Scenario IX: L'oeil du chat [Oj, Damien, Lexie]

Instinctivement, les deux compagnons d'infortune s'etaient immobilise a la decouverte de la creature les guetant d'un air affame. La bete ne les ayant pas encore attaque, il vallait mieux ne pas provoquer son instinct avec un eventuel geste brusque vers son revolver. Si l'animal se mettait a les charger, il serait plus difficile de lmabatre.

D'un geste lent et souple, Fields passe donc sa main droite sous le pan gauche de sa veste et la referme sur la crosse du colt single action army.

- Cecilia... Pas de cris, pas de geste brusque...

Extirpant toujours aussi lentement l'arme de sa veste, l'ex lieutenant garde cette derniere pointee vers le haut. Se servant de son pouce pour armer delicatement le chien et le mecanisme parfaitement huile, il ne perd pas des yeux une seconde la bete.

- Je vais tenter de l'effrayer.

Pressant la detente, il espere que la detonation suffira....

L'immobilité qui suivit mit en valeur le bruit du coeur des humains qui battait.

- Let's get going, souffla Lexie dans un anglais plutôt bon qui surprit l'Américain de par son accent qui ne ressemblait plus à son précédent essai dans cette langue.

Elle n'attendit pas sa réponse pour se remettre en marche, silencieuse jusque dans ses pas, longeant la rivière.

- De combien de munitions disposez-vous, comme ça? Ça risque malheureusement d'être bien utile.

- Agreed...

Tandis qu'il se mettait lui aussi en marche en longeant la riviere, conscient que courir risquait de redonner confiance a l'annimal qui ne manquerait alors pas de revenir pour un second round de concours de decibel.

L'accent qu'avait prit Lexie pour l'inviter a la suivre n'avait rien a voir avec celui qu'elle avait eu plus tot. Elle cachait quelquechose c'etait certain et l'americain essayerait assurement d'en decouvrir la nature. Cependant la, maintenant, ils avaient un autre chat a fouetter et les questions attendraient un abris.

Lorsque la question sur les munitions vint, il se voulu rassurant.

- Une cinquantaine de coups...

En reaite la boite de 50 balles .45 colt etait deja a moitier vide a causes des dernieres peripeties et de quelques exercices qu'il s'etait impose en mer. Il lui restait son secondcolt charge et son sabre de caalerie au besoin.

*Qu'est-ce que c'est que cette langue? C'est impossible que nous soyons sortis du territoire français! Enfin... je pense...!*

Lexie s'arrêta. Des gitans, peut-être. Les caravanes collaient au tableau. Malgré le bon feu qui ne ferait pas de tort à son corps transi de froid depuis la baignade improvisée sous la supervision des volatiles noirs, elle n'avait pas trop envie de s'arrêter là.

*Ça manque cruellement de civilisation, tout ça.*

- Qu'en dites-vous? On s'arrête? souffla-t-elle à Zack en serrant l'amulette dans sa main, au fond de sa poche, d'un ton qui ne signifiait pas qu'elle désirait faire de tel.

Le problème avec les gens d'une culture différente, et ça Zack l'avait expérimenté avec les amérindiens, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'approche totalement à l'abris d'un faux pas diplomatique. Tout ce qu'on fait peut nous faire tuer, incluant rien du tout...

Il n'avait pas pensé à remplacer la balle qu'il avait tiré avec son revolver mais de toute façon, s'ils se mettaient dans une situation où il devait tirer plus de cinq coups, les éventuels coup subséquents n'apporteraient probablement pas grand chose au probleme.

Quitte donc à commettre des impairs, autant les commettre rapidement et ne pas perdre en plus du temps.

- Je crois que nous n'avons pas vraiment le choix... Allons nous présenter, ils pourront, au minimum, nous orienter...

Vérifiant donc que son revolver n'est pas visible sous a veste, l'américain s'avance vers les roulotes, sa valise tenue par les trois doigts de sa main gauche. Arrivé à la hauteur d'une, il frappe à la porte et attend, se tenant éloigné et désaxé par rapport à l'ouverture.

[Lexie suit en ronchonnant.]

Lorsque les coups de l'américain cognèrent sur la porte de bois, la cognée de la hache s'arrêta, et un homme barbu et athlétique au teint mat s'approcha d'eux, son outil à la main, tandis que le bruit de conversation se tût.
La roulotte derrière l'américain s'ouvrit, libérant deux hommes bruns et moustachus, à l'air peu commode, transperçant les deux visiteurs du regard...

- Ola, Gadjo...Qu'est ce que vous nous voulez ? répondit le bûcheron avec un air méfiant...

Lexie ne connaissait pas bien les gitans. Mais elle se doutait bien que les vexer était une mauvaise idée. Pire, une très mauvaise idée. Ne voulant pas être la responsable d'un futur malheur, elle laissa le soin à Zack de répondre à la question du grand baraqué.
Histoire de pouvoir lui mettre quelque chose sur le dos, advenant le cas où ils s'en sortiraient vivants.
Ce qui, dans la présente spirale de malheurs, tendait de plus en plus vers l'improbable.

[Lexie laisse donc Zack répondre.]

/ Un... Deux,trois... Une hache. Sans compter ceux à l'intérieur. C'est beaucoup... Cinq coups à la hanche et six dans la valise plus le sabre.../

Instinctivement, l'américain avait jaugé les forces en face au cas où elle passeraient subitement du neutre à l'hostile. Il espérait néanmoins vivement que cela n'arriverait pas. Quelque chose lui disait aussi qu'il ne valait mieux pas parler de l'animal sauvage qui les avait approché quelques minutes plus tot.

- Bonjour à vous... Nous sommes deux voyageurs perdus. Nous faisions route vers Foix mais notre cheval nous a été dérobé...

Mieux vallait passer pour la pauvre victime démunie qu'autre chose.

Le visage du bûcheron se détendit et il approcha des deux voyageurs, la hache pendant pacifiquement le long de sa jambe.

- Restez ici quelque temps alors...Il va pleuvoir encore et la forêt n'est pas...tranquille.

Il avait prit quelque temps à prononcer le dernier mot et avait créer une tension parmi les autres gitans...
D'une des roulottes, sortit un vieil homme à la barbe sale, le visage buriné et les traits taillés à la serpe, qui regarda leur interlocuteur d'un air sévère. Il lui lança une question dans une langue qu'aucun des deux voyageurs ne put comprendre

- Ce n'est rien, Pepo...Des Gadjos qui se sont perdus...

Le regard sévère, qui laissa apparaître une cataracte, balaya les deux visiteurs et se détendit...

- Si vous n'êtes pas du village...Vous êtes les bienvenus... fit le vieil homme d'un air neutre. Rentrez, rentrez...[i] fit-il en regardant d'un air inquiet vers la forêt...

Répondant à l'invitation du gîtant par un léger sourire honnête, l'américain s'approche de la porte de la roulotte, s'effaçant juste devant cette dernière pour céder le passage à Lexie et entrer directement sa suite. L'homme semblait inquiêt à propos de la foret elle même et il était quasi certain que la bête de tout à l'heure y était pour quelque chose.

Silencieux tant qu'on ne lui adresse pas la parole, l'ex premier lieutenant savait qu'au contact avec des cultures différentes de la sienne on apprenait souvent beaucoup plus en écoutant qu'en parlant.

Le vieil homme rentra dans la large roulotte et demanda d'un air sévère aux deux femmes qui l'occupaient de sortir...
Il alluma une lampe à huile crasseuse qu'il posa sur ce qui ressemblait à un petit guéridon et invita ses hôtes à prendre place sur de confortables sièges aux couleurs criardes...
Gardant longuement le silence, il fixa tour à tour Lexie puis Zack et ne s'adressa qu'à l'homme, le fixant dans les yeux

- Vous avez vu la Bête....Je sais quand les gens l'ont vu...Ca m'est arrivé une fois et on ne l'oublie pas...
Les gens du village ont ce qu'ils méritent, c'est le bon dieu qui leur a envoyé, pour sûr, pour les crimes qu'ils ont commis...
Vous feriez mieux de faire comme nous. Partir d'ici...

Vexée parce qu'il ne s'était adressé qu'à Zack, Lexie croisa les bras, détourna le regard en faisant la moue.

Non mais...
Pour qui la prenait-il, c't'enfouaré de gitan!

*Partir! Merci, monsieur, on n'y aurait jamais songé tous seuls, c'était brillant comme idée. Whouaou, j'en tombe de ma chaise* pensa Lexie de mauvaise foi.

Elle continua à bouder en écoutant Zack répondre.

Zack remarqua du coin de l'oeil le changement de moue de la jeune femme et put aisément en déduire qu'elle n'appréciait pas spécialement le comportement du gitan. Il avait appris, avec les amérindiens, à faire abstraction de ce genre de comportement pouvant parfois être choquants mais n'étant la plupart du temps rien de plus que la manifestation d'un gouffre culturel entre deux personnes.

- Nous faisions route vers Foix car nous avons des choses à régler là bas mais il nous faut dans un premier temps sortir de cette forêt. Quand partez vous?

- Partir ? fit le vieil homme avec un air perplexe... Nous ne sommes pas partis d'ici depuis une dizaine d'années au moins...Nous gagnons correctement de quoi vivre avec nos travaux de bûcheronnage..Cela fait longtemps que nous tournons dans la région...Ceci dit, si vous désirez ne pas rester ici, nous pourrions vous emmener à Foix si vous le désirez...

Lexie s'emporta, oubliant son mutisme:

- Non mais c'est quoi c't'histoire! Vous nous dites que vous partez et ensuite, hop, vous partez plus? , explosa-t-elle.

Parlant moins fort:

- Mais c'est pas sérieux, je rêve, perdus en pleine forêt avec des gens qui savent même pas c'qui veulent ET comme si c'était pas assez il faut qu'une grosse bête nous coure après, là, y'en a marre, ronchonna-t-elle.

*N'importe qui de sain d'esprit ne voudrait pas rester dans les bois avec une menace comme ça. Alors soit c'est eux qui ont planqués des breloques un peu partout et qui espèrent que ça tiennent le truc éloigné, soit c'est eux qui l'ont invoqué, la saleté de monstre, et qu'ils savent très bien qu'ils n'ont pas à avoir peur d'elle. Ho! Lexie, mais sors-toi de ce pétrin le plus vite possible, tu commences à penser n'importe quoi.*