Le relais des fosses [Scenario III]

Coraline arrêta net sa course, surprise.

Plutôt que de rentrer, elle préféra écouter ce qui se disait à la porte...

Elle n'entrerait que lorsque Lucien la rejoindrait sur le palier, comme si elle l'attendait seulement alors qu'elle faisait bien autre chose...

Balbu arriva enfin à l'endroit d'où venait le cri.
Ce qu'il vit là ressemblait visiblement à une agression, mais avec une sensation de surnaturelle. Il était impossible que Balbu laisse cette jeune femme en proie à cet homme, si ça en était un!

Sa main se resserra sur sur canne, c'était sans doute la seule arme dont il disposait pour dégager cette femme de cette étreinte qu'elle essayait de repousser de toutes évidences.

S'approchant de ce "couple", Balbu prit sa canne de ses deux mains et asséna un coup puissant (en tout cas, il y avait toute sa force) sur l'homme pour le faire lâcher prise.

Malgré le poids léger de la femme, Balbu chancela tout de même sous l'impact. D'une main ferme, il saisit le poignet de la victime, et essayai de l'entraîner aussi loin que possible du monstre, malgré sa faible vitesse de pointe. Il boitillait aussi vite que possible en se retournant quasiment à chaque pas pour protéger la femme d'une éventuelle attaque du monstre.

Si cet homme est bien celui que je pourchasse, il vaut mieux filer pour l'instant, il est trop puissant pour être affronter de nuit. Et puis comment m'y attaquer alors que cette femme est dans le chemin...Je déteste fuir, mais je ne serai utile à personne une fois mort.

Balbu sembla marmonner quelques phrases mais à peine audibles, cela ressemblait à quelques prières et autres bénédictions. Il avait si concentré qu'il était difficile de croire que c'était la première fois que s'il retrouvait confronté au Mal en personne.

Non, ainsi ce n'était pas possible, ils n'allaient pas pouvoir fuir, il était trop lent avec son handicap. Et puis il n'avait pas ressenti pas force extraordinaire émanant de l'individu.
Balbu s'était décidé.

Il lâcha la main de la jeune femme et se retourna vers le monstre. Le visage de Balbu affichait une détermination inflexible.

Oui, c'est la seule chose à faire, même si c'était une victime de base, maintenant c'est un prédateur. Je dois m'en occuper. tu ne peux que gagner ce combat, tu es l'Arme du bien. Je lui suis grandement supérieur. Il n'a aucune chance

Bien sûr, Balbu n'était aussi sûr de l'issu du combat, c'est pour ça qu'il essayait de se convaincre du contraire.

Il n'était pas très éloigné du vampire. A peine quelques pas les séparaient. Balbu avançait tout en mettant la main sur un objet dans son manteau.
Arrivé au contact, Balbu sortit une croix bénite qu'il essaya d'appliquer sans ménagement sur le front du vampire tout en récitant:

-Seigneur, ce n'est plus un homme, mais reprend-le auprès de toi. c'est avant tout une victime, et donc fais descendre sur lui ta miséricorde et ton pardon. Bénis-le par l'intermédiaire de ton bras exterminateur. Sauve l'homme. Détruis le Mal. Sauve l'homme. Détruis le Mal. Sauve l'homme. Détruis le Mal. Sauve l'homme. Détruis le Mal. (Balbu répetait ce dernier passage inlassablement de plus en plus fort augmentant sa détermination et son emprise sur le vampire)

Bien qu'épuisé, Balbu ramassa l'étrange pendentif, le mit dans son manteau, et se releva en s'aidant de sa canne. Il n'avait encore tout-à-fait terminé, il devait encore secourir la femme qui venait de s'effondrer sur le sol.
Bien qu'elle fut proche de lui, le déplacement jusqu'à elle lui sembla durer une éternité.
Arrivé au côté de la jeune femme, Balbu s'agenouilla à ses côtés.
Une si jolie femme...Que la mort emporte ces créatures! Elle a dû subir un choc énorme, c'est normal qu'elle se soit évanouie, personne ne devrait avoir à vivre cela. C'est pour ça que je suis là, pour empêcher le Mal de se propager.

Aussi calme qu'il put, Balbu prit la main de la jeune femme et lui tapota légèrement en accompagnant le geste de la parole:
-Mademoiselle, réveillez-vous. C'en est fini. Vous voilà libérée.

Reposant la main de la jeune demoiselle, Balbu ressortit sa croix et bénis la demoiselle. Faire cette bénédiction lui semblait, en fait, être une sorte de guérison.
Une fois la bénédiction donnée, Balbu rangea sa croix et reprit la main de la demoiselle en lui reparlant à nouveau:
-Mademoiselle, vous n'avez plus rien à craindre.

Rue des Martyr

Coraline poussa la porte, mais ce fut pour trouver Philipe calmant petit à petit Philipe, qui s'agitait continuellement sur le lit...
Il venait de faire un mauvais rêve et était pâle de frayeur...
En outre son cou lui faisait extremement mal.

Philipe lui prépara immédiatement une tisane pui sourit à COraline...[/i]

- De retour ?

Lucien entra à son tour.

Il n'avait pas bondit imméditament à la suite de Coraline, prenant le temps de sortir son couteau et montant les escaliers sans précipitation.

Il fit un léger salut à Phillipe et - sans mot dire - pris place sur le lit de Jean, lui palpa le front, puis lui tourna le visage en essayant de déceler quelques traces d'agression.

<<Te souviens tu de quelque chose Jean ?>>

Lucien tient toujours sa lame dans la main gauche (mais pas de façon agressive) et examine attentivement Jean.

Lucien et en sueur, et son visage à les traits tirés de celui qui vient de vivre une frayeur intense...
Il articule péniblement quelques phrases...

- Ha ! Quel cauchemar sordide ! Je courrais seul et nu dans une forêt noire et terrifiante...Quelque chose me poursuivait, quelque chose d'obscur...
La chose riait, riait et moi je continuais à courir...
Soudain je tombais face à une maison, dont la porte portait un curieux signe , une sorte de Y retourné avec un trait de trop...
J'ouvre la porte et là, je vois Volpino, les yeux brûlants de colère, penché sur quelque chose, un corps peut être...Il m'empoigne et je me reveille....

Lucien remarques les bousouflures au niveau du cou de Jean...Elles semblent gonflées et douloureuses...

Coraline répondit au sourire de Philipe amicalement.

- Oui... Notre petit Jean fait des cauchemars ? Après une nuit mouvementée, cela se comprend... Quelle genre de maison était-ce ? Te rappelles-tu ? Et le signe, pourrais-tu me le dessiner je te prie ?

Surtout, avoir le plus de détails possibles mais sans l'alerter. Même si pour cela il fallait renoncer à sa fierté et sa jalousie. Il fallait qu'il ne soupçonne en rien le danger qu'il courait.

- Le fait d'en parler devrait t'aider à mieux l'oublier... Ainsi, tu pourras t'endormir tranquillement.

En même temps, elle observait attentivement Jean, veillant à tout signe pouvant annoncer sa transformation.

Balbu fut surpris de la réaction de la jeune femme, mais après tout il était bien légitime qu'elle ait besoin de réconfort. C'est avec une grande délicatesse qu'il passa un bras autour de la jeune femme, l'autre lui servant à tenir sa canne.

-Du calme, mademoiselle... Il n'est plus là, il ne vous fera plus de mal. La voix de Balbu était extrêmement calme, elle avait la même intonation que lorsque l'on cherche à rassurer un enfant.

-Je répondrai à toutes vos questions, mais pour l'heure, il serait plus sage de vous reposer. Je n'habite pas très loin, aussi je me permets de vous ramener chez moi, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Vous pourrez vous reposer et me poser toutes les questions que vous désirerez. Sa voix se voulait douce et encourageante envers la jeune femme.

La demoiselle sembla tellement choquée par les évenements que Balbu n'attendit pas forcément une réponse. A peine eut-il fini de parler que de de son bras droit il se servit comme appui pour la femme, pendant que son bras gauche maniat la canne.

Et c'est ainsi que Balbu et la jeune femme se dirigèrent vers la sortie du parc afin de trouver une calèche pour rentrer chez Balbu.

Sans demander son avis à Jean, Coraline se prépara à passer la nuit dans son salon. Elle voulait être sûre qu'il ne lui arrive rien de malheureux avant le lever du jour où elle pourrait aller à la bibliothèque faire des recherches...

Avant qu'il parte, elle demanda à Philipe où elle pourrait le contacter.

Cela faisait quelques heures qu'ils étaient arrivés à destination.
L'appartement de l'homme était meublé sobrement et d'apparence luxueuse mais de bon goût.
La pièce principale avait cette particularité de voir ses murs intégralement recouverts de rayonnages croulant sous les livres... Des milliers de livres...

Un fauteuil de schintz ainsi qu'un canapé assorti invitaient à la méditation.
L'homme avait allongé Luna sur le canapé et l'avait couverte d'un boutis de laine mérinos.

Sur la table trônait un drôle d'objet.. Une sorte de scupture sur laquelle était gravé un oeil...

Luna s'était endormie... Elle était fébrile et son sommeil agité... Elle laissait échapper quelques bribes presques inaudibles.

Faim... faim... soif... si soif .... Mon maître, libérez moi...

Le visage d'un ange.. Un ange... Une allumette qui s'éteint....

Elle se réveilla en sursaut.
...

Balbu resta tout du long auprès de la femme. Il surveillait son sommeil, il était là pour elle, pour la protéger. Sans savoir pourquoi, il s'était attaché à cette femme, il avait l'obligation de devoir l'aider, une obligation morale.

Je ne peux la sauver pour ensuite la laisser mourir, elle est sous ma responsabilité. Je dois l'aider.

Il veillait patiemment la demoiselle tout en priant pour elle, l'amélioration de sa santé, ainsi qu'une guérison entière due à sa morsure.
Tout en priant, il fixait sa sculpture posée la table, il semblait y trouver un certain réconfort, ainsi qu'une revivification de son esprit. Tout le temps que dura sa veille, il ne se sentait aucunement fatigué, il était bien trop concentré sur la situation ainsi que sur la santé de la femme que pour ressentir de la fatigue.

Cela faisait à peine quelques courtes heures que Balbu veillait la jeune femme lorsque celle-ci se réveilla en sursaut, elle se redressa d'un seul coup. Elle semblait quelque peu agitée. Balbu fut surpris, mais s'enquit aussitôt de la santé de la jeune femme.

-Mademoiselle, je n'ai pas quitté votre chevet. Ici, vous êtres à l'abri, rassurez-vous, je veille sur vous. Balbu se voulait rassurant et cherchait à calmer la jeune femme. Que se passe-t-il? Avez-vous fait un cauchemar?