Boulevard Saint-Michel

Le fiacre arrivait sur le boulevard Saint-Michel. La matinée commençait et les badauds emplissaient déjà les trottoirs et les rues. A l'intérieur de la voiture noire, Gilda peinait à garder les yeux ouverts, avec le soleil qui entrait directement par sa fenêtre. En face d'elle, était assis le professeur Desnoyers, son parrain et ami de son père depuis des années.

L'un de mes gens est allé retiré tes affaires aux vestiaires de la gare du Nord. Elles sont déjà à la maison.

Merci, parrain, répondit la jeune fille en soupirant de soulagement. Mais comment m'avez-vous retrouvée ?

L'homme âgé d'une cinquantaine d'années sourit.

Tu sais bien que je connais Paris comme ma poche. Je connais surtout le professeur Josse. L'autre nuit j'ai été prévenu par l'un des spectateur de l'endroit où tu avais passé une partie de la nuit...

Gilda se mordit la lèvre. Son père était-il au courant de sa conduite ? Mieux valait que non.

Le professeur Desnoyers fit entrer sa filleule dans son appartement, où ils retrouvèrent la femme de celui-ci. Gilda l'embrassa puis tous se retrouvèrent autour d'une grande table garnie d'un copieux petit déjeuner.

Mange donc, lui dit la femme.

La jeune artiste ne se fit pas prier.

Tes affaires sont dans la chambre de Lucie. Tu pourras te changer.

Maintenant, dis-nous un peu, Gilda, ce qui t'es arrivée.

Hé bien... comment commencer ? Lucien Gard m'avait donné rendez-vous pour assister à la conférence du professeur Josse. Nous nous y rendîmes. Mais durant le discours, une affreuse migraine me prit. Luc... le professeur Gard me proposa alors de me raccompagner...

... et alors j'ai dû passer la nuit dans cet hôtel où vous vîntes me chercher, parrain.

Nous devrions rendre visite à ton ami, conclut le professeur Desnoyers. Nous nous y rendrons dès que tu te seras changée et un peu remise.

Le petit crieur de journaux commençait déjà sa ronde matinale que la quasi totalité de son stock avait été acheté par les curieux...

" Demandez le Petit Parisieeeeen ! Deux morts et un nouvel enlèvement cette nuit ! "

On dirait que nous arrivons trop tard...Ces vautours de journalistes... ajouta le parrain de Gilda.

Il donna une piècette au garçon et commença à lire les gros titres et soupira...

Je suis désolé pour ton ami, Gilda... Je pense que tu devrais tout de même aller au poste de police pour écarter tout soupçons et leur décrire la scène comme tu as pu la voir.
Je sais que c'est difficile pour toi, mais tu ne peux pas risquer d'être accusée de quoi que ce soit...