Scenario VII : Le Chapitre inachevé [Cassandre/Evelynn/Gwen]

- Déjà deux drames se sont produits...Etienne Culbert, l'organiste, et plus tôt un certain Auguste Frélot, poète je crois...peut être y en a t-il eu d'autres également...

Cassandre était pressante.

- Comment se fait il que des personnes aussi ecclectiques soient confrontés aux même tourments? Vous en aviez tous parlé ensemble? Si vous savez quelque chose, je vous prie de me croire : je peux peut être vous aider, ou du moins aider les autre artistes menacés, votre frère en premier lieu...encore faut il que vous m'en disiez suffisamment...

La jeune femme prononça ses dernières paroles dans un souffle.

- Ils ont marchandé leur talent et ont été emportés dans l'Achéron, n'est ce pas?

Blaise

Deville éclata d'un rire mauvais

- Je ne voudrais pas passer pour un rustre, mon père... Il s'agit d'une simple visite de courtoisie. Et n'écoutez pas cette vieille bique : elle radote tout le temps...N'est-il pas le propre de tout bon chrétien de pardonner ceux qui ont fauté ?

Les deux brutes éclatèrent de rire lorsque Deville baissa ses petites lunettes fumée pour observer Blaise et lui lança un regard moqueur..
L'esprit du prêtre trembla en observant ses yeux : il lui semblait reconnaître tout le vice et toute la malignité de la Terre, comme si furtivement, une fenêtre lui avait été laissée ouverte, face aux enfers..
Une goutte de sueur froide parcouru le dos de Blaise et un vent étrange balaya l'église, éteignant d'un coup les cierges qui se trouvaient à proximité de l'autel...

Cassandre

L'homme reculait, livide, se tenant les oreilles avec les mains

- Arrêtez ! Arrêtez ! Je ne veux pas entendre parler de ça...Je ne sais pas de quoi vous voulez parler ! Culbert, Frêlot...Ce..Ce sont des amis des mon frère...Les fondateurs du Cercle d'Ailleurs.
Je leur avais dit !

Il se laissa glisser sur le mur et serra les dents

- Tout a commencé il y a quelques...Mon frère était angoissé par la mort de notre père et s'était réfugié dans l'écriture... Nous nous sommes rapidement aperçu qu'il avait du talent dans ce domaine et il lui semblait qu'il se sentait mieux après chacun de ses écrits...

Puis il a rencontré Frêlot et ils se sont mis à avoir des théories étranges à propos du pouvoir des mots. Frêlot avait fait des recherches sur le sujet, il avait même un livre en hébreu qu'il ne comprenait pas... Lorsque mon frère l'a eu en main, il été fasciné par son contenu et il l'a présenté au rabbin...Celui-ci lui a ordonné de le brûler...Il était comme fou ! J'ai insisté auprès de mon frère pour qu'il fasse selon les dire de notre sage, mais il s'était obstiné..

Il s'est enfermé avec son cercle d'amis et les choses ont été de mal en pis...Il passait des heures entières dans sa chambre, ne sortait que pour grignoter quelques morceaux de pain ou revoir ses amis. Il était devenu irascible, fiévreux, il prétendait que je n'aurais jamais aucun talent en peinture si je n'y mettais pas mon âme toute entière...
Je suis un jour rentré dans sa chambre pour lire ce qu'il avait écrit : c'était incompréhensible...Lorsqu'il m'a surpris, il était furieux et a même tenté de me tuer !

Le coloriste releva la tête vers Cassandre

- Vous croyez que mon frère est perdu, c'est cela ?

Blaise se crispa en entendant le rire mauvais de Deville et de ses deux sbires. L'utilisation du terme pardon en était un blasphème et il l'aurait bien châtier sur le champs pour avoir tenu de tels propos sur le Divin. Mais le pire n'était pas là... En effet, Deville baissa ses lunettes et laissa paraitre ses yeux... Ceux-ci était empli de vice et de malignité.
Il n'y avait pas de doute, Deville était le Mal réincarné, du moins c'est ce qu'il supposait. D'autant que ce regard corroborait avec les dires de Thérèse.

La sueur perlait dans le dos de Blaise et son esprit tremblait. La peur commençait à le gagner en voyant ce qui semblait ressembler aux Enfers, dans les yeux de son interlocuteur. Puis un vent étrange balaya l'Eglise et éteignit les cierges.

Mais il devait se ressaisir, car Dieu était avec lui et le protégeait. Le prêtre serra fort les poings et fixa les yeux de Deville avec un regard plein de fausse sympathie tout en lui répondant sur un ton assez calme, quelques tremblements venant trahir se sentiment de sûreté.

- C'est vrai Monsieur Deville, tout bon chrétien doit pardonner ceux qui ont fauté et c'est pour cela que je vous pardonne d'avoir tenu de tels propos. Dieu a le pouvoir de pardonner, même à ceux qui lui tournent le dos.

Si vous n'avez plus rien à me dire, je vais vous raccompagner, vu que vous ne voulez pas rester. Ca été un plaisir de faire votre connaissance.

Certains mots étaient forcés, mais il ne devait pas montrer à ce Deville qu'il pourrait lui marcher sur les pieds comme bon lui semblait, ce démon le faisant assez avec les habitués qui visiblement n'osaient rien dire et il était temps que cela cesse.

- Je ne sais pas si votre frère est perdu, mais il me semble en tout cas embarqué dans une affaire qui dépasse l'entendement. Peut être n'a t il pas même conscience des risques qu'il prend...Je suis bien placée pour savoir qu'il existe certains livres qu'il vaut mieux ne pas ouvrir...Mais bon il n'est peut être pas trop tard...

Cassandre voulait malgré tout se montrer rassurante envers Shimon. Elle tenta un sourire embarassé.

- Nous ne devrions pas perdre trop de temps, et aller voir votre frère chez lui. Il faudrait que vous trouviez un prétexte pour essayer de l'amener à sortir de chez lui, avec son ouvrage idéalement...par exemple que vous êtes venu me voir à la librairie ésotérique où je travaille, l'Escarboucle, et que j'ai déniché pour vous un vieux tome qui pourrait être complémentaire à celui qu'il possède déjà. Une vérification/authentification s'imposerait et nécessiterait que je puisse voir son exemplaire. Comment s'appelle son livre, et de qui est il, si vous le savez, de manière à peaufiner notre approche?

Blaise

Deville grimaça un sourire en direction du prêtre et un curieux sourire fendit son visage

- Rappelez vous que Dieu n'a pas pouvoir sur la totalité du monde : il est de certaines parties qu'il semble avoir oublié...Comme certaines personnes d'ailleurs. Votre prédécesseur ne s'en est pas remis...

Faisant volte face, il fit un signe de tête et les deux lourdaux tournèrent des talons en regardant une dernière fois du coté de Blaise, puis le trio disparut à nouveau dans la nuit...

- Ils ne vous ont pas fait mal ? demanda la vieille femme apeurée, une fois que les trois hommes furent partis...

Cassandre

- Je n'en sais plus rien...C'est le rabbin qui nous avait averti...C'est un livre avec une reliure de cuir pourpre...Il y a un Daat sur lui...Un sephiroth qui représente la Connaissance...C'est ce qu'il m'avait expliqué...

Il se leva d'un seul coup...

- Ecoutez, nous allons aller directement chez lui...Je crois qu'il ne faut plus perdre un instant ! Suivez moi !

Nerveusement, il enfila son manteau et se dirigea vers la sortie, les yeux perdus...

Blaise fit un léger salut courtois, juste avant que Deville s'en aille. Il avait réussi à rester calme tout au long de cette conversation. Ceci n'avait aps été une mince affaire étant donné que le Mal en personne avait pénétré dans la maison de Dieu.

Le prêtre observa les trois individus s'éloigner et se demanda où se trouvait Cassandra. Il fit une petite prière pour la jeune femme afin qu'elle ne tombe aps nez à nez avec ce Deville. De là où il était c'était bien la seule chose qu'il pouvait faire.

Il se tourna ensuite vers la vieille dame et lui répondit avec un large sourire.

- Ne vous en faites pas, tout va bien. Même si cet être abject semble être l'incarnation du Mal ici-même. De toutes manières, nous ne pouvons rien faire pour l'instant, à part terminer le repas, soigner notre malade et aller se reposer. Demain sera un autre jour.

Blaise invita Thérèse a s'asseoir et reprit son repas là où il l'avait laissé et le terminer. Il prit un grand plaisir à manger son plat et félicita la vieille dame. Il alla ensuite prendre un linge et de l'eau chaude pour apaiser la fièvre de l'amie de Cassandra. Il demanda à la vieille femme, si elle pouvait savoir ce qu'elle avait, afin de trouver les ingrédients nécessaires pour la soigner. Une fois cela fait, il alla se coucher, car il commençait à se faire tard et il devait être prêt pour la nouvelle journée.

Blaise mit quelques minutes à s'endormir. En effet, il repensait à sa rencontre avec Deville et se demandait qui pouvait bien être ce type exactement. Après avoir tourné un moment dans son lit, le sommeil l'emporta, mais la nuit fut mouvementée. En effet, il fit un cauchemar terrible où il était poursuivi par des hommes dans une ruelle. Il dévalait les escaliers à toutes jambes, quatre marches par quatre.

Il se retrouva rapidement sur les bords de Seine où il vit le visage d'un homme d'église avant de sentir une force dans son dos qui l'envoya à l'eau. C'est à ce moment qu'il se réveilla tout en sueur, respirant un bon coup après avoir compris qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve. mais celui-ci semblait si réel...

Il observa la pendule qui indiquait trois heures du matin. Cassandre n'était toujours pas rentrée et l'homme d'église espérait qu'elle avait trouvé un endroit sûr pour dormir, la zone semblant très mal fréquentée la nuit.

Il fut sortit de sa torpeur par des bruits de pas provenant d'au dessus de sa chambre. Il observa la zone et vit une trappe fermée par un cadenas. Il devait donc y avoir une clef qui permettait de l'ouvrir. Il se mit donc à la chercher dans toutes la chambre pour la trouver. S'il y avait quelqu'un il espérait bien identifier cet intrus.

Cassandre était tendue...Elle redoutait l'ouverture de la porte, et ce qu'elle y trouverait derrière.

De sous la porte fermée à clef se dégageaient des volutes de fumée, et l'odeur de brûlé laissait supposait qu'un drame avait eu lieu à l'intérieur.

- Enfoncez la porte, il y a le feu à l'intérieur, ou peut être pire!

Cassandre cria dans l'escalier pour alerter la vieille dame qu'ils avaient croisé en rentrant:

- Madame s'il vous plait! Avez vous un double des clefs de la chambre du haut?! Elle est fermée et on dirait qu'il y a le feu!

- Ne le laissez pas approcher de la fenêtre, cria Cassandre au jeune frère, il risque de chuter et de provoquer un appel d'air qui transformerait la piece en fournaise!

Cassandre, une main sur la bouche pour se protéger des émanations de fumée, essayait de repérer un mouvement suspect au travers des flammes...Avait elle rêvée? Avait elle imaginée cette forme évanescente dansant au milieu du brasier?
Dans le doute, elle prit son pistolet en main, et tourna la tête vers le miroir lorsqu'elle remarqua l'étrange silhouette qui semblait s'en extirper...

- Bon sang, mais quelle est donc cette diablerie...murmura t elle pour elle même.

Les cheveux dénoués et le visage éprouvé par la chaleur, Cassandre tenait malgré tout fermement son arme, le miroir en point de mire, prête à faire feu.

Sentant que la Chose commençait à regagner son monde, Cassandre sentit la rage bouillonner dans ses veines :

- Oh non, tu ne t'en tireras pas si facilement, créature des enfers !!

Elle ajusta son tir en plein dans le cœur du miroir, là où elle percevait encore quelques auréoles floues.
Figée un instant dans l'attente des conséquences de son geste, elle reprit vite ses esprits, les flammes la rappelant à l'ordre.
Elle se tourna vers le jeune homme paniqué. Peut-être le tir le ferait-il sortir de sa folie?

- Venez ... heu heu ... avec nous ... heu ... Monsieur, cria-t-elle, mais la toux empèchait sa voix de porter fort.
Cassandre unit ses forces à celles du coloriste pour maîtriser le jeune homme et tenter de le sortir de la pièce. Elle se tenait prête à assommer celui-ci avec la crosse de son arme encore fumante s'il se montrait violent ou menaçait de sauter par la fenêtre.