L'appel de Nord

<<Partez devant alors, je vous rejoindrai...>>



Lucien brandit sa lame au bout de ses doigts...
<<Ecoute moi Jean, s'il te reste un peu d'humanité pour m'écouter pars d'ici en vitesse, sinon je te tue.>>

Jean grognait comme un fauve, mais Lucien demeurait impassible.
<<J'ai fait beaucoup de chemin, pour te sauver.
Je t'ai laissé à Paris, je te retrouve ici.
Peut-être même que tu as tué Phillipe...
Si quelqu'un doit te tuer ce sera moi.>>

Cyprien resta impassible mais au fond de lui il ne comprennait pas bien la discussion de ces "malades"... Morsures ,et autres quelle folie !!!

Il continua à avancer, il leur avait donné le choix,dans tout les cas il s'occuperrai du blessé mais le sort des valides etait entre leurs mains...

La lune eclairait la silhouettte du chasseur qui s'eloignait ,bientot il s'evaporerait dans les tenebres...il etait encore temps de le rattraper

D'un geste prompt, Lucien lança sa dague en direction de la tête de Jean.

<<Adieu mon ami, quelques années de plus et tu aurais été un grand peintre.

J'en suis sûr...>>

L'esprit de Balbu commençait à s'embrumer, il était de moins en moins conscient de ce qu'il se passait autour de lui.
Puis un contact...une main...Balbu ouvrit les yeux...Son regard suivait la main, puis le bras, arriva sur le cou et enfin sur le visage de Luna.
Luna...Elle était là, près de lui...Balbu se sentait rassuré.

Balbu sourit à Luna puis ferma les yeux. Il avait besoin de soins et de repos.

Le trajet au travers des bois s'averra plus long que prevu,mais le domaine de la clairaudiaire apparut enfin aux yeux de Cyprien, il penetra dans sa demeure et posa balbu sur une couche...
"Pour l'instant, tuest mon invité ... puis il regada la jeune femme... quand à toi, tu est ma prisonnière, jusqu'à ce lumière soit faite sur tes actes..."
Puis il descendit mettre de l'eau à boullir...
"PAUL,PAUL!! hurla-t-il"
Il se demandait ou etait passé le vieil homme... pourvu qu'il soit en bonne santé!!pensa le Chasseur, inquiet!!

Perdue dans la forêt, Coraline sentit son coeur saigner... Une personne qui la faisait vivre était morte... Elle prononça son prénom avant de réaliser.

- Jean...

Un peu de la lumière qui recomposait son coeur perdu s'éteignit et elle sentit la vie faillir sous ses pieds. Elle se posa contre un arbre un instant, les yeux fermés, des larmes de Rhin coulant sur ses joues salies et glacées. Jean était mort et avait emporté avec lui un peu de son âme à elle. Jamais elle ne s'habituerait à cette situation maintes et maintes fois vécue. Les gens qui l'aimaient étaient voués à mourir, et son âme à elle avec eux. Encore une fois, elle avait perdu... non, il restait en elle la mémoire, elle se souviendrait de Jean - mais combien de temps ? Combien de temps encore brillerait le souvenir de la lumière de Jean ?

Coraline se rendit soudain compte que c'était l'absence de mémoire, son ancrage dans le perpétuel renouvellement du présent qui faisait d'elle cette créature, qui faisait d'elle la cruauté faite femme. Parce qu'elle ne souvenait pas, jamais elle ne pourrait aimer vraiment... Elle ne se souvenait que d'un visage, que d'une odeur, que d'un départ sans retour. Tant qu'elle n'ajouterait pas d'autres visages, d'autres odeurs, d'autres retours en souffrance dans ses souvenirs, elle serait prisonnière d'elle-même...

Mais déjà le souvenir du regard passionné de Jean s'estompait...

Mais déjà elle se redressait et respirait les odeurs de la nuit...

Mais déjà elle reprenait sa route vers une maison inconnue...

L'onde bénéfique avait répandu son aura bienfaitrice sur Coraline...
En quelques instants, le saignement, lavé par l'eau pure, se tarit et la plaie se referma....
L'âme de Jean venait de partir vers l'autre monde, elle le savait, et rien ni personne ne l'y pourrait sauver désormais, car tel était le sort que reservait les êtres maudits à ceux qui furent assez faibles pour succomber à leurs attraits...

Lucien attendit quelque temps sous la pluie puis envellopa les os de Lucien dans son manteau.

Il n'eut aucun mal à trouver la maison du Chasseur.

Il entra sans même prendre la peine de frapper. Il trouva Cyprien en train de faire bouilir de l'eau.
<<Une sorcière s'occupe d'un blessé sous ma protection et des étrangers entrent chez moi sans frapper... Triste époque !>>

Le ton était sarcastique, mais aussi un brin compatissant.
Il alluma une pipe.

Lucien sentit des larmes couler. La pluie qui ruissellait encore sur ses cheveux devait les cacher, mais en voyant le regard Cyprien il était clair que celui-ci devait s'en douter.
<<Venez vous assoeir près du poële... Et buvez ça>> Dit-il en lui tendant une bouteille d'aspect douteux.

Lucien prit la bouteille et avala un rasade.
<<Mais c'est dégueulasse... Et fort ! Hips !.... Bigre >>

Cyprien demeura impassible.<<C'est pas fait pour être bon. C'est fait pour réchauffer et - accessoirement - pour remonter le moral.>>

Cyprien but une rasade à son tour, il s'inquiètait pour le vieux Paul... puis il remonta la bouilloire et le linge à la sorcière...
"Monte,dit il à Lucien,il doit y avoir des vetements secs à ta taille dans une des chambres,cherche et sert toi!"

Il tendit la bouilloire à la sorcière...et vit avec surprise que la jeune fille se repaissait du sang du blessé...il la saisit et la tira vers l'arrière...
"Sous mon toit,on soigne les gens de manière conventionnelle!dit Cyprien en la regardant etonné,il lui tendit le linge ...essuie toi, ce ne sont pas des manière pour une jeune femme...meme pour une sorcière!Si je retrouve Paul je l'enverrai chercher un medecin!!"
il saisit le cou de la sorcière et lui lança suspicieusement:
"A moins que tu ne l'ait tué lui aussi!! "

Lucien avait vu l'étrange manège de Luna.
Cela l'avait lui aussi intrigué, mais il était bien plus au fait des activités surnatuerlles que Cyprien et moins prompt que lui à s'en inquiéter.

Il essaya de calmer Cyprien, sans toutefois chercher à s'imposer.
Cyprien pouvait avoir raison après tout.
<<Attendez ! J'ignore ce qu'elle vient de faire ici, cependant cette femme n'est pas un danger je crois...

Ce n'est plus une humaine j'en conviens, mais elle est maîtresse d'elle-même et nous l'avons vu se servir de ses pouvoirs contre les siens.

Si elle avait voulu nous abuser, elle en aurait déjà profité.

Et puis Balbu lui fait confiance.

Je crois même qu'il serait ravi de devenir comme elle.

Laissons-le nous donner son avis.>>

C'est alors qu'il aperçut les blessures refermées.
<<Aie ! J'espère qu'il ne devient pas tout de suite comme elle.>>

Il avait ramassé sa dague et son opinel dans la forêt.
Il sortit la première, sans toutefois menacer expressément Luna.

Une étrange sensation d'apaisement envahit le corps de Balbu lorsque Luna commença à le soigner.
Nulle autre médecine n'aurait pû l'aider aussi efficacement.
C'est avec un regard empli de reconnaissance que Balbu regardait Luna faire, lorsque Cyprien fit reculer la belle vampire.

Balbu scruta le chasseur droit dans les yeux avant de donner son avis:

- Monsieur Cyprien, vous êtes un homme de bien, cela ne fait aucun doute. vous m'avez ramené ici pour me soigner alors que vous ne me connaissez même pas.
Alors qu'importe la manière utilisée, mais mademoiselle Luna me soigne, si sa méthode vous déplait, tournez la tête.
Elle a ma pleine confiance, et je ne laisserai personne lui faire de mal, pas même vous.

Le ton qu'avait pris la réplique de Balbu était plus péremptoire qu'il ne l'avait souhaité, mais il supportait mal l'acharnement qu'avait Cyprien à l'égard de Luna.

Coraline, sans très bien savoir comment, les pensées prisonnières de flux incessants, avançait. Sa chemise était salie, accrochée à plusieurs endroits et dévoilait plus qu'elle ne cachait son corps de déesse déchue.

Enfin, elle vit une lumière, la fumée claire tachant l'encre de la nuit. Elle se dirigea vers la maisonnée en dehors du bois - c'était la première d'un village dont elle devinait les toits plus bas dans la plaine.

Elle se dirigea vers la porte et toqua fort.

La porte s'ouvrit et une femme d'âge mur ouvrit la porte, en fixant Coraline d'un air étonné....
L'interieur de la fermette était meublé de manière fruste mais confortable, un feu apaisant crépitait sur le mur Ouest.
Un homme en chandail, pipe en main, lisait tranquillement le journal en face du feu, jambes allongées, il tourna la tête en direction de la porte...

- Qu..Qu'est ce que vous faîtes là ma petite dame ? Il vous est arrivé quelque chose balbutia faiblement la femme

Coraline, assaillie d'un sombre pressentiment, eut froid doudain... Elle regarda la vieille femme à travers ses verres colorés et eût un pauvre sourire.

- Je me suis perdue... J'erre dans la forêt depuis le crépuscule et je suis tombée dans une rivière. J'ai dû enlever ma robe pour ne pas me noyer... Et j'ai été surprise par une meute de loups - j'ai à peine eu le temps de grimper à un arbre - je me suis blessée à la gorge... J'ai froid, j'ai faim et je suis fatiguée. Je viens vous demander l'hospitalité pour la nuit.

Elle coulissa un regard vers l'homme près du feu. Tous deux lui paraissaient sympathiques et elle espérait qu'ils ne laisseraient pas une si belle femme, aussi démunie, dans le besoin... Et si elle pouvait, elle entamerait la conversation avec eux - sans doute avaient-ils entendu parler de Volpino et sa curiosité envers lui n'était pas étanchée : il devait bien avoir une faiblesse...

- Rentrez donc la petiote...C'est un monde ça ! Venez donc près du feu...
Germain laisse ta place à la petite...

Le bonhomme s'executa placidement et partit en quête d'un antique tricot et d'une couverture de laine qu'il posa sur les épaules de Coraline...
La femme se mit en tête de faire bouillir de l'eau sur le poêle dans la petit cuisine à l'arrière...

Le paysan, affable, fixa la jeune fille avec un air aimable tout en crapautant sa pipe

- Des loups ? Foudieu de saloperie...Ils s'approchent jamais du village d'habitude et on en voit presque plus...C'est vraiment la faute à pas de chance...Faites bien de me dire, je rentrerais les moutons d'main soir.

"Je vous fait chauffer du ragoût" cria la voix du fond de la petite pièce voisine...

Coraline se sentait bien, ici, dans cet aura de chaleureuse hospitalité. Bien qu'une inquiétude venue de l'extérieur continuait à s'insinuer dans son âme, elle appréciait ce moment de simple bien-être. Près du feu, elle recroquevilla ses jambes contre elle, posant sa tête sur ses genoux.

- Je vous remercie de votre gentillesse. Cela faisait longtemps que je n'avais rencontré des personnes comme vous...

Elle laissa échapper un petit sourire. S'il savait ce que pouvait siginifier ce longtemps...

- En fait, ce n'est pas près du village que j'ai rencontré ces loups. J'étais presque arrivée à la demeure d'un certain... Volpino.

Elle prononça de dernier mot en appuyant sur chaque syllabe, en regardant le feu comme si ce nom n'avait pas autant d'importance que pouvait lui accorder sa voix. Puis elle attendit leur récation...

Lucien commença à fouiller dans la commode et trouva des habits secs, quoique un peu rude au toucher...

Puis il commença à se changer.

Luna n'étant plus très humaine, il avait décidé qu'il n'aurait pas à se soucier de sa pudeur.

<<Cyprien, expliquez-nous votre histoire. Cela nous permettra de calmer quelques tensions et dissiper les malentendus... Après nous pourrons envisager l'avenir sous un ciel plus clément.>>


Il faudra bientôt songer à un épilogue pour ce sujet je pense, y compris si nous poursuivons la chasse au Volpinno.

Une ferme

Le paysan eu un air sombre à l'enoncé du nom de Volpino

- Le Chatelain, mmm ? M'étonnes pas...c't'un curieux bonhomme et pas dans le bon sens du terme... On raconte beaucoup de chose sur lui, mais vous connaissez les campagnes, on raconte beaucoup pour tuer le temps.
Moi je suis républicain, et je vais vous dire, si on sort des sornettes comme ça, c'est la faute aux curés...

Son épouse apporta une appétissante assiette de ragoût

- Le voilà encore à parler politique. Germain, tu embête tout le monde avec ça.

L'homme s'agite

- Evidement ! Partout où tu ne comprends rien, ça n'interesse personne. T'es la première à ecouter les aneries du curé, forcement...
- Moi je crois que ce bonhomme est pas catholique, voilà ce que je pense
- Et qu'est ce que ça peut faire...La seule chose qui me chiffonne, c'est qu'il fait travailler des saisonniers qui ne viennent pas d'ici et qu'il achète les terrains de tout le monde. Si ça continue comme ça , y'aura plus de village, voilà ce qui m'embête...

La femme tendit l'assiette à Coraline

- Mangez ça, vous allez m'en dire des nouvelles et n'écoutez pas ce vieux radoteur...Moi je vais vous dire : on a eu des disparu et je crois bien que le chatelain y est pour quelque chose...
- Sornette! Un couple d'amoureux qui s'est fait la malle parce que le père Vire est trop bornée pour laisser sa fille se marier, et trois bons à rien qui sont sans doute parti travailler à Epernay. La belle affaire !
- Et la gamine de Bruyère, hein ?
- C'est malheureux c'est vrai, mais elle serait tombé dans l'étang que ça m'etonnerait pas...
- Toi, tu sais toujours tout.
- Et toi tu ne sais rien, c'est bien ça le problème !

Le vieux couple se disputait gentiment comme à son habitude, et Coraline ne fut pas alertée outre mesure. En revanche, le sentiment que quelque chose de grave allait se produire ne semblait pas la quitter, bien au contraire.

Bien que curieuse, Coraline n'écouta qu'à moitié tout ce que disait le vieux couple. Si elle avait eu des parents, elle les aurait aimés ainsi mais...

Mais ce pressentiment la rongeait de l'intérieur. Ces vampires ne la laisseraient-elle donc jamais en paix ? Si vraiment il se passait quelque chose de grave, il faudrait bien qu'elle retourne auprès des autres, ces autres dont déjà le visage devenait flou, en dehors de celui de Lucien. Elle soupira de lassitude tout en avalant une fourchetée...

Puis elle ferma les yeux et de se concentra. S'il se passait quelque chose d'important, peut-être parviendrait-elle au moins à le localiser...