aveugle...

Un vampire entre en torpeur lorsque sa réserve de sang est vide ou lorsqu'il est blessé. Il est alors plongé dans un sommeil profond.... Cette hypothèse, écrite dans le mémoire que balbu rédigeait sur ces êtres qui le fascinaient après maintes recherches et que l'on pouvait lire à la page 745 se vérifia.

Luna fut projetée en l'air tournoyant comme une toupie, puis retomba lourdement sur le damier, la blancheur de sa peau égalant celle des carrés nacrés. Un soupir léger, un mot prononcé dans un souffle :


non.....

"Non..."

Cette voix, Coraline la connaissait. C'était à la fois il y avait une éternité et il y avait si peu de temps...

Miss Luna ? Miss Luna était là ? Pour une coincidence...

Elle fit le rapprochement entre la présence de la sentinelle et la détresse de la jeune vampire...

Il lui fallait de l'aide. Mais quelle aide pourrait-elle apporter ?

Elle sentait autour d'elle des ondes fortes de folie, de desespoir, de peur, qui la renforçaient - mais qui renforçaient aussi la présence de la Sentinelle... Et si elle utilisait ses pouvoirs pour sauver la vampire, cela ne ferait qu'accentuer la colère du sbire du Gardien...

Que faire ? Elle ne pouvait rester dans l'inaction mais l'action pourrait lui être de nouveau fatale...

Quoiqu'il en soit, la Sentinelle devait avoir senti sa présence déjà, autant qu'elle fasse front avec Luna; qu'elle connaissait peu mais qui était un des rares liens avec sa dernière excursion sur Terre...

Et puis, elle ne sentait pas de présence humaine, mais la présence d'une autre Créature, un peu plus faible que Luna. Elle ne serait donc pas un handicap avec ses yeux qu'elle pourrait laisser ouverts...

Elle fit irruption dans la pièce, ses longs cheveux d'or encore mouillés couvrant en grande partie son corps, et vint se poster devant Luna à côté de...

- Balbu !?

Le temps qu'elle réalise qu'elle le regardait dans les yeux, il était trop tard... Elle n'avait pourtant senti aucune présence humaine, ses pouvoirs avaient-ils donc tant faiblis ? En tout cas, là n'était pas l'urgence...

Elle fit face à la sentinelle, tremblante de peur mais néanmoins déterminée...

- Ô chasseusse vénérée des terres obscures de l'Achéron, passe ton chemin. Tu sais que ton maître a besoin que parfois les créatures comme nous errent sur terre pour semer la peur et la folie parmi les mortels... Laisse-nous faire cela quelques temps encore, tu reviendras nous chercher plus tard... Je t'en conjure...

Disant ses mots, Coraline se met un genoux à terre en signe de soumission, attendant la réaction de la Sentinelle.

- Nous ne devons pas rester ici, notre présence va paraître suspecte. Tu connais une sortie de secours ? demande-t-elle à l'ancien homme de foi tout en s'apprêtant à porter Miss Luna dans ses bras...

La scène qui venait de se produire était assez extraordinaire, non seulement la Créature s'en était allée ailleurs et Coraline se tenait devant eux.

Sans doute un miracle à mettre au profit de Dieu, Il sait notre quête juste et nous a aidé. Dieu soit loué.

Passé la surpise du retour de Coraline, Balbu se précipita aussi vite qu'il le put auprès de Luna, s'agenouilla et posa sa tête sur ses genoux.

Tout en faisant cela, il s'expliqua :"Un être diabolique se trouve en ce bâtiment, d'où notre présence. De plus Luna et moi avons besoin de sang, et assez vite. Luna vient d'atteindre sa limite. Je vais lui en donner un peu du mien, mais ce ne sera pas assez."

Relevant sa manche gauche, Balbu allait se mordre le bras afin de pouvoir laisser un peu de sang couler, mais se ravisa au dernier moment. Il fouilla dans une des poches intérieures de sa redingote d'où il sortit la paire de lunettes de Coraline qu'il lui tendit. Il l'avait ramassée sur le lieux de sa disparition, elles n'avaient jamais quittée sa veste depuis ce moment-là.

"Tenez Mademoiselle Coraline, cela vous appartient. Ce sera un début, mais je crois qu'il vous faut également des vêtements de toute urgence."

Revenant enfin à Luna, Balbu se mordit à sang le poignet gauche et plaça son poignet au dessus des lèvres entrouvertes de Luna laissant y pénétrer le sang qu'il espérait salvateur pour sa bien-aimée.

Coraline remercia Balbu en mettant ses lunettes aux verres colorés devant ses yeux sans fond.

Puis elle attendit impatiemment, doutant cependant que cela allait réveiller Miss Luna.

Le temps s'écoulait et si, pour l'instant, il lui était bien égal de savoir qui ils voulaient interroger, il lui tardait de sortir d'ici. Elle songea un instant à partir sans eux - mais elle ignorait où se trouvait la sortie et il lui répugnait d'avoir à utiliser ses pouvoirs si près d'une sentinelle devant deux autres créatures.

Au bout d'un instant, elle ne put retenir son impatience :

- Et c'est qui cette personne que vous devez questionner ? On peut toujours l'enlever, vous l'interrogerez plus tard... En portant chacun notre fardeau, nous devrions pouvoir nous mettre à l'abri et s'occuper de tout cela en temps voulu. Non ?

[i] Des bruits de course se font entendre dans l'escalier. Coraline peut ressentir une force sourde et apaisante se rapprocher a mesure que les personnes se rapprochent.
Tous ont l'impression de se sentir plus faible, plus irreels, plus inexistant.
Balbu peut clairement voir que Coraline devient diaphane et que Luna ne va pas mieux du tout, au contraire...

S'étant remis debout, Balbu réfléchit à ce qu'il avait lieu de faire.
La réflexion ne fut pas bien longue, rester ici signerait la mort de Luna et à première vue la disparation de Coraline, alors qu'elle venait à peine de réapparaitre.

Se tournant, vers Coraline :"Bien, nous partons sur le champ, je crois que la personne que nous cherchions est partie sous nos yeux."

Il se rabaissa, prit Luna et la déposa sur son épaule.
"Venez Mademoiselle Coraline, nous allons chez moi, nous y serons à l'abri et l'état de Luna m'inquiète.

Arrivant devant la grande porte d'entrée, Balbu déverrouilla cette dernière et l'ouvrit.

Se tournant vers Coraline :"Dépêchons-nous de quitter ce lieu."

Luna, je vous en conjure, tenez le coup. J'ai besoin de vous.

- Je vous suis, murmura Coraline.

Tout en elle était flots de panique et tout en elle était calme - comme si ses sentiments-mêmes s'affaiblissaient avec l'arrivée de ceux qui niaient son existence.

Elle n'avait qu'une hâte : quitter ce lieu au plus vite.


Chez Balbu

L'Université de Paris

Le fiacre venait de déposer cassandre devant l'imposant édifice...lugubre.

Le faubourg Saint-Marcel s'étendait au pied de la rue Mouffetard, et pourtant c'était un quartier que Cassandre avait très peu l'occasion de fréquenter. Elle était plutôt attirée par les commerces de la Contrescarpe que par les ateliers des Gobelins. elle avait toujours pris soin d'éviter notamment ce sinistre centre hospitalier, où disait-on l'on soignait des gens avec des méthodes novatrices. A entendre les hurlements qui s'en échappaient parfois, Cassandre avait du mal à le croire...

Cassandre passa la grille et s'avança dans l'allée de graviers menant au bureau d'accueil du public...

Nul doute que 'la spectaculaire évasion des aliénés' de la nuit avait dû inquiéter les gens du voisinage et obliger la direction de l'hopital à prendre des mesures de sécurité drastiques, car il n'y avait pas âme qui vive dans le jardin de l'établissement, non plus que dans les rues alentours.

Cassandre hésita quelques secondes sur le palier de la porte d'entrée. Elle prit finalement son courage à deux mains et abaissa la poignée. Elle devait en savoir plus sur cette Solange Rentier. Quelle peste qu'elle ait justement choisie cette nuit pour prendre le large! A moins que cela n'ait pas tout à fait été une coïncidence malheureuse...

Cassandre pénètre dans le grand hall du sinistre bâtiment.
A l'intérieur, un homme chauve en blouse blanche discute vivement avec deux hommes en haut de forme noirs flanqué de deux sergents de ville.


- Mais puisque je vous dis qu'il en manque une ! assène l'homme chauve

- Ecoutez, Docteur, nous ne remettons pas en cause vos compétences de médecin, je vous prierais de ne pas discuter nos méthodes de travail. L'Empereur est soucieux du bien-être et de la sécurité de ses citoyens...Inutile d'affoler inutilement les parisiens.
Si nous parlions de l'entretien sanitaire de votre bâtiment à présent ? Et des rumeurs entendu à propos de...

Le docteur blêmit...

- Très bien, très bien...Vous avez gagné...J'ai tout mes patients ici...

L'irruption de Cassandre fît immédiatement cessé la conversation. Les deux policiers saluèrent le médecin en portant la main à leur chapeau puis partirent sans jeter un regard à la jeune femme.

Cassandre s'approcha du médecin d'un pas décidé. Elle tenait dans ses mains le journal du matin.

- Bonjour Docteur, fit Cassandre d'un ton strict. Je suis envoyé par Mr Brande, le directeur artistique du Cléonte; il n' a pu venir lui même et m'a donc mandaté. A la lecture de la gazette du matin, Mr Brande a eu la mauvaise surprise d'apprendre qu'une de vos patientes, Mademoiselle Solange Rentier, dont il paye de biens exhorbitants frais de traitement depuis plusieurs mois, aurait disparu....L'article annonce même qu'elle se serait évadée de l'asile!
Ce qui est surprenant à dire vrai si l'on se réfère aux derniers rapports de santé assez alarmistes que vous nous avez envoyé, et qui laissaient penser que son cas était grave et nécessitait des soins toujours plus poussés...et onéreux.
Cassandre reprit son souffle :
- Comment donc, au vu de son déplorable état général à vous en croire, aurait elle pu tromper la vigilance des surveillants de l'hospital? C'est une chose que Mr Brande souhaiterait vivement savoir... Mais peut être l'avez vous déjà 'retrouvée'?
Cassandre poursuivit, à la confidence :
- Par ailleurs Mr Brande exige d'avoir une copie de son dossier médical. Et je puis vous affirmer qu'il est assez mécontent, au point d'envisager de placer Mademoiselle Rentier dans un autre établissement. Quelle nouvelles aurais-je à lui rapporter?

Le Docteur eût un sourire narquois à l'énoncé de la jeune femme...

- Les ordres d'un condamné à mort, en passe de se faire décapiter d'ici un jour n'ont, mademoiselle, qu'assez peu de valeur juridique.
A moins que vous ne vouliez reprendre à votre compte l'entretien de Mademoiselle Rentier, qui se trouve d'ailleurs ici même; depuis...ce matin.
L'accident s'explique aisément: une forte concentration de gaz dans l'un des tuyaux à provoquer l'explosion et le personnel a fait son possible pour ramener les aliénés. Tout est rentré dans l'ordre et voilà tout.
L'interrogatoire est terminé ? Car contrairement à certains, j'ai du travail.

- Ah? Vous êtes au courant pour Monsieur Brande? fit Cassandre...
elle adressa au Docteur un sourire un peu géné après son entrée en matière un « tantinet » trop confiante...

- Ecoutez, peut-être aurais-je du être plus franche avec vous? Ce n'est pas Monsieur Brande qui m'envoie.
Je sais que Solange Rentier est toujours en fuite...j'ai entendu votre conversation avec les policiers. Pourtant je ne veux pas vous causer de problèmes avec les autorités, non... simplement... j'ai besoin de connaître les détails de son dossier, son passé est lié à une affaire qui me préoccupe particulièrement.
Ses troubles pourraient être la conséquence malheureuse de son vécu au Cléonte. Je viens d'y être engagée, et l'on y parle beaucoup de Monsieur Brande et de ses relations avec celles qu'il nomme lui-même ses « protégées ».

- Je vous en prie, acceptez de m'aider. Laissez-moi consulter le dossier de cette patiente, ensuite je ne vous dérangerai plus.

Le directeur de l'établissement soupira...

- Vous savez mademoiselle, lorsque l'on fait ce métier, on s'endurcit très vite...Pourtant, on ne peut pas s'empêcher de songer que, derrière ces esprits dérangés, il a des êtres humains.
Appeler cet endroit un hôpital est une plaisanterie de mauvais goût. Il s'agit d'une prison et ces gens de la police me l'ont bien fait comprendre.

Il s'effondra l'air consterné sur un des bancs du hall

- Roland Brande est un inconscient....Mais lui aussi est humain. Je pense qu'il est quelque part puni de ce qu'il a fait.
Vous avez parfaitement raison de penser qu'il est responsable de son état : de ce que j'ai cru comprendre, il a menti à la jeune femme en lui proposant un rôle je crois...J'ai oublié dans quelle pièce. Elle le répétait inlassablement autrefois...Je n'aime pas le théâtre de toute façon. Il regorge de gens comme Roland Brande...

Il a toutefois pris conscience de cela et c'est lui qui finançait le traitement de Mlle Rentier, ce qui explique qu'elle avait une cellule à part.
Pour ainsi dire, son état se stabilisait avant qu'un homme et une femme viennent lui rendre visite...plusieurs fois.

Je ne sais pas exactement ce qu'ils lui disaient mais après chacun de leur passage, elle délirait. J'ai été obligé de suspendre leurs visites, ils l'ont très mal pris et m'ont même menacé.