Scenario VII : Le Chapitre inachevé [Cassandre/Evelynn/Gwen]

Cassandre regardait par la fenêtre entrouverte, celle là même qui avait un carreau brisé et qui donnait sur la petite cour.

- Vous devriez aller jeter un coup d'oeil au jardin clos, frère Blaise, il est possible que des vandales y aient jeté des saletés qui attirent la vermine...Et vu la hauteur des herbes, eu égard au manque d'entretien, autant ne pas attendre la nuit...

Cassandre se rapprocha d'Evelynn et lui murmura :

- Je pars quelques temps, mais je reviens dans la soirée, ne vous inquiétez pas tout ira bien.

Cassandre prit congé. Le frère Blaise, tout à sa lecture, l'avait malgré tout raccompagnée sur le pas de la porte. Cassandre lui glissa à l'oreille :

- Prenez garde à vous frère Blaise, je ne suis pas certain que les gens du coin soient tous très respectueux de l'Eglise, et quelque chose me dit que les étrangers ne sont pas les bienvenus dans le quartier...A toute à l'heure, et merci encore pour tout.

Cassandre s'éloigna vers l'animation de la butte.

Blaise était seul dans la bâtisse. Il lisait cette Bible, mais visiblement, il n'y avait rien d'intéressant. Il soupira, la referma et la reposa dans l'armoire. Il entendit aussi le bruit du vent qui balayait les feuilles, ainsi que le bruit du portail. Il ferma la fenêtre et attendrait l'aube pour ouvrir à nouveau.

Il se dirigea ensuite vers Evelynn mouilla un nouveau linge et le tapota sur son front. Il resta à côté d'elle pour tenter de savoir ce qu'elle avait, Cassandre ne lui ayant pas dit grand chose. Mais lors du séminiare on lui avait appris les rudiments de la médecine.

Il se tourna vers la vieille femme et lui dit.

Pourriez-vous m'en dire plus sur mon prédécesseur et me dire ce qui lui est arrivé ? Un prêtre qui garde une arme à feu dans son armoire, ce n'est pas courant. Il devait se sentir menacé.

Il jeta ensuite un coup d'oeil à la porte du presbytère afin de voir si Cassandre revenait. Il fit une petite prière à Dieu pour que celui-ci protège la jeune femme et qu'elle ne rencontre pas de personnes louches. Il s'agissait d'une jolie femme et elle ne manquerait pas d'attirer l'attention de certains hommes.

Blaise

- Votre prédécesseur ? Ils vous l'ont pas dit... fit la vieille en se signant... Le malheureux... elle hésita un instant... Il s'est noyé...Un histoire bizarre si vous voulez mon avis.

Cassandre

- Poï, Poï...Misère de misère... fit une petite voix s'échappant d'un comptoir de bois datant probablement du moyen-âge... Les bandits...Aïe...

Une main frêle se posa depuis le sol jusqu'au comptoir mais un bruit de ferraille dégringolant sur le sol la fit disparaître de nouveau...

- Poï, poï...Ils m'ont tout renversé !

Le magasin semblait être un atelier de confection, aux vues des étoffes diverses qui étaient accrochées de manière très éparse partout dans la boutique.
Soie, dentelle, chapeau, robe et foulard aux couleurs éclatantes contrastaient avec l'obscurité relative de la pièce, éclairés par deux bougies de suif recouverte d'une cloche en verre trouée d'où s'échappait une fumée légère...

Blaise observa la vieille femme en réfléchissant. L'ancien prêtre s'était noyé, il avait donc été soit assassiné, soit il s'était suicidé. Mais pourquoi se suicider en se noyant, alors qu'il y avait pas mal d'objets pour le faire ici-même.

- Non, ils ne m'ont rien dit, mais mon mentor ne semblait pas très heureux de ma nomination ici-même. Il ne m'a rien, par contre sur mon prédécesseur. Pouvez-vous me donner la date de sa mort, ainsi que le lieu ou toute autre précision.

Les éléments étranges s'enchainaient entre la réaction de Père Corentin quant à sa nomination, l'individu étrange rencontré en bas, Cassandre et son amie, le décès de son prédécesseur. Il ne s'agissait peut-être que de coïncidences, mais cela commençait à faire beaucoup.

Il commençait à se faire tard et le prêtre avait une petite faim et la fatigue se faisait sentir. Il se leva et alla voir les bocaux dans l'armoire pour voir s'ils étaient encore comestibles.

- Ne vous inquiétez pas, ils sont partis, fit cassandre d'une voix douce et rassurante.

Quel chambard! Le magasin avait surement dû être jolimment agencé... avant... et les étoffes exposées semblaient être de qualité. Cassandre avait entendu parler de l'excellente réputation des tailleurs juifs, celui ci ne dérogeait pas à la règle.

Dans un élan de féminité incontrôlable, Cassandre se pencha pour ramasser à ses pieds un magnifique couvre-chef en mousseline et dentelles qui menaçait d'être écrasé par une chaise en équilibre...Au moins celui ci serait sauf!

- Mon Dieu, ce chapeau est une pure merveille!

Cassandre déposa sur le comptoir le 'trésor' qu'elle venait de sauver, puis préta main forte à la personne au sol pour l'aider à se relever.

- Mais que s'est il donc passé par ici?

- Quand qu'il est mort ? Ca doit bien faire un an de ça...Sur le canal Saint Martin qu'on l'a retrouvé.Si vous voulez mon avis, il forçait un peu sur la bouteille...et personne ne v'nait trop plus dans son église...Savez, à Montmartre, les gens sont plus guère religieux...
Les messieurs de la police ont dit qu'il s'était suicidé...Moi, j'y crois pas vraiment vous savez...Un m'sieur de l'église, ça se suicide pas...

Voyant le prêtre chercher à manger, la vieille femme s'agita

- Vous en faîtes donc pas , mon père, j'vais vous le faire moi, le frichti ! Depuis qu'Ernest est plus de s'monde, j'mange toute seule, ça me fera de la compagnie !

Cassandre

L'homme qui se dressait désormais devant Cassandre dépassait à peine le comptoir de sa petite taille. Un visage maigre, mangé par une épaisse barbe d'où émergeait une petite paire de lunette ronde.
Ramassant son chapeau qu'il épousseta il tenta un sourire pour maintenir bonne figure...

- Ho ! Trois fois rien ne vous inquiétez pas ! Ces jeunes gens ont du se méprendre sur le fait qu'un tailleur n'a aucun point commun avec une banque...Que puis je pour vous ! fit-il, impatient de changer de sujet

- Hum, je vois, tant mieux! Ouf! Un instant j'ai cru que ces truands vous rackettaient et avaient mis à sac votre magasin...

Cassandre s'approcha du comptoir pour mieux dévisager son interlocuteur. Avait il été molesté?

- Combien pour ce chapeau? Oh, il est vraiment magnifique, mais je crains de ne pas avoir assez d'argent malheureusement, soupira Cassandre d'une sincère déception...Je passais dans le quartier pour rendre visite à Mr Katz, un artiste de la butte, juif et polonais m'a t on dit, et qui habiterait proche d'ici. Vous le connaissez? On le dit très talentueux...Oh! Bonté divine, quelles merveilles!

Cassandre avait du mal à retenir son émotion devant la beauté des étoffes éparpillées sur le sol. Elle venait tout juste d'apercevoir une paire de gants montants en satin noir d'un chic...Elle en était toute émoustillée!

- Et pour ces gants, c'est combien?

- Hum, je vois. il est vrai qu'il est rare qu'un homme de l'Eglise se suicide, mais bon, nous vivons pour Dieu et ses fidèles et sans fidèles pour officier cela peut vite devenir pesant. Mais il s'est sans doute suicidé, mais quelque chose l'a poussé à le faire.

Puis il sourit à la vieille dame quand celle-ci lui proposa de préparer le repas et lui répondit.

- Merci Madame. Effectivement c n'est pas gai ce presbytère. Il va falloir que je me mette à la retaper un peu. En espérant que l'Eglise accepte d'aider au financement. Sans doute qu'une communauté religieuse y aiderait, mais cela ne sera pas simple.

Il s'arrêta quelques instants et demanda.

- Qu'est-ce que vous pouvez me dire d'autre sur le Prêtre. Avait-il des comportements étranges avant son suicide ?

Cassandre

Le tailleur hochait la tête avec contentement et modestie, devant les remarques de Cassandre sur son travail...

- Ces gants ? Ils sont à 85 francs...Une somme coquette me direz vous, mais, tâtez l'étoffe...C'est du satin Duchesse, souple et épais à la fois. Rien à voir avec la satinette qu'on voit partout actuellement : elle glisse comme un rien et s'abîme tout aussi vite, en perdant le lustre...

Fier de son ouvrage, il redressa ses lunettes pour indiquer les points avec un sourire d'artiste

- Katz...Oui, je le connais bien...Un gentil garçon, un peu timide et farfelu...Sa pauvre mère aussi, je la connaissais bien : pas un sous devant l'autre mais dure à la tâche et digne...Il habite à deux pas d'ici, chez Mme Birneihnbaum...

Blaise

La vieille haussa les épaules

- Vers la fin, il parlait un peu tout seul...Vous me direz ce que vous voudrez de la communion avec eul' bon Dieu, mais là, j'crois bien qu'il parlait à une dame...Le docteur Morin disait que c'est parce qu'il buvait trop.

- Merci pour le renseignement. Dites, pourriez-vous me les mettre de côté, les gants, s'il vous plait. C'est que voyez-vous je ne suis pas venu dans le quartier, que je ne connaissais pas trop, avec une telle somme...à vrai dire je crois même que j'ai plutôt bien fait, confia Cassandre à son interlocuteur tout en jetant un regard inquisiteur vers la porte d'entrée. Vous savez, vous n'avez pas à vous inquiéter, je travaille dans une librairie, L'Escarboucle, rue Mouffetard, je pourrai vous les payer je vous assure. Une avance de 20 francs est-elle suffisante?

Cassandre sortit les quelques pièces de son sac à main et les posa sur le comptoir.

- Savez-vous si Mr Katz expose et vend ses oeuvres? Il a une sorte...d'atelier peut être? Et son père, il habite également le quartier? Je me suis laissé dire que Katz père était un homme de lettres, quelqu'un de respectable. C''est que cela m'importe de savoir comment est leur famille, j'envisage d'acheter quelques tableaux pour la librairie, je ne voudrai pas qu'ils aient mauvaise réputation...

Blaise était toujours aussi attentif à ce que disait la vieille femme. De toutes manières, il n'avait rien à faire d'autre, jusqu'au levé du soleil. Il se tourna ensuite vers Evelynn pour voir comment elle allait et continua de faire ce qu'il pouvait pour que son cas n'empire pas voire s'améliore.

- Il parlait tout seul me dites vous ? Et vous avez entendu ses discours ? Des indications sur cette femme. Ca peut paraitre bizarre que je m'intéresse à un fou qui parle tout seul. Enfin j'aimerai juste en savoir plus, car le Père Corentin n'était pas très enchanté qu'on me fasse officier dans le quartier. J'essaie donc d'en apprendre un peu plus.

Il observait la vieille femme faire la cuisine. Il ne savait ce qu'elle pouvait préparer avec si peu d'ingrédients et à peine de quoi faire chauffer la nourriture. Il se demandait également où était Cassandre et espérait qu'il ne lui soit rien arrivé.

L'homme empocha l'argent et griffonna l'adresse sur un papier...

- Bien sûr, bien sûr...Ne vous en faites pas, j'enverrais mon commis chercher le reste.

Puis il releva le visage, l'air de réfléchir...

- Ho ! L'écrivain ? Non, non, celui-ci n'est pas le père, mais le frère, Salomon et Shimon...Ils se sont brouillés pour une histoire qui ne me revient plus...Une sottise...
Oui l'écrivain, Salomon, travaille chez Rimberg qui lui loue une chambre, à l'étage : il s'occupe également des stocks de l'épicerie...Et Shimon, lui, est coloriste chez un patron, là, à quelques centaines de mètres plus bas...
Ce ne sont pas de mauvais bougres, loin de là, mais ils n'en vivent pas, les malheureux : leurs sujets sont toujours sinistres...

Blaise

La vieille se tût un instant, puis sortit quelques légumes et de la viande de son panier, avant de continuer sur le ton de la confidence, trop ravie qu'elle était de pouvoir parler à quelqu'un...

- Il était souvent fin saoul...Mais d'après ce qu'on dit...Il parlait d'histoire de bonne femme... Elle s'arrêta brusquement en réalisant que son hôte était lui même un homme d'église... Enfin...des bêtises quoi...Il n'avait pas toute sa tête non plus...

CLANG ! Le portail de l'extérieur s'ouvrit à nouveau, pour battre une autre fois contre la cloison...Blaise était persuadé d'avoir entendu quelqu'un rentrer dans la cour de l'église et pourtant, personne n'était visible dehors

- Merci de ces explications! cela m'évitera de faire un impair en allant les voir.

Cassandre prit congé de l'habile tailleur tout en jetant un dernier regard à sa future paire de gants : il lui tardait tant de pouvoir les porter et les arborer fièrement, qui sait peut être même dès la semaine prochaine à la fête de famille pour l'anniversaire de son oncle!

Le jour commençait à décliner, aussi Cassandre hâta le pas vers la boutique où travaillait Shimon. A quelques pâtés de maisons plus loin, elle repéra la devanture qu'elle devina être celle du lieu où était employé le coloriste.

Cassandre prit une profonde inspiration et pénétra dans l'atelier.

Blaise lâcha un sourire à la remarque de la vieille femme et lui répondit.

- Oui je vois ce que vous voulez dire. la solitude du lieu a du le pousser à l'ennui et hormis boire, il n'avait pas d'autres occupations. Cela peut se comprendre. Cela ne doit pas être facile tous les jours d'officier ici.

Le prêtre entendit le portail claqué à nouveau, sans doute à cause du vent. Il sursauta brusquement au bruit. Il allait devoir s'habituer à cela. Son coeur battait rapidement, tant il fut surpris. Quelque chose le dérangeait. En effet, il était persuadé qu'il y avait quelqu'un.

Il s'approcha de la porte pour observer l'extérieur, mais il ne vit personne. Il s'agissait sans doute d'un phénomène lié au claquement du portail et à son nouveau lieu d'habitation qui était loin de ressembler au plus coquet des hôtels de la ville.

Il se rassit à la table, en attendant le repas et prit une forte respiration avant de reprendre la parole.

- Madame, il me semble que nous n'avons pas pris le temps de faire les présentations. Je suis Frère Blaise et comme vous l'avez bien devinez tout à l'heure je suis le nouveau curé. Vous pouvez m'en dire plus sur le quartier ?

Cassandre


La petite clochette tinta lorsque Cassandre poussa la porte.
Contrastant avec l'extérieur sordide, la boutique du coloriste resplendissait de teintes criardes.
Les pigments, pots de peintures et matériel d'arts plastiques semblaient avoir colonisé l'endroit dans un chaos sympathique, qui invitait à la détente.
Un jeune homme mince, les doigts couverts de teinture sortit de l'arrière boutique une serviette à la main...

- Mademoiselle, nous allons bientôt fermer...Mais si vous me dîtes ce qui vous amène, il est tout à fait possible que nous trouvions votre bonheur avant la fermeture...

Blaise

- Thérèse Tissot...ou la veuve Tissot comme ils disent...

La vieille femme déposa le ragoût qu'elle avait concocté dans l'assiette du prêtre

- Ce quartier, mon bon monsieur...C'est un quartier de bête depuis quelques années..Surtout depuis l'arrivée de la bande à Deville, le propriétaire du cabaret. Il fait mine d'être un homme de manière, mais c'est un voyou et ses truands aussi...Ils s'en prennent souvent à la juiverie en bas et leur extorque de l'argent, comme tout les commerçants du coin d'ailleurs.
Vous le verrez à la sortie de l'eglise dimanche, il attend toujours avec ses garçons pour se moquer des gens...

- Bonsoir Monsieur, Cassandre adressa un sourire à l'aimable employé qui venait au devant d'elle. Eh bien à vrai dire, l'atelier est réellement magnifique, un lieu digne de la réputation de Monmartre! Mais comment dire... je ne viens pas pour affaire. Je souhaiterais rencontrer quelqu'un qui travaille ici: Monsieur Shimon Katz. Est-ce qu'il pourrait m'accorder quelques instants? Je me nomme Cassandre Désaubry. Pourriez-vous le prévenir je vous prie?

Blaise semblait comprendre pourquoi, il y avait une telle réputation dans le quartier. Tout ça à cause d'une simple bande de voyous de bas étage. Le prêtre répondit à la vieille dame.

- Enchanté Madame Tissot. Je pense comprendre ce qu'il se passe par ici. Si nous voulons que le quartier redevienne calme, il faut se débarrasser de ce Deville et de ses sbires. Autant, je peux comprendre qu'on ne choisisse pas la voie de Dieu, mais il ne peut tolérer ce genre d'agissements.

J'irai faire un tour dans le quartier demain matin à l'aube. Rencontrer les commerçants et les habitants.

Le prêtre observa le ragoût que venait de déposer la vieille femme et celui-ci semblait appétissant. Il fit un large sourire à la vieille femme et alla en direction du placard pour sortir deux assiettes, deux paires de couverts et des serviettes. Il attrapa également de quoi servir le repas. Il prit en premier l'assiette de Thérèse et la déposa avant de se servir.

- Est-ce que cela vous dérange que je fasse une prière pour ce bon repas ? Je ne voudrai pas vous mettre mal à l'aise.

Cassandre

Le visage du coloriste se fendit d'un sourire...

- Et bien vous n'irez pas le chercher très loin...C'est moi ! Et seul un imbécile oserait refuser une demande provenant d'un aussi joli sourire. Me voilà donc à votre disposition. Que puis-je faire pour vous obliger ?

Blaise

- Bien sûr que non, mon père ! La bénédicité, je l'a fait aussi, faut pas croire !

La vieille femme soupira en regardant le prêtre

- Vous savez. Vous devriez quand même faire attention...C'est bien à cause de lui que l'ancien curé, il a eu des problèmes. Ce sont de fichus garçons vous savez, de la graine de bagne...Ils sont mauvais et ils ne craignent personne. Même la police ne vient plus ici...Ils vont gentiment le tour de la butte et ils montent pas...Vous savez ce qu'y disent ? "La butte, c'est pas Paris, c'est pas ma juridiction".

A peine, la femme eût-elle fini sa phrase qu'on entendit nettement frapper quelque coup à la grande porte de l'église...
Dehors, la pluie commençait à tomber..

- Ah c'est vous, fit Cassandre, l'air embarassé.

Cassandre sortit le pli qu'elle avait trouvé dans la redingote de l'organiste.

- J'ai ceci à remettre à votre frère, l' écrivain, de la part d'un de ses amis, Etienne Culbert, c'est bien l'une de vos connaissances n'est ce pas? Il lui est arrivé...quelque chose de...vous le connaissiez également?

Cassandre tendit la lettre, avec un regard de compassion à l'adresse de son interlocuteur.

Shimon s'en saisit et commença à la parcourir.

- Je sais de quoi ils'agit, et je pense que votre frère est également en danger.

Blaise allait répondre à Thérèse lorsqu'il entendit frapper à la porte de l'Eglise. Blaise se tourna vers Thérère et lui répondit.

- Ne vous inquiétez pas, je ferai attention. Mais on ne peut pas les laisser faire leur loi. Il faut montrer à la population qu'elle n'a pas peur d'eux et il lui faut quelqu'un pour la protéger. Les habitants de ce quartier ont besoin de Dieu et l'Eglise a besoin de ces gens. Tout le monde y trouverait son compte.

Il se leva et dit à la vieille dame.

- Ne bougez pas, je vais voir qui a frappé à la porte.

Blaise sortit du presbytère par l'extérieur, alors qu'il commençait à pleuvoir. Il se dirigea lentement en direction du bruit. il faisait noir et il était difficile de distinguer quoique se soit. Il s'adressa donc à la personne qui avait frappé.

- Bienvenue dans la maison du Seigneur. En quoi puis-je vous être utile ?

Cassandre

Les dents du jeune homme se serrèrent lorsqu'il saisit la lettre vivement...

- L'idiot ! Baasa ! Je l'avais pourtant prévenu de laisser cette histoire derrière lui...Laazazel ! termina t-il en frappant le comptoir du plat de la main visiblement peiné et furieux...

Il leva ensuite des yeux rougis vers Cassandre

- Vous savez véritablement de quoi il s'agit ? Il s'agit tout simplement du pire blasphème que l'on ait pu réaliser sur Terre... Mon frère tenait absolument a avoir du talent...Très vite...Il disait que ce qu'il y avait dans son esprit ne se concrétisait pas comme il l'aurait voulu, que les lettres n'étaient pas suffisantes, mais qu'il était persuadé que cela le mènerait vers ... lui (NB : Les juifs ne prononcent jamais le nom de Dieu)...

Blaise

Une canne noire, surmontée d'une petite tête de bélier sculptée dans l'argent bloqua la porte du presbytère, tandis que la lune éclairait le sinistre sourire d'une homme maigre, le nez surmontées de lunettes rondes et fumées et la tête coiffé d'un haut de forme orné d'une petite boucle représentant un diable grimaçant... Derrière lui, deux homme d'aspects patibulaires, aux cheveux longs et sales le suivaient de près...

- Utile ? En rien vous ne pouvez m'être utile, Mon père siffla l'homme de manière narquoise en jetant un coup d'oeil vers ses sbires qui ricanèrent Je suis simplement venu vous payer mes respects, comme toute brebis du Seigneur...

Il ôta son chapeau dans une parodie de salutation respectueuse et s'inclina légèrement

- Samuel Deville, modeste cabaretier...

Blaise fut largement surpris quand il fut barré par cette canne noire surmontée de cette tête de bélier. Il observa l'homme avec son chapeau et les deux sbires derrière lui. Ces deux là, ne devaient pas être dans les petits papiers du Seigneur, car il ne les avait pas gâté. Dieu aimait tout le monde, certains plus que d'autres et pour certains, il s'agissait de Sa miséricorde.

L'homme à la canne salua Blaise et se fit appeler Samuel Deville. Il s'agissait sans nul doute de la personne dont lui avait parlé Thérèse, cet abomination qui maltraitait les habitants du quartier. Blaise fixa l'homme avec étonnement et méfiance. Il lui répondit sur un ton calme et amical.

- Frère Blaise ! Ravi de faire votre connaissance Monsieur Deville. Je vois que les nouvelles vont vite dans le quartier.

Le prêtre jeta un regard amical à Thérèse pour lui demander de lui faire confiance, par rapport à ce qu'il allait faire par la suite.

- J'ai ouïe dire que vous étiez quelqu'un d'influent dans le quartier. Vous pourriez peut-être, partager notre repas ce soir, dans la Maison de Dieu.

Blaise fixa son interlocuteur pour voir quelle allait être sa réaction et voir si son ton amical et son petit spectacle étaient du vent ou bien celui-ci cherchait à se faire bien voir du nouveau prêtre. Toujours est-il qu'il ne lui faisait pas confiance et il s'agissait de prendre la température de ce Deville.