Le relais des fosses [Scenario III]

Rue des Martyr

Philipe descendit et paya le fiacre...L'appartement de Jean se trouvait au dernier etage d'une ancienne maison bourgeoise...

- C'est ici, fit il avant de gravir le grand escalier de bois...

En penetrant dans l'appartement, Coraline eu une desagreable impression...Une impression qu'elle connaissait...Une impression qui n'avait rien de terrestre..
Le parquet cire grinca sous le pas des deux visiteurs alors qu'ils se dirigeaient vers la porte entrouverte de la chambre, seule piece eclairee par la faible flamme dansante d'une lampe a petrole...

Jean ete etendu sur son lit,seul, immobile...Des vetements etaient jete pele mele sur le sol et la fenetre qui donnait sur la rue claquait, regulierement, laissant passer le vent froid et humide de la nuit parisienne

Nouveau tour

D'un geste, Coraline retint Philipe sur le pas de la porte. Puis elle s'avança prudemment vers Jean tout en surveillant du coin de l'oeuil la fenêtre ouverte.

Que s'était-il passé ici ? Elle ressentait... Elle n'aurait su le définir précisément - mais elle croyait sentir s'enrouler autour de son corps le fantôme de vieux cauchemars... Celui qui avait usé ses pouvoirs ici était puissants pour que leurs échos soient si profondément enfonçés dans la réalité...

Elle n'avait guère envie de rester longtemps en ce lieu, de peur que de vieilles ennemies ne l'y trouvent, mais la curiosité était plus forte que tout.

Elle s'approcha de Jean, se demandant s'il respirait encore...

Les paroles d'Armille sonnaient le trépas de Lucien au cercle des libertins...
Elle le traitait comme un chiot. Il était désormais inutile de s'excuser. Ceux à qui arrivaient ce genre de situation mettaient des années à retrouver un statut convenable.
S'il décidait de revenir, Lucien allait devenir l'objet de railleries et d'humiliation sans fins.

Elle l'avait rejettée, s'était moquée de lui à plusieurs reprises.
Tant pis.
Elle l'agaçait après tout.
Depuis leur première rencontre en fait...

<<Deux choses Madame.
La première : je suis effectivement un artiste, mais pas un homme de goût, sinon jamais je ne vous aurais fréquenté de toute ma vie...
La seconde : si Jacques veux revoir Coraline dites lui qu'il devra mendier sa présence... par vos excuses.

N'ayez peur du vide, vous qui n'êtes rien ici
Pleurez ces âmes bigottes qui craignaient l'ire divine.
Il vous a fallu écorcher tant d'ennemis,
Comprenez vous que Dieu ne vous fasse plus signe ?>>


Il se mit à sourire.
Les ennemis rendent la vie plus courte, mais ô combien appréciable.

Jean quitte prestement la pièce.

Coraline décida d'attendre un peu avant de se mettre en colère.

Avant tout, il lui fallait éloigner Philipe...

- Philipe, Jean va bien mais je m'inquiète tout de même... Pourriez-vous allez chercher un médecin ?

Si Philipe s'en va, elle examinera le corps de Jean sous toutes les coutures en quête d'une marque particulière.

- Un médecin pour une nuit de plaisir et une cuite ? Tss.. fit Philipe en secouant la tête...Je vais surtout lui faire chauffer une tisane oui, pour éviter q'il ait la gueule de bois demain...

Philipe parti en direction de la cuisine et remit du feu dans le poele...
L'inspection de Coraline donna lieu à de curieuse découverte : Jean portait un grand nombre de petites blessures, des griffures à n'en pas douter et ses poignets gardait les marques de lien...
Son cou portait d'étranges marques, très fines, deux petites boursouflures rouges...

Coraline laissa échapper dans son esprit les flots tumultueux de la colère... Mais, contrairement à ce qu'elle aurait pu penser quelques minutes auparavant, elle n'était pas dirigée contre Jean...

Avec une douceur maternelle, elle intalla Jean confortablement dans les draps et lui mit dessus toutes les couvertures qu'elle put trouver dans l'appartement, sous les yeux étonnés de Philipe, et alla fermer la fenêtre tandis que ces pensées bouillonaient...

Ce Jean, une proie trop facile... "Jacques, je vous pensais plus ambitieux dans vos choix" pensa-t-elle.

Les deux boursouflures venaient de catégoriser Jacques et ses horribles succubes dans la catégorie des vampires... Le puzzle qui, quelques instants plus tôt, refusait de s'assembler dans son esprit venait soudain de prendre corps. Son charme, son instinct du plaisir, sa connaissance du monde de la nuit, son installation soudaine, cette Mme d'Armille devenue son joli pantin, même la présence des magyars... Comment n'y avait-elle pas songé plus tôt ? C'était pourtant évident...

Elle recensa mentalement toutes les histoires qu'elle avait pu entendre au sujet des vampires... Pieu dans le coeur, eau bénite, ail... mais est-ce cela serait vraiment efficace ? Elle en doutait. De plus, il n'était pas sûr que ce soit les véritables armes. Dans sa contrée d'origine, il y avait huit sortes de vampires recensées !

Et il semblait si puissant ! Il lui faudrait des alliés... Des alliés qui pourrait atténuer ces pouvoirs en ne croyant pas en lui... Car ses propres armes seraient inutiles face à lui... Et, de toutes manières, trop dangereuses à utiliser sur ce plan. Elle frissona en imaginant l'autre éventualité... Elle préférait ne pas même y penser.

Elle eût un instant la pensée de fuir la situation. Après tout, il n'avait rien tenté contre elle directement... Mais elle se sentait relié à Jean de par l'amour qu'il avait pour elle. Elle se sentait si bien à ses côtés ! Il était si pur... Elle était peinée qu'il soit devenu leur victime...

Elle caressa tendrement les cheveux du jeune homme endormi... Je te vengerais, pensat-t-elle. Compte sur moi...

Elle se tourna vers Philipe et lui dit :

- Pourrais-tu veiller sur lui quelques heures ? Je dois absolument rentrer chez moi quelques heures mais je suis si inquiète... Je viendrai te relayer le plus tôt possible. Je sais que cette attention peut te paraître excessive... Je dois te paraître ridicule...

Elle dit cela avec un sourire contrit et en posant sa main sur la sienne, sachant que ce contact vaudrait tous les arguments du monde...

Appartement de Jean

Philippe haussa les épaules...Il n'avait rien d'autre à faire ce soir...

- Très bien, mais je crois que tu te fais du souci pour rien... Il a juste passé une nuit arrosée, c'est tout...

Il laissa la jeune femme repartir et ouvrit un livre en s'asseyant sur un divan du salon...

Club du Relais des Fosses

Luna avait aperçu Lucien en quête d'information dans le club apparement en vain...Lorsqu'elle quitta l'endroit, se fut pour se retrouver fort désapointée de ne point avoir sur elle de quoi allumer sa cigarette....
Une flammèche crépita dans la nuit et vint se poser près du visage de la jeune femme...
L'homme qui tenait l'allumette lui sourit

- Depuis quand les jolies jeunes femmes se mettent à fumer le tabac ? fit il moqueur...

Nouveau tour

Lucien entrevit Luna...

Le suivait-elle ?

En tout cas, elle avait délaissé d'Armille.
Il ne devait pas être le seul à la trouver totalement insipide.

Les libertins ne menaçaient pas les fauteurs de troubles. La honte que leurs moeurs soient dévoilés en public ou à leurs proches suffisaient à les contrôller. Mais Lucien n'avait aucune attache... Il changeait régulièrement d'employeurs et touchaient sa petite "rente d'héritage" tous les deux mois.

D'Armille le savait. Peut-être allait-elle changer de méthode pour l'atteindre. Peut-être même demanderait-elle au mystérieux Jacques d'intervenir.

Tout ça lui plaisait, mais le sort de Jean l'inquiétait toujours.

Lucien sort prendre un fiacre pour aller chez Jean.

Elle se leva et déposa un délicat baiser sur les lèvres pâles de Jean. Puis elle se tourna vers Philipe aui avait détourné le regard de cet aveu de tendresse :

Je te le confie... Surtout, n'ouvre la fenêtre sous aucun prétexte. Je pense être bientôt revenue...

Elle déposa un baiser sur la joue du jeune homme et quitta l'appartement, lumière parmi les ombres de la nuit. Elle sentit son coeur se serrer. Elle frissona en imaginant qu'ils avaient sans doute arrêté les deux horreurs en plein travail et qu'elles auraient peut-être envie de finir leur ignoble besogne... Mais ce qu'elle avait à faire ne pouvait attendre l'aube.

Elle n'eût aucun mal à arrêter un fiacre. Il lui fallut un peu moins d'un quart d'heure pour arriver à l'endroit discret qu'elle connaissait si bien. Elle donna au cocher une importante somme d'argent en lui recommandant bien de revenir vingt minutes plus tard au même endroit. S'il fut surpris du caprice de la belle, il n'en montra rien et empocha l'argent avec un flegme admirable.

Elle le regarda partir et se retourna enfin vers la Seine, un large sourire étirant ses lèvres vermeilles. Elle s'approcha et ota les lunettes pour mieux admirer le fleuve royal de magnificence. Elle sourit à la lune tremblotante, regarda avec tendresse l'ombre d'un poisson... Ce spectacle lui donnait l'envie d'un autre, plus grandiose, fait de vagues et d'écumes. Elle le pouvait... mais elle n'osait. Elle caressa de la paume de la main la surface plane et l'eau frémit à son contact. Elle se releva et se déshabilla lentement. Ce moment durait si peu qu'elle le prolongeait toujours par ces préliminaires platoniques. Elle sentit la brise parcourir son corps d'albâtre et elle frissonna d'aise. Elle se décoiffa avec lenteur puis, d'un mouvement brusque de la tête, elle fit se dérouler les cheveux sur son corps dont ils recouvrirent les parties les plus intimes. Ils étaient si doux, si lumineux, que la lune en palit de colère et d'amour...

Puis elle s'élança... L'eau l'accueillit sans éclaboussure tandis que Coraline savourait le contact de l'eau sur la moindre parcelle de sa peau. Les ondes la caressait et son corps répondait à ce signe de bienvenue par de délicieux frissons. Elle se mit à rire et contempla toutes les nuances vertes de la Seine. Ces quelques minutes étaient son plus grand bonheur, sa joie la plus éclatante. Elle resta quelques minutes ainsi, à admirer le reflet des lumières, à jouer avec les courants... L'élémant était son amant le plus tendre, le plus fidèle, le plus aimé... Puis elle revint à la surface dans un bond éclatant et les perles d'eau scintillaient sur son visage et ses épaules, diamants tendres et éphémères.

Elle sentit alors la réalité frissoner et s'entrouvrir. Coraline se concentra et écarta ses bras pour mieux recevoir l'énergie qui affluait, généreuse et douloureuse. Elle la sentait s'enrouler autour de ses jambes, de ses bras, de son coeur...

Elle murmura alors ce qui l'aidait à résister à l'appel des sinistres profondeurs...

Les ombres s'enroulent autour de mes bras
Comme deux serpents affectueux et tendres
La nuit assourdissante crie son angoisse
Mais je reste saine et vierge de peurs

La lune aux lueurs blafardes aux yeux hagards
M'étouffe tel un sinistre voile de mort
Et le froid de la terre s'aggrippe à mes jambes
Mais je reste droite et fière sans frisson

Que vienne les démons de la nuit je suis prête
Que le froid m'assaille j'appelerai le vent du sud
Que les ombres m'encerclent je ferai du feu
Que la mort me guette je serai la vie

Cependant, l'énergie l'éffleurait, entrait dans elle et elle ne put s'empêcher de gémir de douleur et de joie...

Mais déjà la réalité frissonait de nouveau – il lui fallut faire vite. Elle appela les ondes à l'aide et celles-ci la portèrent presque jusqu'à la berge où elle se redressa, ruisselante et resplandissante, telle Vénus sortant des eaux...

Déjà, les portes s'étaient refermées...

Elle sourit et laissa la moindre goutte d'eau la pénétrer – dernier contact grisant. La brise fraîche parcourait son coeur, mordait sa chair... Sèche, elle commença à se rabhiller. Elle contempla son reflet dans l'eau et se demanda comment elle pouvait parfois haïr sa beauté si digne d'adoration. Exultante, elle ne put s'empêcher de lancer un défi à Jacques :

Tu peux venir, sinistre créature, je n'ai plus peur de toi ! Touche encore à un seul cheveu de Jean et je te jure que tu n'auras pas assez de ta mort pour oublier ce que je t'infligerai...

Elle était sûre que, où qu'il soit, il l'entendait et bouillonait de rage – ou souriait d'amusement, elle n'en avait cure.

Déjà le fiacre revenait... Elle s'empressa de remettre ses lunettes...

- Rue des martyrs, vite !

Dans le fiacre, elle sortit son peigne d'ivoire et démêla ses longs cheveux et chantant une douce mélopée... Puis elle le rangea dans la poche qu'elle s'était cousue dans un de ses jupons et se recoiffa rapidement.

Coraline parut à Lucien plus éclatante encore qu'au moment où ils s'étaient quitté dans le boudoir ottoman.

- Et bien , dit-elle en riant de son rire de clochettes, nous sommes destinés à nous bousculer souvent...

Sa joie et son assurance éclataient sur son visage.

- Vous vous inquiétez pour Jean ? Montons donc le voir...

Le jeune homme coiffé d'un haut de forme avait les traits délicats et le visage d'un ange...Il ota son chapeau et se présenta...

- Je m'appelle Gauthier Salignac, je suis inspecteur de police...
Je vois à votre mine que vous en êtes déjà déçue..
N'ayez crainte, ce n'est pas à vous que je m'interesse, mais à un individu particulier : Jacques Volpino...Ce nom vous dit peut être quelque chose ?

Nouveau Tour

- Dommage, fit l'homme en éteignant l'allumette vraiment dommage...Au plaisir mademoiselle...Peut être nous reverrons nous au détour d'une rue...

L'homme s'éloigna ensuite pour regagner le Boulevard St Germain

Lucien équarquilla les yeux...

<<Que faites vous ici ?>>

Coraline semblait comme ressourcée de toutes ses forces vives.
Elle iradiait une sorte d'énergie indéfinissable.
En plein possession de ses moyens, rien ne semblait pouvoir l'atteindre ou la briser.


Elle semblait familière avec les lieux. Peut-être l'attendait-elle.
En tout cas, elle semblait en savoir plus que lui.

Il décida de jouer cartes sur table.

<<J'ignore qui vous êtes ou ce que vous pouvez faire Mademoiselle.
Pour cette raison, je ne peux encore vous faire totalement confiance.
Je sais néanmoins que Jean n'aurait rien eu à craindre vous, si ce n'est d'avoir le coeur brisé...

Cependant, je n'en dirais pas autant des deux femmes qui l'accompagnaient naguère.

Si Jean vous importe autant que moi, soyons alliés le temps de l'aider.

Et si votre nature est par... nature.... peu "naturelle", n'ayez crainte. Je ne suis pas un grand occultiste, mais j'ai été confrontés à nombre de mystères durant mon adolescence...>>

Abord de Cluny, quartier latin

La forme, pliée en deux , haletait et s'enfonçait dans les petits bosquets, comme si elle boitait...
Quelques secondes plus tard un bruit violent retentit suivit d'un bruit de chute...
Un cri féminin perça la nuit....

Rue des martyr, devant l'appartement de Jean

De la fenêtre menant sur la chambre de Jean, un hurlement retentit...
Jean criait et demandait de l'aide...

Coraline semblait surprise des propos tenus par Lucien et cherchait péniblement ses mots quand le cri de Jean retentit.
Elle sentit les petits cheveux de sa nuque se dresser d'horreur et, sans prendre la peine de réfléchir à quoi que ce soit, elle monta les escaliers trois par trois en courant, volant presque.

Un cri féminin perça la nuit....

Balbu qui se trouvait aux alentours de Cluny ne put qu'entendre ce cri.

C'est certain, Paris n'est pas une ville très sûre! Mais Sait-on jamais, peut-être est-ce ce que je suis venu chercher. Je dois y aller.

Balbu se déplace aussi vite qu'il le peut vers le cri entendu, c'est-à-dire en marchant d'un pas presque rapide. Sa jambe gauche l'empêchait de courir, heureusement qu'il avait sa canne pour s'appuyer.

Satané boitillement! Je peux pas aller plus vite, et il est hors de question d'arriver trop tard, si c'est l'affaire que je suis, je peux pas laisser passer des indices. Allez dépêche-toi mon grand...