Hotel particulier de Lucius Cramer

Ce magnifique petit hotel particulier planté sur l'Avenue Breteuil est une demeure tout ce qu'il y a de plus correct pour un jeune aristocrate ne manquant pas d'argent. D'extérieur modeste il ne possède d'ornement que le sceau de la famille Cramer, un lion noir sur un bouclier jaune et rouge, placé juste au dessus de l'entrée de manière discrète. Cependant, l'intérieur est tout à fait remarquable. Malgré la cécité du maitre de maison, ses serviteurs ont réussi à lui trouver du mobilier du plus bel effet qui ravi toujours les invités sans pour autant les éblouir de richesse. En fait, ce que recherche Lucius, c'est plutot la beauté du travail accompli pour chacun de ses mobiliers, appréciant chaque tissu, chaque gravure dans le bois. Le salon, la salle à mangée et la salle de musique se trouve principalement au rez de chaussée alors que les chambres se situe au premier étage, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Afin de les différentier, Lucius demanda qu'on donne un ton par chambre afin de diversifier les matériaux utilisé à leur décoration, ainsi, pouvoir les reconnaitre malgré son handicape. Le second est réservé à la bibliothèque et aux chambres des domestiques. Vous pourriez dire comment un aveugle pourrait lire, et bien la réponse est simple, il ne lit pas. Cependant, chacun de ses serviteurs ont recu des lecon de lecture afin de satisfaire sa curiosité littéraire pour faire une pose avec la musique.

Le salon : A la base conçu pour faire attendre les invités, il fut orné de décoration sur des tons plutot chaleureux tels que le Vermillon et l'or. Il est agrémenté d'un canapé très confortable et de quelques fauteuils tous utilisant de l'ébène comme structure.

La salle à manger : Si le salon était là pour rassurer les invités, la salle à manger est elle plus neutre afin que les convives laissent libres cours à leur envie et fassent fi de leur inhibition, souvent avec de l'alcool. La couleur est plutot blanc, et beige avec quelques dorures pour donner une petite touche discrète de puissance.

La salle de musique : Lieu de création de Lucius, elle est équipé de nombreux instruments que certains habitué viennent utiliser lors d'une soirée. Cependant, il y a deux choses que ces musiciens ne doivent jamais toucher : Son piano et son violon dont le son fut réglé à l'exigence du maitre de maison. Les murs bleus et les meubles d'un bois clair dégage un calme olympien que les gens pénétrant dans cette pièces ne peuvent troubler que par une musique.

Les chambres : Il y a 8 chambres pour les invités (Azur, Champ de blé, Vermillon, Turquoise, Indigo, Argenté, Emeraude et Améthyste). Lucius utilisant la plus proche de l'escalier, la chambre du soleil qui est placé de manière à être baigné par les rayons de l'astre solaire le plus longtemps.

Intrigué, Lucius attrapa sa canne et se rapprocha de son molosse avant de lui caresser la tête.

"Qu'est ce qui se passe mon ami ?"

Concentrant son attention sur les bruits ambiant, il rechercha ce qui pouvait rendre son gardien aussi nerveux

L'aristocrate n'en restait pas moins stoïque devant la réaction de son animal. Suivant son indication, je m'approche du perron, Kerberos à mes cotés, prêt à protéger son maitre au moindre problème. Calmement, je demande alors à l'inconnu derrière la porte.

"Qui est là ?"

Attiré par la curiosité, Lucius entre ouvre la porte, la main serrée sur sa canne pour s'adresser à la personne devant la porte et aussi tenter de l'identifier par l'odorat.

"Rester ainsi sous la pluie est le meilleur moyen d'attraper la mort. Si vous me disiez qui vous êtes je pourrais peut etre vous laisser entrer et vous réchauffer au coin du feu"

La forme s'effondra sur Cramer, trempé par la pluie et tenta de toucher son visage...Ses mains glissèrent sur les curieuses lunettes et il articula à grand peine :

- Haine...Haine...Rancoeur et violence ! Ils savent qui vous êtes...et ils utiliseront votre ....votre...

L'homme toussa, puis s'effondra sans vie dans les bras de Lucius.
La maisonnée toute entière venait de se réveiller....

Alors que la personne s'effondrait sans ses bras, Lucius se dépêcha de tirer l'inconnu à l'intérieur de sa maison avant de l'étendre sur le sol. Il prit soin de fermer la porte à clé. Les pas de ses serviteurs étaient proche alors il commença à donner ses directives.

"Hector, Gilles et Hubert, portez cette personne dans la chambre argenté (la plus proche de l'escalier après la sienne). Marie-Reine, allez prévenir un médecin, vite"

Suivant ses serviteurs portant le corps en haut de l'escalier, Lucius était particulièrement surpris par le fait qu'on ait pu le découvrir. Il se retourna et s'adressa à Kerberos :

"Fait le tour de la maison en cas d'intrusion"

Les servants tiquèrent à l'idée de sortir sous la pluie pour un homme déjà mort, mais chacun d'entre eux connaissaient les crises d'humeur de leur employeurs et ils s'exécutèrent rapidement....

Le chien fît rapidement le tour de la demeure sans rien trouver de suspect.
Lorsque le médecin se présenta à l'hôtel, il détrempa son chapeau et sa veste et se présenta brièvement...
Il ausculta le corps et remua la tête d'un air triste

- Le malheureux est mort, mon bon monsieur et vous n'auriez rien pu y faire...Il semble avoir subit une forte perte de fluide de l'intérieur, une sorte d'écoulement hématique permanent.
Cela peut arriver parfois, lorsque le flegme devient trop important et obstrue les artères...L'homme devait boire énormément à mon avis, il semble vraiment avoir "gonflé" de l'intérieur.

Perplexe, Lucius se gratte le menton, un instant avant de demander au médecin :

"Pourriez vous étudier le corps en détail, je vous prie ? Sa mort semble d'autant plus étrange qu'il est venu toquer chez moi"

Se tournant vers ses serviteurs, il garde sa mine autoritaire mais d'un calme olympien.

"Allez prévenir la police, ils sauront quoi faire du corps"

Le médecin se gratta la tête...

- Ma foi, c'est à l'Institut médico-légal de déterminer cela...Le mieux est effectivement d'alerter la Sûreté publique.
Ce que vous me décrivez est étrange. Si le flegme avait agit de la sorte, il n'aurait pas pu frapper à votre porte avant...Il aurait à peine eu la force de se traîner.

Trois heures sonnèrent lorsque la Sureté frappa à la porte : deux inspecteurs en cape et chapeau noirs flanqué de trois sergents de ville....Le premier inspecteur salua Cramer et se sentit un peu idiot en s'apercevant que celui-ci ne pouvait avoir relever le geste

- Monsieur Cramer. Inspecteur Herbin de la Sûreté Publique. Je viens m'enquérir de cette histoire de cadavre.

Entendant les inspecteur, Lucius les salua d'un petit hochement de tête avant de leur répondre :

"Le cadavre est dans la deuxième chambre à l'étage. Il est arrivé en pleine nuit alors que j'étais le seul encore éveillé dans la maison. Quand j'ai ouvert la porte, il m'est presque tombé dessus. J'ai alors demandé à mes domestiques de le mettre dans un lit et d'appeler le docteur. Quand celui ci à rendu son verdict, soit la mort, j'ai tout de suite demandé à ce que vous veniez. D'après le médecin, le fait qu'il ait toqué à ma porte est scientifiquement impossible ce qui me rend particulièrement perplexe sur les cause de sa mort. De ce fait inspecteur, je ne sais pas qui était cet homme mais j'aimerai que cette affaire soit mené avec zèle, si possible"

L'inspecteur qui avait pris la parole se rendit dans la pièce avec la brusquerie de ceux qui sont sûrs de leur bon droit....
Observant le cadavre avec minutie, il fouilla l'homme à la recherche de papier d'identité qu'il trouva...

- Martel Henri....Je suppose que cela ne vous dit rien, Monsieur Cramer ?

Le second nota quelque chose sur un petit carnet

- Désolé de vous importuner Monsieur Cramer, mais, que faisiez vous à l'heure où la victime a frappé à votre porte ?
Quels sont vos activités régulières ? Recevez vous souvent des visites ?

Le ton de l'interrogatoire se faisait plus pressant, presque culpabilisant de la part du grand homme sec qui débitait sa litanie avec l'agressivité du bourreau cherchant l'aveu....

Devant la réaction de l'inspecteur Lucius ne put que sourire. Croire qu'un aveugle puisse tuer un homme ainsi était pour le moins étonnant de la part d'un enquêteur. Il répondit cependant avec autant d'aplomb que précédemment :

"Je ne connais pas d'Henri Martel dans mes connaissances. Je suis un musicien et un homme de compagnie pour certaines personnes de la haute société. Mes activités artistique allié à un héritage fourni m'offre la possibilité de me réveiller quand bon me semble et aussi de me coucher quand bon me semble. Je méditais sur une nouvelle composition quand cet homme a toqué à ma porte. Quant aux visites, il arrive que je reçoive mais il est plus courant que je sois invité chez les autres, normal pour un homme de compagnie. Cependant, inspecteur, je suis aussi issue d'une haute famille aristocratique et je n'apprécie guère le ton que vous employez en me posant de telles questions. En tant que citoyen, j'ai fait mon devoir en vous convoquant, de ce fait je souhaiterez que vous faisiez le votre sans perdre votre temps en accusation grotesque"

L'aristocrate, droit sur ses jambes, appuyé sur sa canne ne comptait pas se laisser faire par ce simulacre d'enquête. Les policiers étaient l'autorité mais il n'en étaient pas moins issus de la souche pourrissante qui l'avait fait naitre.

- Je ne prétend rien Monsieur Cramer, mais mon devoir est de ne négliger aucune piste. J'ai connu bien des affaires où l'horreur avait revêtu le temps d'une atrocité, le visage d'un ange...Vous me semblez bien peu troublé par ces fâcheux évènement et cela nous interpelle, évidement.

Lorsque le premier homme fît un geste, le second fît rentrer les sergents de ville qui se saisirent du corps

- Conduisez le à la morgue. Nous en apprendrons plus sur ce gaillard...

L'inspecteur qui avait tancé Cramer se retourna une dernière fois vers lui

- Nous serons amenés à nous revoir, Monsieur....Je vous souhaite une excellente nuit...

"Je l'espère inspecteur, je l'espère. Je suis curieux de savoir pourquoi cet homme est arrivé devant chez moi"

Leur montrant la direction de la sortie je termine :

"Vous ne m'en voudrez pas si je ne vous raccompagne pas, inspecteur"

A peine l'inspecteur eut il quitté l'appartement que je me tourne vers mes serviteurs.

"Je veux une description précise de ce Henri Martel"

Alors que le corps s'en allait, j'avançais dans la chambre pour prendre les draps sur lesquels avait été installé.

"Mettez de nouveaux draps, je garde celui là"

Laissant ses serviteurs, s'occuper de l'entretient, Lucius s'isola avec Kerberos dans le salon avant de verrouiller les portes et parler à son serviteur canin.

"Mon fidèle ami, pourras tu retrouver la trace de cet humain ?"

Un sourire au lèvre, Lucius sort du salon, prend son manteau et son parapluie avant de partir sur la piste du mort.

"Il est temps de faire une petite balade. Marie Reine, mon manteau et mon parapluie, cette odeur de mort m'étouffe, je vais me faire une petite balade"

Habituée aux lubies de son employeur, la femme ne protesta pas et recommanda seulement à l'homme de faire attention...

Le chien se précipita à toute allure à l'extérieur, sans plus porter attention à la pluie battante.
Après une bonne demi-heure de marche dans la nuit obscure, faiblement éclairée par les flammes crachotantes de bec à gaz luttant contre l'eau, Kerberos s'arrêta devant un bâtiment de brique austère, au bord de la Seine.

Une lanterne brûlait à l'intérieur et lorsque les mains de l'aveugle parcoururent la plaque de métal placée devant la porte il pût y sentir l'inscription suivante

Citation :

INSTITUT MEDICO LEGAL DE LA CITE DE PARIS
Département de la Sûreté Publique

Regardant Kerberos, Lucius dit :

"Etait ce la seule piste ? Parce qu'il est logique qu'une victime de meurtre soit amené ici, mon ami"

Lucius rentre légèrement humide après avoir marché sous la pluie. Revenu à sa forme originelle, il prit un instant pour se sécher avant d'aller se coucher. Il était certes pris pour cible mais il se devait de garder ses habitudes. Demain, il compte bien réunir des informations sur Henri Martel. Pourquoi avait il été pris pour cible ? Etait ce une erreur ? Un coup d'essai ou un interrogatoire violent ? Le temps nous le dira

Le lendemain matin, Lucius se leva vers 9h. La nuit avait été courte mais la motivation de découvrir l'être surnaturel qui en avait après lui avait la vertu de le réveiller facilement. Après une toilette succincte, l'aristocrate alla prendre son petit déjeuner au café en bas de chez lui. C'était un lieu de réunion de pas mal de jeune riche venus écoutés les musiciens qui s'y produisaient. Lucius était connu du patron, il l'avait sorti d'ennui grace à son talent au violon et sa proximité. Mais aujourd'hui n'était pas un jour de musique, plutot un jour d'enquête et d'écoute. Saluant Louis, le patron du café, il s'assit à sa place habituel, son chien droit comme un I à ses cotés. Prenant son petit déjeuner, il interrogea son ami :

"Dis moi Louis, un certain Henri Martel, ça te dis quelque chose ?"