Le Dragon de Jade

Consultant sa montre, François se souvint sans grande surprise qu'il n'avait pas tenu sa propre promesse en consommant bien plus de deux pipes.

La forme féminine disparut derrière le rideau avant qu'il n'ai pu avoir la certitude qu'elle ne fut pas qu'une simple chimère de son esprit engourdi.
Une puissante torpeur enveloppait son corps et il lui fallut un temps interminable pour se redresser sur son divan. Il fixait toujours le rideau au sommet de l'escalier, comme s'il pouvait deviner la silhouette de la femme au travers.
Il essuya la sueur qui lui dégoulinait sur le front du revers de la manche, et se leva maladroitement, titubant et faisant choir sa pipe sur le sol. Il se dirigea d'un pas chancelant vers l'escalier, remarquant a peine le serveur qui s'approchait en lui parlant. Que pouvait il bien lui demander ? François distinguait vaguement ses lèvres bouger, mais le son informe qui en sortait se mêlait confusément au bruit ambiant.

François gravit l'escalier comme dans un rêve, s'appuyant au mur, la démarche mal assurée. Ses pieds lui semblaient si loin que les commander lui était hasardeux. Il manqua plusieurs fois de dégringoler en ratant des marches.

Après une ascension qui lui sembla durer des heures, il atteint enfin le rideau. Il le tira d'une main tremblante et pénétra dans la pièce où il lui avait semblé avoir vu la créature disparaitre...

La femme était là, sublime dans une expression envoûtante : son regard traversa l'âme de François comme une lame d'épée, et son jeux de regard l'hypnotisa littéralement...Sa main décrivit très légèrement en mouvement d'appel mais son visage se crispa dans une expression de terreur et le charme fût rompu...

Quatre hommes vêtus de noir, haut de forme visés sur la tête venaient de faire irruption dans la pièce.
Le directeur de l'établissement sussura quelques mots à l'égard des hommes et désigna François du doigt, encore hagard...

Une voix de femme, comme sortie d'une brume cotonneuse, sussura dans le crâne du jeune homme un seul mot...

- Viens...

A peine eût-il repris ses esprits que la silhouette féminine avait disparu par une porte dérobée...
Les hommes quant à eux s'approchaient de François.

Bien que ralentit par sa "chasse au dragon", l'esprit de François s'efforça d'analyser la situation.
D'un coté, ces hommes d'allure menaçante qui venait dans sa direction, de l'autre la mystérieuse femme d'allure éthérée, sa voix douce, son invitation a la suivre... Et l'avertissement du vieil aveugle :

"...évite la jeune femme et l'Œil Obscur..."

Alors il y était. Plutôt que tenir compte des paroles de l'homme, qui finalement, malgré son aspect inquiétant, ne semblait pas hostile, François avait succombé a la tentation de la fumée orientale. Et par sa lâche addiction se retrouvait a présent dans un étrange guêpier auquel il aurait pu échapper.

Les hommes de noir vêtus s'approchaient. Conscient qu'il n'avait plus le temps pour réfléchir, François se dit :

"La femme ? ... Qu'importe, dans l'immédiat, fuir est la meilleure chose a faire..."

Tournant le dos aux étranges hommes en noir, il se précipita sur la porte empruntée par la jeune femme et la franchit en trombe, doutant sérieusement quant à ses chances d'échapper a quatre hommes en pleine possessions de leurs moyens, contrairement a lui qui se sentait faible et engourdi par la drogue ...

Bien que légèrement dégrisé, François n'aurait su dire si ce qu'il vivait était réel ou le fruit de son imagination, tant la situation semblait étrange. Il n'osait repousser la jeune femme. Elle semblait si fragile ! Pourtant son sentiment d'angoisse ne se dissipait pas. Que cela vienne de son attitude anormalement ardente pour une parfaite inconnue, de la façon déconcertante dont les évènements s'enchainaient depuis l'instant où il avait croisé son regard, ou de la langue indéfinissable dans laquelle elle s'exprimait, quelque chose entretenait l'inquiétude de François.
Et pourtant il se sentait inexplicablement attiré, déchiré qu'il était, une fois encore, entre sa raison et son inconcevable appétence pour ce qui échappait a toute logique...
Il tenta de l'interrompre, et posa ses mains sur les épaules de l'inconnue :

"Attendez... Qui êtes vous ? que me voulez vous ? Que... Que se passe t'il ici?..."

Puis, jetant un regard troublé autour de lui :

"Et d'abord, où sommes nous ?...

- Ne pose pas de question répondit la femme, languide, avec un accent qu'il pensait bien être de l'italien... tu n'es pas bien avec moi ?

François se sentit presque étouffé par cette présence charnelle, dont les mains fouillait désormais sous sa chemise...
La masse de cheveux brun ne quittait pas son cou et il put ressentir une légère douleur au niveau où les lèvres de la jeune femme se posaient....

La sensation étrange était un mélange de douceur, de plaisir et de douleur et Valentin se sentait petit à petit happé par cette présence hypnotique, plus lénifiante encore qu'un verre absinthe...

La tête commençait à lui tourner à mesure que le porche humide et froid, baigné par la simple lueur de la lune, lui semblait de plus en plus flou...

François tenta bien de répondre, mais son esprit s'embourbait dans un état proche de la transe.
Quand bien même il se serait senti la volonté de repousser la jeune femme, il n'en avait plus la force. Le porche autour de lui se mit a tourner, tandis qu'il sentait toute force vitale le quitter.
La douceur surnaturelle de cette étreinte semblait bel et bien lui ôter la vie...

Un écho lointain de l'avertissement du vieil aveugle revint le hanter.

"L'Oeil est obscur et tentateur, lorsqu'il viendra à toi repousse le, repousse le de toute tes forces...Car au-delà du miroir seul la mort t'attends..."

Le jeune naufragé se sentit soudain comme un insecte, pris dans les rêts d'une araignée. Bien que celle ci enveloppe sa proie comme un nouveau né, ce n'est que pour s'en nourrir plus a l'aise...

Dans un sursaut de lucidité, François combattit sa langueur et repoussa violemment la jeune femme. Il eut souhaité s'enfuir a toutes jambes, mais celles ci étaient de coton. Il s'effondra lamentablement aux pieds de la tentatrice créature. Il voulu crier a l'aide, mais seul un souffle put s'échapper de ses lèvres collées par la torpeur... Il était a sa merci.

"Sauvez... moi..."

La pluie battait les tuiles des bâtisses environnantes. Derrière lui, la façade noire du Dragon de Jade laissait échapper de vagues lueurs rougeoyantes, tamisées par les rideaux, une musique étouffée et une rumeur de voix paisibles. Tout semblait calme, mais tel n'était pas le cas du pouls de François.

Acculé dans la ruelle attenante a la fumerie d'opium, François se retrouvait entouré par quatre hommes d'allure patibulaire, tous de noir vêtus. Les mêmes hommes rencontré dans la même fumerie quelques soirs plus tôt, François en aurait mis sa main au feu.

L'un d'eux le menaça d'un revolver et lui intima de les suivre. François recula de quelques pas et se retrouva dos contre le mur, serrant son livre contre lui. La pluie ruisselante sur les hauts de forme et les épaules des hommes qui l'encadraient ajoutait a leur allure inquiétante. Une chose était sure pour le jeune dandy : ces gens n'étaient pas de simples bandits, et ils en étaient d'autant plus inquiétants. S'ils avaient été de la police, il n'auraient eu aucun mal a trouver son adresse pour se rendre chez lui. Des hommes agissant de nuit dans l'ombre des ruelles ne tenaient probablement pas a éveiller l'attention... Ils étaient liés d'une façon ou d'une autre a la femme de la nuit... Que lui voulaient ils ?

François hésita quant a la marche a suivre. Se plier a leurs ordres ?Qui sait où ces hommes comptaient l'emmener ? Il disposait d'un léger avantage : ils ignoraient probablement qu'il était armé. Mais s'il dégainait, l'homme face a lui aurait surement le temps de tirer le premier. Quand bien même il pourrait neutraliser celui ci, rien ne lui permettait de penser que les autres fussent désarmés... Sa dague passée dans sa ceinture, même dissimulée a leur vue, ne pouvait pas lui être d'une grande aide dans la situation actuelle...

La pluie continuait de marteler le pavé et les cinq hommes de la ruelle. L'eau qui s'accumulait dans les rebords de son chapeau ruisselait devant les yeux de François.
Tachant de conserver son sang froid, il réfléchit intensément a une stratégie pouvant le tirer de ce mauvais pas. Pour gagner du temps, il s'adressa a son vis-à-vis d'une voix ferme qui le surprit lui-même :

"Sachez, monsieur, que je ne suivrais pas de parfaits inconnus. Qui êtes vous, et que me voulez vous ? J'imagine que ça n'est pas à mon argent que vous en voulez ?"

Très sérieusement et presque de façon obséquieuse, l'homme répondit:

- C'est exact Monsieur Valentin. Vous n'avez malheureusement guère le choix, j'ai reçu des ordres et si nous devions vous contraindre à obéir par la force, nous n'hésiterions pas un instant...Suivez nous sans discuter.

Derrière François, les trois autres homme, à l'air moins compréhensifs vinrent bientôt au contact...

"Je vois... Je suppose que je n'ai guère le choix... fit François en inclinant la tête. L'homme au pistolet parut satisfait et abaissa légèrement le canon de son arme.
François saisit le bord de son chapeau d'un air résigné...
Et sans crier gare, le lança au visage de son vis a vis. Profitant du cours répit que cette cécité temporaire lui offrait, il fondit sur l'homme qui portait la main a son visage par réflexe, et lui assena un violent coup d'épaule dans la poitrine qui projeta ce dernier contre le mur opposé, perdant son arme. François dégaina la sienne et fit volte face : les trois autres hommes étaient pratiquement sur lui.

"Reculez !! Le premier qui s'avance aura la cervelle brulée !!

Il trébucha et tomba en arrière. Il s'étala sur le dos mais ne lâcha pas son arme : un coup de feu partit.
Sans chercher a savoir s'il avait atteint quelqu'un, François bondit sur ses pieds et profita du battement pour courir a perdre haleine dans la direction opposée au hommes. La déflagration se répercutait sur les murs environnants...

François revint sur ses pas, rangeant son arme dans sa veste. La femme n'esquissa pas un geste a son approche. Sa robe maculée de sang laissait supposer qu'elle était sérieusement blessée Il s'agenouilla près d'elle, la tint par les épaules et écarta son voile de cheveux sombres pour dégager son visage. Il prit doucement son menton entre deux doigts et leva son visage vers lui. Elle semblait toujours en vie, bien que souffrante : sa lèvre tremblait et ses yeux clos se crispaient dans une convulsion douloureuse.

François jeta un œil vers les formes sombres et inanimées des hommes étendus un peu plus loin. Les badauds, la polices ne tarderaient pas a arriver sur la scène de l'affrontement, ameutés par les bruits de lutte et les coups de feu. Il grelota : la pluie persistante commençait a pénétrer ses vêtements et un froid glacial mordait ses membres. Il ne devait pas rester ici. Il entreprit de soulever la mystérieuse femme, -non sans mal car il n'était pas doué d'une grande force. Le bras de la femme vint s'enrouler autour de sa nuque, et elle lui sembla soudain plus légère.

Ruisselant de pluie, sans chapeau, la veste souillée de crasse et le sang de la jeune femme dégoulinant sur sa chemise, ce fut un François Valentin d'allure peu engageante qui héla un fiacre quelques rues plus loin, pressé de disparaitre des lieux. Il déposa la femme et bord et ordonna au cocher de les emmener chez lui. Il n'ignorait pourtant pas la gravité des risques qu'il encourait, en portant assistance a un être démoniaque, aussi angélique fut son apparence...

Atterré, François assista impuissant a la disparition de la femme. Un profond désespoir s'empara de lui. Jamais il ne reverrait cette femme, il ne lui avait pas accordé sa confiance a temps... Et il ignorait jusqu'à son nom.
Il ne l'avait pas seulement vu mourir, mais également senti en lui. La morsure qu'elle lui avait infligé laisserait probablement un peu d'elle en lui a jamais. François sentit son cœur étreint d'une tristesse infinie. Pour la première fois depuis des années, il pleura, pressant la robe ensanglantée contre son visage.

Sa crise de larmes passée, il ramassa le poignard et étudia le symbole
qui le parait. Le même œil qu'arborait la jeune femme sur son poignet. Qui pouvaient être ces hommes ? Qu'avaient ils fait a cette femme ? François sentit son hostilité a leur égard enfler démesurément. En tuant cette femme, ils venaient d'infliger une profonde blessure dans l'âme du jeune homme, et il comptait bien leur faire payer...

Le cocher passa la tête dans le fiacre et demanda, surprit :

"Vous v'la rendu, milord... Bin ! Y'avait'y donc point une d'moiselle avec vous ?"

Sans prendre la peine de le regarder, François répondit froidement :

"Non, vous avez probablement rêvé. Votre paie."

Il jeta plus qu'il ne donna l'argent au cocher et entra chez lui en emportant la robe, le livre et le poignard.

[i]Armand n'appréciais guerre d'aller la fumerie d'opium a causes de certaines odeurs puissantes d'encens et d'épices qui titillais son nez, dans quelques minutes c'était l'éternuement assuré...

sa barbiche et ses cheveux était a nouveau tient en rouge et sous son manteau, sa poivrière etait caché.

Le voleur détestait ça, a chaque eternument sa crédibilitée en pâtissais , pourtant cela en valais la peine, Lexie était prometteuse...Et fort jolie aussi, s'avoua t'il.

Il prit une grande inspiration et traversa les rideau de bambou, elle avait intérêt a être a l'heure...


[ hrp: désolé pour le retard ]

Armand s'assis, près du jeune homme blond en portant un discret regard oblique pour voir si lexie arrivais...

Puis entre deux éternuement il Déclara:

-Bonsoir... vous savez que je déteste venir ici mais si je suis là c'est que j'ai trouvé une recrue prometteuse...

L'homme regarda goupil interloqué et cligna des yeux deux fois...

- Ecoutez je m'en moque comme de ma dern...C'est la jeune femme qui vient d'entrer ?

Le ton de l'homme passa du tout au tout en l'espace d'une minute...

- Mais...Mais de grâce faîtes les présentations fit l'homme avec insistance en regardant instimment vers Lexie... Maxime Grivert...Dandy, poète et amateur d'art fit-il en repoussant négligement Le Goupil pour s'empresser de faire le baise-main à la jeune femme, tandis que les deux filles de joie pouffaient Ce vieux sapajou voulait se garder les bonnes nouvelles pour lui tout seul...Je peux vous offrir quelque chose je suppose ?

Lexie adressa un seul regard aux filles qui se trouvaient derrière Grivert, regard qui les fit taire et se dandiner avec malaise. Elle reporta son regard vers celui qui s'était empressé à lui faire le baise-main. Voyant son trouble qui était dû à sa présence, Lexie décida de continuer en ce sens: peut-être l'effet de ses charmes pourraient-ils lui servir au cours de la soirée.
Elle le regarda alors d'un air coquin et amusé:
-Non, merci, répondit-elle.
Lexie savait qu'elle devait prouver quelque chose à Legoupil: il fallait à tout prix éviter de noyer ses moyens dans l'alcool.
-Je suis Lexie, continua-t-elle d'accéder à la requête de Grivert.
Elle lui sourit une dernière fois avant de s'asseoir à la table, en face de l'homme aux cheveux rouges, qu'elle regarda avec un petit sourire complice.

- Une appellation aussi charmante que mystérieuse fit le dandy en congédiant les deux professionnelles puis en portant le verre d'absinthe à ses lèvres... Asseyez vous je vous en prie...
Armand, ce n'est pas la première fois que je fais appel à vos services vous vous en tirez très bien tout seul en temps ordinaire, je sais qu'en amateur éclairé vous savez extraire les œuvres les plus précieuses parmi la fanges, mais...devoir demander de l'assistance, cela ne vous ressemble pas.

-Effectivement, mais il n'ya pas longtemps J'ai refechi que certains endroits m'etait inacescibles et que je ne pouvais pas obtenir certaines informations... *atcha !* Et J'ai trouvé une solution...cette jeune demoiselle...

Lexie resta silencieuse. Elle tourna son regard vers Grivert.
-Doutez-vous, monsieur, de mes aptitudes à accomplir certaines... missions, avança-t-elle.
Elle laissa en suspens sa phrase. Lexie soutint le regard du dandy avant d'ajouter:
-Parce que si c'est le cas, (elle sourit avec charme), je m'en irai. (Elle le défia du regard: ) Mais cela serait triste pour vous, mon cher, car vous perdriez une très belle montre...
Elle tira de sa manche la montre qu'elle avait subtilisé à Grivert alors qu'il lui avait fait le baise-main, et l'agita à la hauteur de ses yeux, avant de négligemment secouer la tête pour balayer de son visage quelques mèches rebelles.