Hotel particulier de Lucius Cramer

Les sens de Cramer se réveillèrent tandis que quelque chose frappait de nouveau à sa porte...
Une menace, un frisson primal lui parcouru l'échine : il pouvait ressentir une autre entité diamétralement opposée à la sienne.

A l'intérieur du bâtiment, l'une des soubrettes se décida à ouvrir, les yeux collés de fatigue.

- Mademoiselle ? demanda t'elle avec tout le maintien qu'un corps privé d'un repos réparateur pouvait avoir...

Alors que Lucius descendait les marches, accompagné par son molosse, il ne manqua pas de remarquer la sensation désagréable et surtout dangereuse. Mais je cache néanmoins ma crispation derrière un masque d'indifférence et de sérénité.

"Kerberos, si elle cette créature d'eau s'approche trop près, montre les crocs"

Il arrive enfin en bas de l'escalier, dans l'angle de vision de la porte. Je m'avance à distance raisonnable avant de me présenter.

"Je suis heureux que vous soyez venu aussi vite, je dois avouer que j'étais loin d'imaginer que ce Monsieur Balbu serait accompagné par des amies. Mais où ai je mis mes bonnes manières ? Je suis Lucius Cramer, ravi de vous rencontrer. Entrez je vous prie, nous discuterons mieux au sec. Marie Reine, approchez je vous prie"

Obéissant à son maitre, la soubrette s'avança devant lui pour qu'il lui glisse un ordre à l'oreille.

"Allez nous faire du café et allez vous reposer, je vous prie. Vous n'aurez pas de corvée demain matin"

Je jauge notre hôte de bas en haut derrière mes lunettes colorées. Tout en moi craint et hait cet être qui semble être mon opposé total. Mon adversaire ? Il n'est pas temps encore de le dire.

Je me mets en retrait derrière mes deux compagnons. Ici, il fait trop chaud et trop sec, mon organisme lui-même est défiant et je sens une animosité légère monter en moi.

Que cache-t-il derrière ses lunettes ? Quel est-ce chien qui ne le quitte pas ?

Observons-le faire. Cela pourra être utile... s'il doit un jour être mon ennemi.

- Bonjour Monsieur Cramer, excusez-moi d'arriver si tardivement et accompagné, mais nous étions affairés tous trois et nous avons décidé de passer vous voir dès que j'ai reçu votre message afin que vous puissiez nous entretenir de ce que vous désiriez.

Accompagnant les hotes dans sa maison, l'aveugle les guide jusqu'à son salon et les laissent s'assoir.

"Il est plus une question d'ennui que de volonté, monsieur Balbu. Etant donné que vous êtes en affaire avec madame..." dit il en tournant la tête vers Coraline "... j'en conclus que vous n'êtes pas étranger au créatures de la nuit. C'est une de ces créatures qui est la source de mon problème. La nuit dernière, un homme est mort devant ma porte, un certains Henri Martel. En temps normal je n'aurais pas prêté attention à cette mort mais celui ci me connaissait et connaissait le secret de ma nature sans que cela soit réciproque. Légèrement intrigué, j'ai décidé de m'intéresser à ce meurtre et découvrit que le pauvre homme était mort d'une manière plutot particulière ... mais qui, à mon avis, n'est pas étrangère à une de vos connaissance"

Une tension se forme alors que, derrière ses lunettes noires, on sent une sorte de regard invisible sur Coraline

S'arrêtant un instant, Lucius laissa Marie Reine placer les cafés sur la petite table avant de lui faire signe qu'elle pouvait aller se coucher. Quand la servante sortit, l'aristocrate continua :

"Le pauvre Henri Martel, enfin pauvre n'est pas vraiment le bon adjectif, est mort noyé alors qu'il était en train de marcher ou de fuir, quand la créature l'a attaquer. Il a juste eu la force de venir me voir pour me dire que ce qui l'avait tué savait aussi qui j'étais et attendait le bon moment pour éteindre ma flamme. J'ai fait une petite recherche sur la victime et elle m'a mené à une étrange église où on m'a traité de tout les noms avant de me conseiller de vous appeler à l'aide. On m'a dit que vous aviez une ame charitable ... du moins assez charitable pour aider une ame comme la mienne, et celle de madame votre amie. Est la vérité ?"

- Je ne suis une amie à personne, et sans doute pas à vous monsieur.

Ayant dit cela, je retourne dans mon mutisme observateur.

"Excusez ma méprise, j'ai cru qu'étant donné que vous étiez avec Monsieur Balbu, que vous le présentiez, j'en ai conclus que vous étiez une de ses amies. Puis je vous demander qui vous êtes ?"

Son visage, tel un masque de porcelaine, ne laisse filtrer aucun stress, aucune violence.

- En quoi cela vous... Certes, après tout je suis chez vous, vous avez le droit de me poser la question. Appelez moi Coraline, comme je vous appellerai sans doute monsieur Cramer. J'ai bien un nom de famille moi aussi, mais peu importe le nom, n'est-ce pas, quand il ne désigne pas la chose...

Mon visage est froid, glacial même, comme il l'a rarement été, iceberg perdu au milieu des océans...

"Ravi de vous rencontrer, Coraline, et, en réalité, le fait de m'appeler Monsieur Cramer est plus véridique ... disons moins faux que de m'appeler par mon prénom. Comme quoi nous sommes vraiment opposé" dit Lucius avec un petit sourire

Le regard presque haineux à travers les lunettes, le visage tendu et la langue acérée :

- Il semblerait, oui...


Qu'il fait chaud ici ! Et tellement sec...Cela en est presque insupportable. Vivement mon bain... Retrouver la Seine me fera d'autant plus de bien...

- Quelle étrange histoire qu'est la vôtre, Monsieur Cramer. Il semblerait en effet qu'une créature démoniaque rôde dans les parages et apparemment son élément vous fait peur, car opposé au vôtre.

Fixant le visage de Lucius, tentant d'y déceler quelques émotions, Balbu ajoute:
- Je ne sais si mon âme est aussi charitable qu'il vous a été conté, mais elle l'est suffisamment pour traquer le mal où qu'il se trouve. Qu'attendez-vous de moi exactement?

Un petit sourire se pose sur les lèvres de Lucius alors que Balbu lui pose la question de ce qu'il souhaite alors que la réponse était pour le moins évidente :

"Que la créature disparaisse bien sûr. Mais, à mon humble avis, cette créature cache quelque chose de plus gros, en tout cas c'était l'avis de sa victime"

L'aristocrate sort alors un carnet en cuir.

"Après une brève enquête, monsieur Henri Martel était une personne assez pieuse et secrète, en plus d'être riche. Il avait un pied dans notre monde et semblait pensé qu'un oeil sombre s'était posé sur cette cité, signe que l'apocalypse, ou dieu sait quel autre malheur biblique, arriverai bientot"

Terminant sa phrase, Cramer chercha son café à taton avant d'en prendre une gorgée réconfortante. La chaleur, il n'y a que ça de vrai.

"Je ne suis pas une personne très combattive et je ne m'associe avec mes compatriote que peu souvent. Du coup, en tant normal, j'aurais quitté la ville pour quelques temps en attendant que la crise passe, malheureusement je suis trop près de mon objectif pour partir maintenant. Conclusion, à bas la fierté et les différences, je demande votre aide"

- Pas combattif, vraiment ?


Coraline murmure imperceptiblement :

Eau docile, suis le seul cours de mes désirs,
Je t'ordonne d'obéir à ma volonté
Façonne-toi sur les courbes de mon envie,
Telle je te veux, telle tu es désormais.

Aussitôt l'eau du café de Cramer forme une boule dans la tasse, et se lève vers le visage de Cramer à une vitesse très rapide - mais assez lentement pour pouvoir être évitée...

Ne bougeant pas d'un poil, Lucius n'exprime qu'une mimique de désappointement alors que Kerberos se mette à grogner devant la créature aquatique. A deux doigts de se jeter sur elle, Lucius ordonne sèchement à son gardien de s'assoir.

"Kerberos, sit"

Aussitot, l'animal se calme toisant Coraline du regard comme pour lui montrer que la prochaine fois, l'eau n'aura pas le temps d'atteindre le visage de son maitre qu'elle aura déjà perdu une jambe.

"Votre jeu est amusant, mademoiselle Coraline, essayer de me provoquer aussi grossièrement pour prouver que je suis une personne violente est pour le moins hilarant. Mais sachez très cher que le controle de soit est une vertue que bien peu de gens peuvent se vanter d'avoir. Je ne suis pas encore un stoïciens, je l'avoue, mais la vie m'a appris que l'utilisation de pouvoir pour des choses puérils attirent bien souvent plus d'ennuis qu'ils n'en résolvent. Vous avez pris cependant, un grand risque lors de votre manoeuvre. Vous êtes en terrain hostile, dans des conditions vous affaiblissant et me renforçant. Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas de représaille, du moins tant que cela reste un cas isolé"

Ayant fait arrêter la boule d'eau a quelques millimètres du visage de Cramer, je la remets dans la tasse ou elle se remélange au café...

- Je n'ai pas pour habitude d'user de mes pouvoirs à la légère. Mais parfois un tour de passe-passe permet de mieux connaître son interlocuteur... Et l'eau est partout, dans nos organismes, dans l'air, dans la terre où s'étendent les racines de votre maison... Ne me croyez pas si faible. Et pensez-vous donc que c'est en me mentant et en me menaçant que vous obtiendrez mon aide ? Commencez pas dire tout ce que vous savez de cette créature, et quel est votre but précisément. Si vous êtes aussi fuyard que vous le dîtes, que vous importe l'apocalypse ?

Je marque une pause, puis continue :

- Monsieur Balbu et Miss Luna feront ce qu'ils voudront, mais pour ma part je ne me considère pas comme une chasseuse d'âme. Je me mêle aux choses par envie, par passion. Alors faites un effort, rendez votre récit un minimum intéressant !

- Vous n'êtes guère un bon conteur, monsieur Cramer, c'est décevant. Heureusement, les informations le sont pour vous...

Me tournant vers Balbu et Miss Luna :

- Il se peut que ce soit vraiment la créature qui œuvra à l'hôtel de ville tout à l'heure... Aussi je vous accompagnerai si vous décidez de l'aider. Mais nous avons tant à faire en même temps... Comment souhaitez-vous procéder ?

à Cramer, méfiante :

- Qui a traduit cela pour vous ?


à Balbu et Miss Luna :

- Ne dirait-on pas que cela croise notre propre quête ? Il semblerait que ce soit bien plus énorme que tout ce que nous aurions pu imaginer...