Scenario VI Introduction pour Christine et François

Avant de laisser le jeune homme partir, mûe d'une impulsion, Christine court après lui, le tire par la manche et lui dit, très sérieusement :

- Ah ! et évitez de vous mettre dans des situations impossibles ! Je n'arriverai peut-être pas à temps, cette fois...

[Quelles sont vos destinations respectives ?]

[Pour ma part je vais partir en centre ville pour trouver un hôtel digne de ce nom...]

[moi je vais m'enquerir de l'ami de mon pere. Il habite rue des hallebardes, je crois...]

Christine

En longeant les quais qui jouxtaient la gare, Christine parvint à un hôtel élégant, typique de l'architecture alsacienne du XVIIIe, dont le pannonceau indiquaient lettres gothique

Citation :

HOTEL WEITZ

Le Hall tapissé et élégant respirait le faste de la haute bourgeoisie du Second Empire et de nombreuses personnes richement vêtu parcourait le vestibule ou devisait en alsacien, à moins que ce ne fusse de l'allemand, car pour Christine les deux langues semblaient similaires.
Un majordome aida à rentrer les malles dans le hall, tandis qu'un petit homme chauve et sec, à la moustache lissé et au monocle vissé sur l'oeil semblait tenir le registre avec satisfaction

Demandant à Julian de me suivre, je me dirige d'un pas sûr et légèrement ondulant vers l'homme de l'accueil.

- Bonjour. Je souhaite réserver la meilleure de vos chambres pour une durée indéterminée.

L'homme leva un sourcil interrogateur, une jeune femme seule résidant dans un hôtel pour une durée indeterminée avait quelque chose de quelque peu choquant, voire de sulfureux, mais la vision des domestiques traînant la mal transforma les doutes en sourire.
Après tout, le commerce était le commerce.

- Bien sûr Madame...Il nous reste deux double dont une sur les quais et l'autre sur la cour, ou une suite.

Insidieusement, l'homme tentait d'en savoir d'avantage sur la jeune femme sans lui avoir proposé de simple. Il était évident qu'elle devait avoir un mari, à moins qu'il ne s'agisse d'une demi mondaine qui attendait celui qui l'entretenait...

Encore un curieux...

- Une suite, bien sûr ! Je veux pouvoir recevoir ailleurs que dans ma chambre, ce qui serait d'une indécence monstrueuse ! Feu mon mari se retournerait dans ma tombe.

Elle avait oublié l'esprit étriqué des provinciaux... Déjà, elle haissait cette région.

Un petit sourire de soulagement se lu furtivement sur le visage de l'homme

- Très bien Madame. Je vous demanderais juste votre nom, sur le registre ,et une avance de 200 francs. Votre chambre sera prête dans les minutes qui suivent. Soyez la bienvenue à Strasbourg.

- Je suis Christine de Ventadour !

Christine pose les 200 francs sur le guichet, l'air neutre. Elle n'a qu'une envie : pouvoir se rafraichir ! En attendant qu'on la prévienne que sa chambre soit disponible, elle se pose dans le salon d'attente et se met à lire le journal du jour.

François hésita un certain temps devant la porte. Après tout, Monsieur Richert était établi a Strasbourg depuis tellement d'années... Se rappelerait il de François si celui ci surgissait soudain de nulle part, demandant le gîte et le couvert ? Et puis, ne risquait il pas d'en faire part a sa famille ? Quelles explications devrait il alors fournir a ses parents ?

Tandis qu'il trainait devant la maison, les passants se mettaient a le dévisager, d'abord avec curiosité, puis avec méfiance... Deux gamins crottés qui jouaient plus loin s'interrompirent et vinrent l'observer en chuchotant entre eux. Le jeune parisien sentait les regards se braquer sur lui, de moins en moins a l'aise. Deux officiers de gendarmerie s'arreterent et l'observerent de loin en échangeant des commentaires, la main sur la garde de leurs sabres. François se décida a frapper du heurtoir de bronze peint. A ce moment, un projectile l'atteignit a l'épaule, lui arrachant un cri plus de surprise que de douleur :
se retournant il vit les deux gamins prendre leur jambes a leur cou en hurlant :

"-üsschnuffler !!" *

François fit mine de les poursuivre et leur lança quelques jurons. La balle de terre boueuse qu'ils lui avaient lancé donnait l'impression qu'il s'était roulé dans un caniveau. Il pesta en tentant un mouvement relativement ridicule pour essuyer la tache sur son omoplate, joignant a l'effort de nombreuses grimaces. Ce fut naturellement a ce moment qu'on lui ouvrit...

[ * = espion]

Christine

La suite fût prête en une dizaine de minutes, mais Christine du se résoudre à attendre sans rien lire, puisque les seuls journaux disponibles étaient rédigés en alsacien, sauf celui le Journal Illustré qui datait de la veille.
On y apprenait l'exécution des directeurs du théâtre Cleonte pour meurtre et l'incendie qui avait ravagé l'Hôtel de Cluny, laissant son propriétaire sérieusement brûlé...

François

La porte s'ouvrit, laissant apparaître un domestique jovial et rondouillard, qui tenta de feindre de ne pas voir l'état déplorable de la veste de Valentin

- Ya ?

Prit au dépourvu, François se mit a bafouiller en s'emmêlant les pinceaux :

" Ya ? Oui, heu... Bonjour,.. ya, Non, heu? Excusez moi, je, oui, non, ça n'est pas ce que vous croyez... Je... En fait... Des enfants, Ils m'ont lancé quelque chose en me traitant du nom d'une patisserie, je crois, HAHAHA, ça ne sont que des enfants, ça n'est pas bien grave HAHAHA"

Devant l'air interloqué du domestique, François s'apperçut qu'il n'avait décliné ni son indentité ni le motif de sa visite.

"Heu... Je suis François Valentin. Mon père est un ami de Monsieur Richert. Pourriez vous m'annoncer a lui ?"

Le domestique s'éffaça dans l'encadrure de la porte pour laisser entrer le dandy, puis disparut en quête du maitre de maison. Un vieux portrait de celui ci souriait paisiblement a François, demeuré seul dans le vestibulle. Il formula secretement le souhait que Monsieur Richert ai perdu son gout immodéré pour l'alcool, sans quoi il risquait fort d'oublier que Monsieur Valentiin eut jamais un fils...

*Encore ce maudit théâtre ? Que de foin pour une actrice de bas étage !*

Mécontente, Christine jette le journal négligemment sur la table, écoutant les conversations autour d'elle.

Lorsque sa chambre est prête, elle monte préparer ses affaires - *que Delphine me manque ! Si mon séjour doit se prolonger, je lui demanderai de me rejoindre* - et se rafraichir.

Il lui faudra manger. Peut-être à l'hôtel pour commencer ? Ainsi elle fera, avec un peu de chances, quelques connaissances.

Il lui faudrait aussi se renseigner sur les personnes importantes du lieu, et peut-être demander à ses amis de Paris de l'introduire à distance chez les personnalités locales. A moins qu'elle ne parvienne à faire des rencontres naturellement... Elle sait faire venir des hommes à sa loge au théâtre ou à sa table au restaurant. Mais au moins ils parlaient français...

*Ah oui ! Il faut aussi que Delphine m'envoie les journaux de Paris !*

Le restaurant de l'hôtel hébergeait plus de clients que l'auberge elle même, car l'établissement était réputé pour sa cuisine.
Un buffet campagnard était servi sur la table, immédiatement investi par une clique de bourgeois endimanchés devisant en français.
On y parlait de guerre et de concessions minières.

François

Impassible, l'homme ôta la veste du jeune parisien et ordonna à un petit domestique de la brosser, avant de guider l'homme vers le salon

- Monsieur a passé une nuit difficile hier, il n'est pas encore debout, mais n'ayez crainte, je vais le réveiller.

J'observe ces personnes - femmes, hommes, familles... Je guette, pour savoir avec qui je vais lier la conversation devant le buffet.

*Hum. La convenance voudrait que ce soit avec les deux femmes que je me lient, mais je n'ai pas envie de subir les assauts de l'autre, ou d'être discourtoise envers ces dames à qui, peut-être, il plait. Faisant la moue, je décide de manger seule, pour cette fois.

Mon objectif, en dehors de retrouver M. Eggman, sera d'apprendre à parler l'Alsacien très vite. Sinon, je risque d'être très limitée dans mes possibilités, si la langue devient une barrière infranchissable...*

En attendant, Chrtistine observe les demoiselles pour savoir si l'homme les ennuie ou pas.

François se laissa tomber dans un fauteuil. Non seulement il tombait a l'improviste chez cet homme qui ne se souvenait probablement plus de lui, mais en plus il le dérangeait en pleine gueule de bois.

Le parisien se massa les tempes en se préparant mentalement a user de toute sa diplomatie pour ne pas braquer le vieil alcoolique... D'apres ce que son père en disait, il s'agissait d'un homme paisible et charmant, mais Dieu seul savait s'il en était toujours ainsi...

Christine

VIsiblement les jeunes filles s'amusaient de ce beau-parleur, qui avait pourtant fort peu de chances de réussir à obtenir autre chose de leur part que quelques rires discrets.

- Finissez, monsieur, finissez...Ce n'est guère convenable de parler ainsi à deux jeunes filles, termina l'aînée des deux soeurs, qui avait parçu le ragard insistant de Christine. L'homme termina par une banalité avant de "partir fumer dehors" et méditer sur son échec probablement

François

Le propriétaire des lieux descendit en robe de chambre, la mine grise et scruta le pâle jeune homme avec incertitude, avant de lui tendre la main

- Ha, que ne reconais-je pas le petit Félix...Phili...Le fils d'Antoine, ça part exemple ! fit-il, les dents serrées par la gêne Excusezm oi,mon jeune ami, j'ai passé une nuit épouvantable...Un repas mal digéré sans doute, je n'irais plus chez ce bandit de Schopfler...Je ne sais depuis combien de temps son lard n'a pas vu le jour !
Qu'est ce qui me vaut l'honneur de votre visite mon garçon ? Votre père se porte bien ?

François sauta sur ses pieds pour saluer son hôte :

"Monsieur Richert ! Heureux de constater que vous vous souvenez de moi. Je suis bien le fils d'Antoine Valentin, François." il marqua une courte pause pour laisser a son interlocuteur le temps d'intégrer son prénom.

"Vous me voyez ici chez vous car... Pour affaires, j'ai été pris de court par l'urgence d'un dossier et je me suis embarqué dans le premier train pour Strasbourg sans même avoir le temps de vous faire prévenir de mon arrivée. Je ne pouvais décemment pas demeurer a Strasbourg, le temps de mon affaire, sans venir rendre visite au fidèle ami de la famille que vous ètes, c'eut été une conduite indigne de ma part. J'ose ésperer que vous n'ètes pas trop souffrant, je ne voudrais pas vous importuner. Je peux bien revenir plus tard ."

Ce disant, François espéra que M. Richert ne le prendrait pas au pied de la lettre, étant donné qu'il n'avait pas encore abordé la question de l'hébergement...

Faisant mine d'aller me resservir Christine passe prêt de la table des deux jeunes femmes, et s'arrête comme après-coup, en souriant :

- Dès que nous sommes hors du contexte habituel, ces messieurs perdent toute galanterie et osent des choses que sans cela ils ne feraient. Peut-être pensent-ils que les femmes qui voyagent sont des oies blanches, ou des femmes légères. Si encore ils étaient charmants - dis-je en lançant un clin d'œil - on pourrait au moins les accepter pour nous tenir compagnie, mais le plus souvent ils sont fats et ennuyeux ! C'est d'une tristesse ! Oh ! pardonnez-moi ! Je ne me suis même pas présentée : Christine de Ventadour ! Et vous ?

Sourire, regard franc, avec un peu de chances elle s'est faite deux nouvelles amies...

François

- Restez , restez mon garçon, nous allons bien avoir une chambre de plus pour vous...Les hôtels de Strasbourg sont horriblement coûteux et pour peu qu'ils apprennent que vous êtes parisiens et vous terminez sur la paille !
Quelles sont donc les affaires qui vous amènent ici ? Votre père était plus dans la navigation maritime...A Strasbourg, j'ai bien peur que le marché ne soit limité...

Christine

Les jeunes filles répondirent en souriant

- Enchantée Mademoiselle de Ventadour répondit la plus âgée, qui devait avoir dans les vingt-cinq, vingt six ans Vous tombez à pic pour faire battre en retraite l'importun. Il avait était charmant à la gare, mais ne nous a pas laissé un moment de répit une fois arrivée à l'hôtel...Nous n'aurions jamais du lui laisser porter les valises.

- Moi je le trouve amusant plaisanta la cadette qui reprit un air plus sérieux après le regard sentencieux de sa soeur

- Mon nom est Géraldine Hernier et cette petite sotte est Marie-Hermance, ma soeur cadette. Nous sommes venus rendre visite à une tente qui habite Strasbourg, mais sa maison est en travaux et nous ne pouvons y loger, aussi sommes nous condamnées à rester ici et à faire des aller-retour.

- Je trouve que c'est bien plus amusant ici. Au moins nous sommes au centre ville. Les maisons de campagne m'ennuient ajouta Marie Hermance

"Hé bien... En effet. Mon père estime sage de me laisser me former au monde de l'administration par mes propres moyens avant de me confier une part de ses affaires. Je suis actuellement employé en tant que commis pour un cabinet de notaire parisien. On m'a chargé d'un travail d'enquête au sujet d'un héritage. "

Content de son ingénieuse improvisation, François continua avec une aisance de comédien :

" L'interessé vit a Strasbourg, et je suis chargé de le retrouver afin de lui remettre divers papiers et quelques objets de valeurs sentimentales dont le testament le rend propriétaire... Mes supérieurs hiérarchiques ont de bonnes raisons de croire que notre homme ne tient pas a etre retrouvé... Mais vous comprendrez que je dois agir avec discretion. Nous avons des engagements vis a vis de nos clients... "