[Scenario V] La Briqueterie Sainte Laurence

La jeune femme secoua la tête, l'oeil vide...Elle but la tisane,un doigt trempé à l'intérieur, sans même s'apercevoir que le liquide était encore bouillant et articula

- Il reviendra. Toujours...Et il vous tuera...A cause de moi..

Gabriel s'agenouilla devant Solange pour capter son regard

"S'il nous tue ce sera de notre faute. Nous avons choisi de vous aider en connaissant le risque. Cette entité veut vous faire croire qu'il n'y a aucun espoir et que vous lui appartenez mais c'est le contraire. Je sais que vous serez capable de le contenir. Et si je le sais c'est que je suis passé par là moi aussi"

Le jeune homme tapote sur son bandeau pour illustrer ses dires

Cassandre regarda ses mains, elles étaient couvertes de sang. Etait-ce les entailles que lui avaient laissées les débris du miroir ? ou bien... son regard se porta vers la porte, prés de laquelle elle vit son oncle, gisant dans une mare rouge sombre, son frère sanglotant, penché sur le vieil homme.
- NON! Se mit-elle à hurler.

Assise dans son lit, sa chemise de lin blanc trempée de sueur, Cassandre reprit ses esprits : Quelle nuit!
A travers les volets fermés elle percevait un rayon de lumière. La matinée devait être déjà avancée.
Peu à peu ses pensées retrouvaient leur place : elle n'était pas seule dans la librairie et son cauchemard était malheureusement bien ancré dans le passé récent, à quelques détails prés, heureusement pour son ailleul...
Il fallait s'extirper du lit sans attendre, ils avaient des projets pour la journée.

Après un brin de toilette, elle se hâta d'enfiler une de ses plus belles robes : la bleue-marine aux lacets sur le devant. Un manoir, pensait-elle, cela présage une personne de rang. Il ne faut pas se faire claquer la porte au nez.
Les cheveux habilement tressés et noués par un ruban de soie blanche, elle entra dans la salle de la librairie, les bras chargés d'un plateau de déjeûner. C'est là qu'elle avait laissé Gabriel dans la nuit, l'abandonnant au milieu de l'étude de quelque ouvrage hermétique mais néammoins passionnant.

La jeune femme fixa Gabriel avec un soupçon de terreur dans le regard...
puis grimaça ce qui se voulait être un sourire.

- Merci... fit-elle avant de se relever pour s'endormir près de Gwendael...

Quelques heures plus tard, Gabriel s'était assoupi sur son ouvrage, tandis que Cassandre, apprêtée, venait de faire irruption dans la pièce.
Il était onze heures passées et les évènements de la nuit avait décantés : la lumière du jour semblait avoir balayé toute menace de la vieille boutique et le sentiment de sécurité qui y était attachée venait d'y faire son grand retour...

[HRP: Je vous laisse le soin d'introduire votre venue chez Kridine]

Assoupi sur son livre, Gabriel rêvait de son passé, du jour où il a obtenu son oeil. Cela faisait longtemps qu'il faisait son métier et il n'avait que peu souvent trouvé une personne ayant subit la même sort que lui. Dans ses rêve, il voyait la bête qui lui avait donné cet oeil, une ombre visqueuse aux yeux reptilien et à la haine palpable.

Mais le jour se leva, et le sortit de ses songes désagréables et retrouva son livre ainsi qu'une chandelle de loin consumée par la nuit de recherche. Son corps était encore douloureux par sa mauvaise position pendant sa nuit. Il se leva et se frotta la tête avant de sentir un épis dans sa cheveulure blonde. C'est à cette instant que Gabriel vit Cassandre, qu'il mit quelques instant à reconnaitre.

"J'ai du m'endormir pendant ma recherche. J'ai tout de même trouvé des choses intéressantes mais nous devrions attendre que les autres se lèvent pour en parler"

En s'étirant, Gabriel sentit sa blessure par balle tirer alors il se ravisa et rougit un instant avant de demander à la propriétaire des lieux

"Auriez vous des bandages propre et d'un endroit où je pourrais me laver ? Je dois changer mes pansements pour éviter l'infection"

- Biensûr, laissez-moi vous conduire à la salle d'eau, répondit Cassandre aimablement. Posant son plateau elle aida Gabriel à se relever et l'accompagna.
Tout d'abord elle lui tendit timidement la trousse de premier soin, puis attendrie par la maladresse du jeune homme qui tentait de refaire seul son bandage, elle entreprit de l'aider sans lui demander son avis.

- Hâtons-nous de déjeûner avant que le café ne soit froid, fit-elle enfin pour couper court à cette situation.

Pendant que Gwendaël et Solange se préparaient avec quelques affaires prêtées, ils firent un point détaillé sur les découvertes bibliographiques de Gabriel, autour de quelques biscuits.

Lorsqu'en fin de matinée, le fiacre approchait du manoir Kridine, Cassandre était tendue. Elle s'était montrée assez directive avec ses compagnons d'infortune, le doute et l'appréhension l'envahissaient maintenant. Espérons que ce n'était pas une erreur que de vouloir rencontrer ce mystérieux Comte?

- Je propose que Gabriel et moi nous rendions au manoir les premiers, proposa-t-elle. Nous n'avons pas de rendez-vous, peut-être vaut-il mieux que vous attendiez toutes les deux dans le fiacre pour le moment... Il y a suffisamment de couvertures pour que vous y soyez bien. Etes-vous de mon avis Gabriel?

A la grille d'entrée du manoir, Cassandre écarta le rideau du fiacre et s'adressa au gardien qui se tenait là:
- Bonjour, nous souhaiterions rencontrer Monsieur Le Comte... nous venons de la part de Monsieur Lucien Bonnaire.

Après quelques instants et sans qu'aucune réponse ne leur soit formulée, la lourde grille s'ouvrit lentement, laissant le cocher parisien hésitant l'espace d'un instant...finalement le fiacre s'avança.

Comme à son habitude, Gabriel vérifiait son révolver en jettant des regards gênés vers Cassandre à cause de ce qui s'était passé pendant que la jeune femme l'avait aidé à refaire ses pansements. Il restait tout de même prudent quand le fiacre s'engouffrait dans la court du manoir. Pendant deux nuits, il s'était retrouvé à deux doigts de devoir combattre avec une créature de l'autre monde d'une puissance peu connue. Toutefois, Gabriel avait plus peur de ce que les hommes pouvaient vouloir faire de Solange et sa malédiction que de la malédiction elle même. Si ce mystérieux Kridine s'avéraient malhonnête, suivant les critère de sélection de Gabriel, il n'aura aucune scrupule à lui faire gouter la froideur de sa lame ancestrale.

https://acheron.forumperso.com/cercles-club-et-relation-f3/le-manoir-kridine-t137.htm

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