Paris, Reine du monde!

Paris...

Il en avait tant entendu les contes étant enfant et tant entendu les affres étant adulte que le lieutenant Fields n'avait su à quoi s'attendre jusqu'à ce que finalement, il y mette réellement les pieds.

Habitué à voyager léger c'est à pied qu'il arpente, valise à la main, ce qui est visiblement le quartier des putains et de la luxure. Loin d'être un dandy, l'armée lui avait apprit le respect par le tenue. Rasé de près et vêtu d'un manteau trois-quarts en cuir brun mate par dessus une chemise blanche et un pantalon de cavalerie noir, il n'avait gardé de son unité que les bottes et le revolver qu'il portait sous le bras gauche.

Le reste de son uniforme, son second revolver et son sabre constituaient l'entièreté de son histoire et tenaient dans sa valise bon marché. Zack ne voyait cependant pas cela d'un mauvais œil, au contraire, il avait tout à apprendre et à découvrir.

Lui qui pensait que toutes les capitales au monde devaient se ressembler, se rendait compte seulement maintenant de son erreur. Contrastant complètement avec le décor, il n'allait pas tarder à se faire remarquer, aussi prêtait il particulièrement attention à son entourage en ce début de soirée frisquet...

La première chose qui choqua le soldat en parcourant le Mur des Fermiers généraux, qui allait bientôt devenir le boulevard de Rochechouart, était l'étonnante gaïté des quartiers de plaisirs, qui contrastait nettement avec les coins sordides des ports et capitales qu'il avait pu fréquenter.

Les salles de cabaret regorgeait de fêtard joviaux, qui sortaient aux bras de cocotte parfumées, jeunes et agréable, au son des opérettes à la mode. L'Amérique puritaine qu'avait parcouru Fields était encore loin d'atteindre ce niveau de tolérance et les effluves parfumées avaient tôt fait d'attiser la curiosité du voyageur

- T'as du temps à tuer, Milord ? fit une voix suave sorti d'une ruelle adjacente.
Une jeune femme d'une vingtaine d'année, les cheveux bruns tombant négligemment sur un corset bien trop échancré pour être innocent lança un clin d'oeil au militaire...

- Tu m'paye un verre ? J'ai froid et j'aime pas les bastringue...

Malgré le fait que son expérience avec les amérindiens lui avait ouvert grandement l'esprit, l'américain ne souffrait heureusement pas de cette lassitude si commune aux gens ayant assisté à l'extraordinaire. Ce genre d'endroit avait donc toujours le pouvoir de l'étonner et de l'émerveiller à la fois.

Toujours sur ses gardes, il se sentait cependant plus en sécurité que dans les bas quartiers des diverses villes ou dans certains villages qu'il avait eu l'occasion de traverser de l'autre coté de l'Atlantique.

Prêt à apprendre car quasiment ignorant, l'ex-lieutenant Fields considérait toute expérience enrichissante et il s'en voudrait de traverser ce quartier sans voir l'intérieur d'au moins un de ces établissements.

Aussi lorsqu'une jolie jeune femme l'aborda sans pudeur, c'est avec un léger sourire qu'il répondit.

- Avec plaisir mais il faudra qu'ils acceptent les dollars...

Il s'exprimait aisément en français grace à sa mère même s'il subsistait tout de même un léger accent anglophone dans son ton.

La jeune femme leva un sourcil avec un air partiellement dégoûté...

- Des quoi ?

Elle soupira puis dit avec plus de douceur

- Laisse tomber, milord...T'es fauché, c'est ça ? Les english, c'est toujours pareil, quand ils débarquent ici tout seuls, c'est qu'ils ont plus rien à perdre...Ta régulière t'as laissée en plan et tu fais une bringue à Paris pour oublier c'est ça ?

Le français de la fille de joie était d'une certaine manière assez différent de celui qu'utilisait sa mère jadis et l'américain devait faire preuve de pas mal de concentration pour saisir toutes les subtilités de langage auxquelles elle avait recours... Ca passerait avec le temps...

Mettant la main droite à la poche de sa veste, Zack en extirpe sans mot dire une petite poignée de pieces d'argent estampillée "UNITED STATES OF AMERICA".

Levant les yeux de sa main vers ceux de la jeune femme, un léger sourire amusé aux lèvres.

- Des dollars... Et je ne suis ni Anglais ni Lord...

Dire qu'avec une seule monaire on pouvait commercer à travers tous les Etas Unis et même avec les tribu indienne et qu'ici on devait se procurer des espèces locales toutes les milles bornes.

*Il serait temps que ces européens se mettent d'accord sur une monaire unique...*

Pensa-t-il.

- Mazette ! fit la jeune femme en écarquillant les yeux Ca a l'air de valoir des sous ça ! Hé, beau gosse....C'est moi qui rince pour ce coup-ci...

La prostituée empoigna le bras de l'américain, avant de marcher avec lui vers un cabaret aux couleurs criardes "Le Palais du Grand Mogol", à la décoration pseudo-orientale...

- Alors Dora, t'as trouvé ton prince charmant ? fit d'une voix moqueuse une de ses collègue de travail, une blonde au visage bien trop fardée

- Bas les pattes, pimbêche...C'est un monsieur du monde, tu vas le salir... fit-elle amusée.

Son ton paru plus balbutiant lorsqu'elle poussa la porte du cabaret d'où résonnait une musique jouée à la flûte turque...
Des volutes de fumée sortaient des narquilées que fumaient des clients hilares, vautrés sur des coussins de fausse soie...
Un colosse d'un mètre quatre-vingt s'approcha du couple avant qu'il ne puisse s'installer

- Dis donc Dora...Je t'avais pas déjà dis de plus pointer ici ? Si Leo l'apprend je...

- Dis à Leo que je lui paierais ce que je lui dois...J'suis avec un..ami, là, tu...heu..enfin..

Sur la scène, un nain habillé en costume de soirée s'avança pour s'adresser à la foule

- Applaudissez le mystérieux Khan Amhed !

L'auditoire applaudit chaleureusement le joueur de flûte qui rangea son instrument et ce qui semblait être un serpent dans un panier...

- Venue du mystérieux désert d'Egypte ... continua le nain

- Dora...Me force pas à être malaimable...

- Chuut...Le..Le spectacle commence...

La main de l'homme à tout faire frappa violemment sur la table, faisant sursauter la jeune femme

- Au diable ce foutu spectacle ! Toi et ton gogo vous vous tirez ! C'est clair ?

A peine arrivé dans la ville lumière qu'on le prennait déja à parti pour régler des problèmes personnels, financiers qui plus était. Sa solde dans l'armée US avait beau être confortable, il avait laissé une grosse partie de son pactole à sa mère et ses deux soeurs, il n'était pas venu en France pour jouer les nouveaux riches.

Mettant la main à sa poche et en sortant une pièce d'un dollars dans sa main fermée, il tend cette dernière au videur d'un air entendu.

- Il y a surement un moyen de se mettre d'accord pour ce soir non?

Il était un peu tôt pour taper le scandale...

- Néféréou, la reine des sables !!!

Le son criard d'une flûte orientale et les applaudissements du public interrompirent la conversation des deux hommes. Le "videur" improvisé fixa la pièce d'un air étrange puis la rejeta sur la table avant de tourner le dos au couple.

- Fais gaffe, mon chou, c'est une teigne celui-là..Il lâche jamais l'affaire fit elle en glissant sa main sur la cuisse de l'américain...

Les rideaux rouges de la scène centrale s'écartèrent, laissant apparaître une jeune femme vêtue de gaze de soie turquoise et d'une ceinture d'anneaux tintant...
Son déplacement, fluide et ondulant, hypnotisait littéralement l'assemblée, créant un silence quasi-surnaturel dans la pièce...
A mesure que les anneaux s'entrechoquaient, la tête de Fields semblait lui tourner tandis que ses yeux avaient tout le mal du monde à se détacher du corps sublime qui se mouvait sur la scène...
Les mouvements ondulant dans mains de la jeune femme semblait l'appeler puis le repousser systématiquement, le laissant dans un état constant de fascination et de frustration...

- Hé ! Ca va ? fit une voix dans le lointain

Le videur venait de rejeter la pièce que lui avait tendu Fields, à croire que les gens ici étaient trop riches. Ou trop fiers peut être...

Néanmoins l'américain n'eut que peu l'occasion de se poser la question car son attention fut vite obnibilée par la danseuse orientale ayant fait son apparition sur la scène. Il fallait avouer que pour un bouiboui, le spectacle était de qualité.

Il n'avait jamais été en orient et il devait admettre qu'il doutait franchement qu'il y ait ne serait-ce qu'une personne dans la salle qui en revienne vraiment, la danseuse comprise.

Non, il y avait autre chose. Plus que de l'exitation physique, il y avait une sorte d'attraction presque surnaturelle en train de prendre lentement possession du soldat. Bien que n'ayant jamais eu l'occasion de l'expérimenter, Zack en conclut qu'il devait s'agir du même genre de transe dans laquelle les natifs amérindiens pouvaient se mettre à grand renfort de fumée, croyance et musique. La version française tout simplement....

A l'appel semblant venir de loin, Fields se contenta de répondre, de tout aussi loin.

- Heu... Oui, oui très bien...

Il faisait tous les efforts du monde pour essayer de sortir de son délire et revenir dans la monde "réel".

Lorsque les tambourins cessèrent de tinter et que les lumières se rallumèrent sur une scène vide, il fallut au moins deux minutes à l'assemblée pour sortir de son mutisme avant d'exploser en applaudissement.
Derrière le voile qui recouvrait le visage de la jeune femme, Zack cru apercevoir un appel des yeux de celle-ci, alors qu'elle disparaissait en coulisse....
Pendant toute la durée du spectacle, il lui avait semblé que la danseuse ne l'avait jamais quittée des yeux.
Beaucoup n'aurait attendu que ce signal pour se ruer dans les loges, mais l'américain restait encore un peu abasourdi...L'alcool peut-être ?

- Bon allez, beau gosse, il est temps de passer à l'action, hein ? fit la voix de la jeune femme à ses cotés

Bien que la plupart des représentants présents de la gente masculine avaient surement imaginé la même chose, Zack était quasi persuadé que ce que la danseuse ne l'avait pas quitté des yeux une seconde. Soit il avait déja trop bu, soit la elle faisait très bien son travail. Dans un cas comme dans l'autre cela vallait de se déplacer jusqu'aux loges.

Evidement plus facile à dire qu'à faire, il lui fallait d'abbord se défaire de la fille de joie l'ayant accompagné jusqu'ici et visiblement bien décidée à accomplir son oeuvre à son tour.

L'américain le regretterais à coup sûr s'il n'essayait pas au moins d'investiguer les regards mystérieux de la prétendue orientale. Il allait se servir d'un des plus vieux trucs du monde servant à fausser poliement compagnie à son hote.

Posant une piece d'un dollars sur la table et regardant la jeune prostituée, Zack sourie amusé.

- Ca reglera la note, je dois utiliser les commodités avant que nous nous en allions...

Se levant ainsi directement de sa chaise, l'ex-soldat prend tranquillement la directement la directeion des commodités, bidurquant au besoin au dernier moment dans la direction probable de la zone des artistes.

Arrivé à sa grande surprise sans aucun problème jusqu'à la porte de la reine des sables, l'américain en était à se demander quelle ineptie il allait devoir déclarer lorsque la dame lui ouvrirait la porte.

Sa question ne demeura pas bien longtemps sans réponse car une poignée de seconde plus tard, un bruit très suspect se fit entendre en provenance de la loge en question. Un ticket d'entrée en quelque sorte.

- Sounds just like an invitation...

Prenant sa valisette dans sa main gauche et se servant de la droite pour actionner la poignée de porte, Zack pénètre dans la pièce jettant directement un large coup d'oeil panoramique, assessant la situation sans rien dire directement.

A peine arrivé à Paris, Zack se retrouvait déja à devoir intervenir pour empécher un otochtone d'en dépecer un autre. Comme quoi...

Laissant tomber sa valise au sol et plongeant sa main droite vers sa hanche gauche, sous la veste, l'ancien soldat en extirpe le colt SAA en dotation dans l'US Army. Une merveille...

- Hoy Mate!

Armant le chien du revolver et se déplaçant de manière circulaire dans la pièce, il cherche à faire face au bougre de manière à ce que ce dernier tombe en arrière si le Lieutenant Fields lui tire dessus, sortant par la même occasion de l'axe de la porte.

- Tout doux avec ça... Laisse tomber la hache... Doucement

Sa voix est calme sans pour autant être détachée, il est concentré et prêt à tirer.

Le visage dément de l'homme se tourna vers l'américain qui croisa son regard où se battaient des sentiments complexes : était-ce de la pitié ? De la tristesse ? De la résignation ?
Il lui semblait que l'homme lui avait souri une fraction de seconde en baissant son arme, puis en la relevant brusquement pour l'abattre sur la danseuse...

[La question est : est ce que tu le descend ?]

Un dément? Un mec vraiment décidé? Prêt à prendre une balle pour donner son coup de hache? Etrange pour un visage pale...

- Bloody hell...

Levant son arme, l'américain pointe cette derniere vers le visage du dément en fermant son oeil gauche. Il attend que la dément ait completement levé sa hache pour tirer, évitant ainsi qu'il ne bascule en avant sous l'impact. Il presse doucement la détente simple action du revolver parfaitement graissé...

Zack n'en était pas à son premier tir et sa main ne tremblait pas. Il n'avait jamais eu de cauchemard ni jamais eu les mains tremblantes car il savait tous ces tir justifiés, cette fois ne dérogerait pas à la règle...

Le claquement de l'arme à feu résonna dans le cabaret et la balle traversa la gorge du maniaque qui tomba en arrière, en lâchant son arme, s'étouffant dans son propre sang...
Son regard ne quittait pas Zack, alors qu'il tentait d'articuler quelque chose...

- Ne...grlgl..sagrl..pas...Ne...garl..savez...

Il était encore agité de tremblement lorsqu'il laissa échapper le dernier râle, les yeux toujours ouverts.
La jeune femme au sol était évanouie et un bruits de foule se ruant dans le couloir commença à se faire entendre, après la panique qui résultait du coup de feu

Ayant réarmé le chien de son revolver par reflexe juste après le coup, Zack pointe le canon de ce dernier vers le plafond pour le désarmer avant de le rengainer, s'approchant en même temps de la jeune femme.

Posant un genou à coté d'elle et se tournant de manière à pouvoir garder un oeil sur la porte de la loge, il passe son pouce sous le nez de la danseuse, cherchant à lui faire reprendre connaissance.

- Wake up darling! I'm heading to some hard time...

Au fond de lui, l'américain ne pouvait chasser l'idée qu'il avait peut être fait le mauvais choix... Trop tard...

La jeune femme ouvrit les yeux et fixa étrangement l'américain, glissant sa main sur son épaule.
Elle était vraisemblablement d'origine orientale, car ses traits différaient beaucoup des parisiennes ordinaires.
Son souffle frais glissait de temps à autre sur les lèvres de l'ex-officier

- Aaliyah, Shoush ! hurla un homme dans l'encadrure de la porte.
La jeune femme tourna un visage apeuré vers la voix et lâcha immédiatement l'américain qui reprit ses sens, par la même occasion.
Ondulant avec souplesse, elle se remit bientôt sur pied, et gratifia son sauveur d'un petit sourire gênée avant de lisser son pantalon de gaze, baissant la tête.

Un homme d'une soixantaine d'année, costume colonial impeccable et monocle vissé sur l'oeil, tandis la main vers l'officier...
Ses larges moustaches grises lui donnaient un air un peu fantasque, mais qui collait parfaitement avec son costume de scène

- My good sir fit-il avec un fort accent britannique You're my saviour...God Bless you...Je ne sais pas d'où vous venew, maiw vous avew accompli une pwouesse de héwos...Bloody hell ! Ce satané furieux nous suivait pawtout...N'ayez crainte pour la suite, je m'occupe d'expliquer cela aux policemen...
Je me pwesente, Sir Williaw Folks...

Depuis les denieres cinques minutes, l'américain avait la claire impression que la contrôle de la situation lui échapait lentement. Le roastbeef n'ajoutait que lus de confusion à la chose. Il décida donc de garder son propre controle en ne dévoilant pas ses origines, répondant en français.

- Fields. Zack Fields

Les relations américain-anglais n'étaient pas encore vraiment parfaites à cette époque, surtout pour les colloniaux ayant sauté quelques générations d'idées. Autant faire profil bas dans un premier temps.

- Enchanté. Que vous voullait il?

- Ow fit l'anglais qui n'était visiblement pas dupe On ne crwise pas beauwcoup de nom de ce type dans les rous de Pawis., Mister...Fields.
Cet individou était semble t-il un admiwateuw twès gênant de ma magnifique collabowatrice, Aaliyah...

La jeune fille penaude s'inclina timidement devant Zack, les yeux toujours baissés vers le sol

- Nous venons de debawqué à Paris où nous espéwons avoir plus de success que dans les théâtres londoniens...Le style des représentations de là-bas et très...old school, vous saisissez n'est-il pas ?
Aaliyah est une authentique danseuse edgyptienne, le véwitable spectacle des pharaons devant la scène uwopéenne, vous voyez cela ?

Le plus étonnant était le calme olympien avec lequel l'anglais prenait la suite dévènements qui venaient de se produire.
Deux sergents de ville, en uniforme commencèrent à fendre la foule pour se rapprocher des lieux du crime.
Le premier s'approcha de Fields et le salua

- Monsieur...Veuillez me suivre au poste sans faire d'histoire.

- Je tiens à accompagner ce gentleman insista l'anglais

- Nous entendrons tous les témoins. N'ayez crainte, monsieur...

Et comme Zack l'avait plus ou moins présentit, les choses commençaient à aller de travers, malgré les promesses du roastbeef. 'jamais se fier à un anglais...

Ne faisait en effet pas d'histoire, l'ex-officier US adresse un signe de tête aux deux fonctionnaires pour leur signifier sa pleine coopération. Il comptait essayer de s'en sortir honnêtement mais se doutait bien qu'abattre un otochtone le jour même de son arrivée en pays étranger n'allait pas être facile à justifier, surtout envers des otochtones...

Une chose était certaine, il n'irait pas en prison, il avait entendu beaucoup de choses sur le bagne et les geôles française. Assez de choses pour courir plus vite et frapper plus dûr...

Lançant un dernier regard à l'égyptienne, il émet un léger sourire semblant vouloir dire "tout ira bien". Mais qu'en savait il lui même?

L'américain avait été préalablement désarmé avant de rentrer dans le petit bureau ciré et froid, où même le bois semblait mort.
Un homme sec d'une quarantaine d'année, au visage cireux où le rire n'avait jamais du s'aventurer plus que quelques fugaces instant était en train de griffonner quelques rapport à l'aide d'une plume qu'il trempait à intervalle régulier dans un encrier.
Il leva un sourcil vers Fields lorsque les sergents de ville l'amenèrent à la chaise, sans brutalité, au vue du comportement docile de l'américain.
D'ailleurs ses mains n'avaient même pas été menottées.

Le pistolet et les papiers de l'officier étaient exposée sur le bureau de l'inspecteur qui daigna enfin poser sa plume, pour joindre ses mains devant lui.

- Monsieur...Fiailde c'est ça ? Zacharie...Vous m'excuserez, je ne parle que très mal la langue de Shakespeare, mais mes hommes m'ont fait par de votre parfaite maîtrise du français. Je suis l'Inspecteur Philibert Murinot, Inspecteur général de la police parisienne.

Puis, sans un moment pour laisser répondre le suspect, il remit ses feuillets devant lui

- Vous êtes accusé de meurtre, Monsieur Fiailde...C'est une accusation grave, passible de la guillotine, à moins que votre ambassade n'intercède en votre faveur. Et je dois vous dire qu'aucun élément ne plaide en votre faveur, même si l'on ignore la présence de cet homme dans la loge de mademoiselle Kamsin.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous savez manier une arme fit-il avec une moue admirative en fixant sa feuille Même à cette distance, la plupart des tirs sont moins précis que le votre. Ils se fichent souvent dans les mâchoires ou l'arrière de la nuque.
Ici c'est du propre.
Vous n'aviez pas vraiment l'air effrayé par votre acte, Monsieur Fiailde, vous avez déjà tué avant, n'est ce pas ? C'est un passe temps chez vous de tuer des vagabonds ?

Toujours soldat dans l'ame et officier de surcroit, Zack respectait l'ordre et la lois, croyant en la justice dans les pays civilisés. Il savait son acte justifié et la menace de guillotine du fonctionnaire un simple malentendu.

La guillotine... Il en avait entendu parler et s'était toujours surpris de sa nature. Aux USA il y avait le peloton d'exécution, rapide, ou la pendaison, économique. La guillotine n'était ni l'un ni l'autre, juste sanglant. Comme quoi les hommes n'étaient pas si différents de ce qu'ils furent jadis...

- Oui inspecteur Murinot, j'ai déja tué des hommes car j'étais dans l'armée aux états unis d'amérique. Toujours dans le respect des lois soit dit, cette fois ne dérogeant pas à la règle...

Marquant une brève pause, observant un peu la réaction de l'inspecteur, l'américain reprend ensuite.

- Bien entendu mon embassade enterfèrerait en ma faveur en tant qu'ancien fonctionnaire d'état mais je suis certain qu'il sera inutile d'en arriver là.

Jettant un léger regard circulaire dans la pièce, regardant si les deux policiers étaient là.

- Les circonstances me semblent en effet défavorables mais j'ai au moins deux témoins qui pourront vous assurer que mon action était légitime et n'avait pour but que la sauvegarde le la vie d'une innocente. L'individu, malgré ma sommation a tenté de frapper Mme Kasmin avec une hache et je n'avais guerre d'autre choix. Je suis certain qu'un homme ayant atteint votre grade peut comprendre qu'en ce genre de situation d'urgence il faut agir vite si on veut éviter d'être désolé...

L'ex-officier avait joué toute ses cartes d'un coup. Dans l'armée, cette tactique il la connaissait en tant que "temporary impression of superior firepower", censé faire croire à un adversaire qu'il a affaire à un ennemi bien plus fort qu'il ne l'est en réalité, permettant ensuite de se retirer.

Si ça ne fonctionnait pas, si les négociations échouaient, Zack avait au moins été assez malin que pour se montrer courtois avec les deux policier et grace à cela se retrouvait maintenant sans menottes, son revolver posé sur la table devant lui à portée de main. Il ne souhaitait pas passer du mauvais coté de la lois, ce qui arriverait assurément étant donné qu'ils avaient ses papier, mais il éviterait la mort ou le bagne à tout pris, comme tout soldat apprend dès le début de sa carrière à le faire...